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Le Relèvement de l'Occident : Blancrougenoir

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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Dans un triptyque joyeux et foutraque, la compagnie belge De Koe s'amuse sur les décombres de l'Occident.

Si la compagnie De Koe affectionne les malentendus, c'est pour mieux les dissiper avant d'en créer de nouveaux. Jusqu'à épuisement des corps et du langage. Rien d'étonnant donc à ce que 'Le Relèvement de l'Occident : BlancRougeNoirs'ouvre sur Lady Gaga. Sous le regard mi-amusé mi-dubitatif de Peter Van den Eede et de Willem de Wolf, Natali Broods livre au public son désarroi face aux paroles d'une des chansons de la popstar. C'est dès lors sûr : la sérieuse conférence philosophico-politique annoncée par le titre n'aura pas lieu. Pas question pour autant de faire le deuil des deux sciences en question, ni d'ailleurs d'aucune autre : il y a de la place pour tout, dans la trilogie des trois Belges. Et aussi pour son contraire. Déjanté autant que savant, leur spectacle donne à rire de la crise de l'Occident. Ce qui fait forcément penser.

L'art belge du collectif

Succession d'anecdotes diverses truffées de références artistiques et culturelles tout aussi éclectiques, le spectacle-fleuve – quatre heures, entracte compris – de De Koe a l'humour voisin de ceux du TG Stan, collectif belge bien connu en France, grâce notamment au Théâtre de la Bastille où il est régulièrement programmé. Toutes deux fondées en 1989, les compagnies mettent d'ailleurs régulièrement en commun leurs énergies. Leur pratique du travail autour de la table et leur rejet du quatrième mur et leur goût du texte qui s'étire sans jamais créer les conditions d'un véritable dialogue. Autrement dit, la compagnie De Koe tourne le dos aux bases rationnelles des traditions théâtrales occidentales pour revendiquer un droit au bruit et à la fureur. Au désordre et au fragmentaire. Expert dans la fabrication de personnages à la densité suspecte, le collectif à taille réduite défend dans 'Le Relèvement de l'Occident' une dramaturgie joyeusement orgiaque et post-moderne.

Doute à volonté

Sans fil narratif au sens classique, la trilogie est construite selon un découpage dont Natali Broods, Peter Van den Eede et Willem de Wolf font volontiers remarquer les défauts. Après un examen de l'époque précédant le commencement – de l'Occident en principe, mais en fait de choses très variées –, le trio qui semble dépassé par son propre flux de paroles incarne dans 'Rouge' une jet set versée dans tous les excès. L'alcool coule à flots, au rythme des projets dispendieux et énoncés par les trois auteurs-acteurs, ce qui fait basculer ces derniers dans 'Noir'. Soit une tentative de panorama de l'Histoire en une heure chrono, suivie d'une réflexion sur rapport scène-salle et sur une reconstitution version trash du 'Déjeuner sur l'herbe' d'Edouard Manet. Signes du relèvement annoncé ou constat d'échec ? La compagnie De Koe aime autant faire planer le doute que le malentendu.

Écrit par
Anaïs Heluin

Infos

Site Web de l'événement
www.theatre-bastille.com
Adresse
Prix
24 €
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