Alexis Forestier, artiste aux mille casquettes qui dirige sa petite troupe d’Endimanchés depuis vingt ans maintenant, ne choisit jamais ses textes au hasard. S’il a déjà monté Büchner, Kafka, Dante ou Gertrude Stein, c’est qu’il sentait que sa sensibilité artistique de metteur en scène, musicien, scénographe et comédien pouvait s’y faire une place.
Son dévolu s’est jeté cette fois sur le poète américain EE Cummings, dont les textes sont exploités avec toutes les ressources dont dispose la compagnie : mise en espace, mise en musique, mise en mots, dits en anglais ou traduits en français. Le spectacle est construit comme une succession de plans-séquences qui abordent chacun un thème particulier : la mort avec la guerre comme toile de fond, le tumulte de la ville (New York évidemment), l’enfance, l’érotisme… Une suite de tableaux vivants, animés, musicaux.
La langue du poète apparaît alors sur scène comme sur le papier, dans toute sa complexité, sa richesse, sa multiplicité, son inventivité. De la juxtaposition d’images et de sons se dessine petit à petit la vie, ce grand mystère des mystères. Laissez-vous embarquer dans tous ces univers, ouvrez les yeux, ouvrez les oreilles, et comme conseillait Cummings, « ne cherchez pas à le comprendre. Laissez-le essayer de vous comprendre. »