Le rire au féminin a de beaux jours devant lui. Scène paritaire par excellence, la Nouvelle Seine invite chaque semaine de nombreuses humoristes à monter sur les planches : Marine Baousson, Blanche Gardin, Céline Groussard, Delphine Baril… et Julie Bargeton. L’actrice de la websérie ‘Roxane, la vie sexuelle de ma pote’ s’amarre pendant plusieurs semaines au pied de Notre Dame pour son spectacle ‘Barbue’. Une poupée « Barbue » que l’on croise sur l’affiche, même crinière blonde et silhouette filiforme que Barbie mais avec une dent en moins et des tatouages apparents. Le ton est donné. Julie Bargeton a l’humour fleuri mais jamais girly.
Pendant une heure et demie, elle tire sur tout et n’a peur de rien, pas même de rire de la misogynie ordinaire, de Beyoncé à quatre pattes au stade de France et d’autres théories patriarcales inculquées par les films de Disney. « Les pauvres petits garçons ont eux aussi été bernés, bercés par le doux rêve d’épouser un jour une gentille princesse domestique, naïve et soumise. Et une fois adultes, ils se retrouvent face à quoi ? Des putains de dragons ! » Julie n’est jamais à court d’arguments et d’exemples lorsqu’il s’agit d’exposer les réflexes phallocrates de notre société. « Pourquoi parler de minorité lorsque les femmes représentent 52 % de la population de la planète ? se questionne-t-elle. On est la majorité, en fait. » Mais si le spectacle de Julie est féministe c’est aussi et surtout parce qu’il met en scène non pas LA femme mais LES femmes, dans leurs différences et leur pluralité. Tour à tour femme-enfant, séductrice mystérieuse et ado-rebelle « caillera », la comédienne rend la parole à la majorité pourtant mise en sourdine. Un spectacle pétillant qui mérite encore d’être un peu rodé mais qui dévoile une artiste pleine de promesses.