Cuadra San Cristobal de Barragan © Armando Salas Portugal
Cuadra San Cristobal de Barragan © Armando Salas Portugal
Cuadra San Cristobal de Barragan © Armando Salas Portugal

Nos 13 plans complètement loco-locaux à Mexico

Pas un guide de survie : un guide de surkiff.

Alix Leridon
Contributeur: Houssine Bouchama
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Mexico a le mojo. Élue meilleure ville culturelle par nos lecteurs en 2023, la capitale fait des émules – et pas seulement pour ses mole, tacos, enchiladas et autres tamales à se rouler par terre. Culinairement, la capitale n’a plus rien à prouver depuis déjà longtemps, bien qu’elle continue de nous foutre des baffes à chaque passage. Fourmilière infatigable de quelque 22 millions d’âmes (imaginez seulement !), la ville se savoure tout entière à travers sa seule atmosphère. Tapissée de folies architecturales et chargée d’histoire, labyrinthique et inépuisable, on la retrouve plus belle que jamais à chaque nouvelle visite. Ce guide sera votre meilleur copilote pour l’aborder.

Les meilleurs plans à faire à Mexico

EM

On commence par la faim, avec ce qui a peut-être été le graal de notre voyage. Resto phénomène du quartier branché de Roma Norte, EM est la planque gastronomique tout en clair-obscur d’un jeune chef à suivre, Lucho Martinez. Là, il sert une cuisine mexicaine contemporaine et contrastée sur laquelle plane l’ombre délicate du Soleil-Levant. Des influences nippones jusque dans le service, qui propose de s’en remettre entièrement au chef dans un menu omakase (à moins que vous ne préfériez piocher dans la carte). Ultime coup d’éclat : l’after inclus avec le 686, génial bar à cocktails caché dans les cuisines du resto. 

Tournée moderniste

A Mexico, l’architecture moderniste est une architecture pop, un fonctionnalisme gai qui ne se prive pas de prendre des couleurs. Comme pour certaines bâtisses du Corbusier chez nous, les plus belles créations modernistes sont ici devenues de vraies attractions. S’il vous sera compliqué de les visiter toutes en une journée (la circulation à CDMX étant plus chaotique que fonctionnelle), on vous donne les must à marquer d’un point rouge sur votre map.

On commence par la maison-atelier de Luis Barragán, le plus grand architecte moderniste du pays, ou Casa Pedregal, à flanc du parc de Chapultepec. Un bloc de béton rose, qui se transforme en oasis de paix une fois à l’intérieur. Plus excentrée – mais aussi beaucoup moins touristique (il faut réserver en amont par mail) et encore plus dingo –, on trouve la Cuadra San Cristóbal de Barragán, la plus belle maison de l’architecte qu’on ait pu voir, où flânent aujourd’hui… des chevaux. 

Au sud de Mexico, tout près du musée Frida Kahlo, passez une tête dans la chapelle de San Jose del Altillo, par l’architecte Felix Candela, la plus belle des églises modernistes de CDMX. Pour finir, retour du côté du parc de Chapultepec pour vous faufiler dans l’hôtel Camino Real Polanco, construit en 1968 pour les Jeux olympiques. Là, vous pourrez notamment observer la Fontaine du mouvement éternel, qui entre en éruption et tourbillonne comme un océan lors d'une tempête.

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Expendio de Maiz

Chez Expendio de Maiz (littéralement “débit de maïs”), les tacos passent et ne se ressemblent pas. Dans ce petit spot de rien avec cuisine ouverte, pas de menu ni de résa : on y va le ventre vide et l’esprit ouvert, prêt à partager sa table et surprendre son palais. Tant que vous ne leur demanderez pas d’arrêter, les petites assiettes créatives et colorées (des tacos, donc, mais pas que) continueront de s’enchaîner. Bref, ça peut durer des heures (d’autant que vous risquez d’attendre un poil pour avoir une table) ; alors choisissez bien votre +1, et kiffez jusqu’à pas d’heure. 

Ignacia Guest House

Notre hôtel préféré à Mexico, douillet comme un gros beignet. Tout y est réjouissant : des chambres monochromes et pop au personnel plus sympathique que ton meilleur pote, sans oublier le quartier – le très hypé et rassérénant Roma. Une gueule de couverture de mag d'architecture, flanquée d’un paisible jardin intérieur où avaler son petit-dej (nickel) ou profiter de la “cocktail hour”. Neuf chambres au compteur, chacune d’une différente couleur, qui ne se démarquent pas tant par leur taille (les premiers prix sont plutôt petites) que par l’énergie qu’elles dégagent. Fait assez rare pour être noté : on n’oublie pas de profiter des espaces communs, chaleureux et humains.

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Anahuacalli

Construit par Diego Rivera himself (l’amant terrible de Frida Kahlo), cet énorme musée aux faux airs de sanctuaire est une expérience culturelle hors-norme. En plus de présenter la collection d’art préhispanique élaborée par le peintre tout au long de sa vie et des expos temporaires d’art moderne et contemporain, Anahuacalli doit son aura à son architecture massive et son environnement direct, un rien mystique. Bâti en pierres volcaniques, sur un terrain formé par une coulée de lave (oui oui), le musée s’est récemment agrandi avec l’aménagement d'impressionnantes extensions brutalistes. Presque une ville dans la ville. 

