Depuis leur première rencontre pour ‘Le Colonel des zouaves’ en 1997, les trois compères Olivier Cadiot, Ludovic Lagarde et Laurent Poitrenaux (respectivement auteur, metteur en scène et comédien) ont multiplié les collaborations. Avec ‘Un mage en été’, ils empruntent à leur premier amour commun la forme du livre-monologue. Robinson, le personnage fétiche de Cadiot, a singulièrement muté depuis la dernière pièce ‘Un nid pour quoi faire ?’ : « Notre héros Robinson ne bouge plus. Il s’enferme, il ne construit plus des cabanes dans les arbres. Son île est intérieure, il devient l’archéologue de sa vie quotidienne. » Ayant acquis un statut surhumain de mage, l’explorateur nous emporte dans un voyage immobile dans les abîmes de sa vie.
Grâce à ses dons d’ubiquité, de télépathie et sa capacité à se déplacer n’importe où, n’importe comment, l’électron libre parcourt deci delà le monde. Un écran 3D, seul élément de décor scénique, rend l’expérience encore plus immersive, et le sorcier 2.0 a troqué sa boule de cristal pour un système de voyance type Google. L’homme-machine, personne-ordinateur, souffre aussi de la solitude qui accompagne les êtres supérieurs. Taraudé de questionnements existentiels, il trouve la réincarnation fatigante, mime Nietzsche en train de jouer au golf, prétend que la philosophie est aussi exacte que les mathématiques...
Une relecture passionnante de l’histoire à travers le prisme d’un regard omniscient, peut-être un brin trop léchée : la virtuosité du comédien, tout en contrôle de son corps et de sa voix, et un design sonore impeccable « made in IRCAM » jettent un voile de perfection impersonnelle sur un ensemble déjà très figé. Un été poétique mais un peu blafard.