Restaurante Rosetta

Chez Rosetta, vous entrez dans la maison mère d’Elena Reygadas, cheffe aussi prolifique que talentueuse – accessoirement élue meilleure cheffe du monde. On ne choisit pas le mot “maison” au hasard : installée dans une ancienne demeure coloniale et Art nouveau de Roma, enluminée de fresques murales et constellée de plantes, le resto se déploie à travers différentes pièces, toutes uniques. A la carte, une cuisine gastronomique 100 % locale au niveau des produits, aventureuse au niveau des saveurs, qui ne se départit pas d’un léger accent italien signature (la cheffe travaille avec des pâtes faites main). Fin, élégant et tout à fait enchanteur. 

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Kurimanzutto

A deux pas de la Casa Pedregal de Luis Barragán, cette galerie de Condesa (pionnière dans le domaine) est à la pointe de la hype dans le milieu de l’art contemporain. Reconnu à l’international, Kurimanzutto était un projet nomade avant de s’installer pour de bon dans cet immense et lumineux espace de béton et de bois, sur trois étages et avec poutres apparentes, bijou d’architecture signé Alberto Kalach. Les expos, souvent conceptuelles et minimalistes, ne parleront pas forcément à tout le monde, mais le calme et la grandeur du lieu en font une pause de choix dans une journée de visite. 

Un saut chez Frida et Diego

Impossible de visiter Mexico sans un pèlerinage au sud de la capitale, dans le quartier bohème de Coyoacán où vécurent (plus ou moins) heureux Frida Kahlo et Diego Rivera. Première étape à la Casa Estudio, où les deux artistes ont cohabité vingt ans durant. On y va surtout pour son architecture moderniste unique, la casa formant un complexe de deux maisons conçues sur mesure (rouge pour Diego, bleue pour Frida) et reliées par un pont suspendu. On y découvre aussi le grand atelier aux baies vitrées de Diego, où ses sculptures de Judas en papier mâché cohabitent encore avec un escadron de squelettes suspendus. 

On enchaîne avec le musée Frida Kahlo, au sein de la légendaire Casa Azul, où l’artiste a grandi et fini sa vie. En plus de présenter certaines de ses œuvres les plus emblématiques, la maison est restée pour l’essentiel telle qu’elle était du vivant de Frida, à l’image des magnifiques cuisine et salle à manger, décorées d’objets artisanaux récoltés à travers le pays.

Si l’aventure vous a ouvert l’appétit, ne manquez pas d’aller déjeuner au San Angel Inn, juste en face, pour profiter d'une cuisine traditionnelle dans un ancien monastère. Ne passez surtout pas à côté de la margarita (la meilleure de la ville), à siroter dans la cour intérieure, autour de la fontaine. 

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Casa Bosques

Librairie d’art profuse, opportunément constellée d’assises design signées Jean Prouvé, Casa Bosques est un peu le Yvon Lambert local. Sur les tables et étagères de cette maisonnette de Roma, on trouve aussi bien des magazines internationaux de références (AnOther, Purple…) que des petites publications indépendantes ou de très beaux bouquins touchant à tous les arts et tous les mondes. 

Void

Une fripe de collectionneurs, installée dans une bâtisse Art déco des années 1930, qui mêle seconde main de luxe et nippes punk-rock vintage à travers cinq pièces thématiques. C’est le spot shopping incontournable de la capitale, qui pourrait presque s’apparenter à un musée de la mode tant certaines pièces sont chargées d’histoire. Au-delà des vêtements, on y trouve aussi une fine sélection éditoriale et un petit café, Café Parral, qui sert un brunch et accueille un book club. Préparez-vous à y passer des heures. 

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Musée Tamayo

A l’entrée est du parc de Chapultepec, juste en face du musée national d’anthropologie, un énorme bloc de marbre et béton s’étale de tout son long. Œuvre d’art à part entière, l’édifice avait été commandé par le peintre Rufino Tamayo pour abriter sa collection d’art contemporain. Toute l’année, des expos temporaires bien troussées y sont présentées, avec une prog palais-de-tokyoesque jonglant entre des artistes explorant différents médiums, de la photographie à l’installation (Ugo Rondinone, Nan Goldin…).

Chic By Accident

Voilà plus de vingt ans qu’Emmanuel Picault (archi d’intérieur et créateur français) (ré)aménage à l’envi ce vaste cabinet de curiosités, entre boutique et galerie, design et antiquité, dans une sublime maison des années 1920 à Colonia Roma. Demeure/musée, Chic By Accident se déploie à travers divers salons meublés de pièces de design mexicain, du XXe siècle ou contemporain. On y découvre notamment une vaste collection de masques mexicains ou d'anciennes céramiques de Guadalajara, entre autres trésors inattendus au coude à coude avec du mobilier de collection. Une affaire de (très) bon goût. 

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Hanky Panky

Dans le quartier de Juarez, Hanky Panky est le speakeasy (pas si easy) de vos meilleurs rendez-vous clandestino. Un peu comme à la Candelaria, à Paris, ce bar pionnier du genre se cache derrière une taqueria qui ne paye pas de mine, dont vous connaîtrez l’adresse exacte après avoir réservé. Après avoir traversé un mur – qui se révèle être une porte –, on s’installe au bar ou dans un booth, sur de grands canapés en cuir rouge. Les cocktails sont assez fous, les petites assiettes plutôt bien senties, et l’atmosphère, intime mais étonnamment électrique, invite à l’échange avec les autres clients.

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