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24h pour découvrir l'âme du faubourg Poissonnière

Écrit par
Emmanuel Chirache
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Coincé entre le faubourg Montmartre et le faubourg Saint-Denis, deux quartiers aux identités assez marquées, le faubourg Poissonnière peine à trouver sa place. Autrefois accès vers les Halles pour les poissonniers (d'où le nom de la rue) venant des ports de la mer du Nord et de la Manche, le faubourg est resté longtemps populaire (la section révolutionnaire s'est illustrée par son radicalisme après le 10 août 1792), avant de s'embourgeoiser à grande vitesse depuis quelques années.

Aujourd'hui, ce quartier s'est transformé en repaire de bureaux et de start-up. Conséquence : l'omniprésence de restaurants, snacks pour manger sur le pouce, coffee shops et autres sandwicheries gluten-free. Faubourg, mais vrai garde-manger.

9h : Métro Poissonnière, saluez Bolek le libraire de rue.

On vous avait raconté la vie de Bolek il y a quelques mois dans un article. Vissé sur la place Franz Liszt depuis trente ans, ce libraire de rue vend des bouquins à prix d'ami juste devant la bouche du métro. Surtout, il vous racontera l'histoire de la presse en kiosque, partagera sa passion des livres et digressera sur tous les sujets qui lui passeront par la tête. Une biographie de Maurice Chevalier, des nouvelles de Tennessee Williams, un bouquin sur le foot, une collection de revues Hitchcock Magazine, un vieil SAS de Gérard de Villiers, des romans, des essais sur l'actualité, Bolek vend un peu tout, alors n'hésitez pas à lui laisser trois ou quatre euros en échange d'une découverte.

9h30 : Un petit arrêt « coffee geek » au Café Van Hoos & Sons

Descendez la rue du Faubourg Poissonnière et tournez à droite dans la rue Richer. En matière de coffee shops, le faubourg n'est pas en reste, mais le paradis du genre se nomme le Van Hoos & Sons, au 19 rue Richer. Ici, le café est roi. Machines Chemex ou à expresso, cafetières italiennes, tasses, mugs, filtres, chocolats suisses au packaging élégant pour accompagner sa boisson, sachets de café de 250 grammes torréfié et moulu sur place, dont les prix vont de 7,90 à 60 €. « Eh oui, c'est comme le vin », répond le fondateur Luc Prouvost quand on s'étonne de l'éventail des prix. Chaque jour, deux origines de café différentes sont proposées en dégustation à 2,50 €, et le patron se fera un plaisir d'en causer avec vous. Attention, la boutique n'ouvre que jusqu'à 14h. Tant que vous êtes dans la rue, n'hésitez pas non plus à passer voir la boutique de mode feutrée et épurée des Voltigeuses un peu plus loin : bijoux, sacs et vêtements pour femmes dans les rayons.

Luc Prouvost aux manettes

10h : Tant qu'on est là, et si on achetait un objet aux enchères ?

Ok, vous allez sortir un peu du faubourg Poissonnière. Mais ce serait dommage de passer à côté de l'hôtel Drouot. Remontez la rue Richer direction rue Geoffroy-Marie, petite artère juive avec ses commerçants typiques qui vous plongera dans la rue du Faubourg Montmartre puis rue de la Grange Batelière. Au bout, c'est la rue Drouot et son hôtel, au numéro 9. Une ambiance particulière vous y attend, avec ses vingt salles des ventes, ses commissaires-priseurs, ses mille et un objets. Des vies entières regroupées çà et là, vendues au plus offrant. Inutile de dire qu'on y fait d'excellentes affaires, à condition de bien s'y connaître. N'hésitez pas à jeter préalablement un œil à la programmation sur le site de Drouot. Même si les ventes ont surtout lieu l'après-midi, il est possible de venir examiner en avance les objets des catalogues dans des salles d'exposition.

11h30 : Promenade architecturale, coucou Time Out !

Si le quartier ne regorge pas de monuments, il possède quelques immeubles et cours de charme. A quelques encâblures de Drouot, la cité Bergère est inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Autrefois résidence de Chopin, l'hôtel de la cité Bergère offre un bel exemple d'architecture de la Restauration. Même décor ou presque autour de la fontaine de la cité de Trévise, un ensemble de lotissements datant de la monarchie de Juillet pour certains. Impossible pour terminer de ne pas citer le monument que nous voyons tous les jours depuis les fenêtres des locaux de Time Out Paris : l'hôtel Bony du 32 rue de Trévise. Œuvre de l'architecte Jules-Jean Baptiste de Joly, la demeure présente un splendide exemple de style néo-palladien. Situé au milieu d'une cour et d'un jardin, l'hôtel n'est accessible que si l'on travaille dans la résidence, mais tout vient à point à qui sait attendre et il n'est pas très compliqué de pénétrer à l'intérieur. Venez nous faire un bisou si vous passez.

Cité de Trévise

Cité de Trévise

L'hôtel Bony

13h : Pire qu'un dilemme cornélien, choisir un restaurant

L'affaire se corse : comment choisir un lieu pour se restaurer dans ce quartier où les établissements de qualité se comptent par dizaines ? Tout dépend de votre envie : vous souhaitez manger sur le pouce ? Alors jetez votre dévolu sur les formidables sandwichs du Chéri Charlot. Côté plats asiatiques, on vous conseillera Huabu si vous aimez le Camion qui fume (même proprio), Chez Pai en mode cantine thaï ou la Can Tin(e) pour un banh mi vietnamien. Envie d'un super burger ? C'est Big Fernand qui s'impose. Détox ? Le Café Pinson, bien que cher, vous ravira. Et si casser la croûte rime pour vous avec banqueroute, attardez-vous chez les excellents Ratapoil ou chez Vivant, tous les deux possédant aussi une belle cave à vins. Une sélection incomplète, mais la vie est trop courte pour les faire tous, envoyez-nous vos plaintes !

Chéri Charlot

Huabu

14h30 : Un petit noir et l'occasion fait le larron

Au numéro 51 de la rue Paradis, un nouveau coffee shop, le Woodies, vous tend les bras. Prenez un cappuccino ou un café filtre à emporter et buvez ces petites merveilles signées de la Brûlerie de Belleville au square Montholon. Sur le chemin, deux itinéraires shopping possibles : la rue Papillon et son disquaire vintage la Violetera, rempli de 45 tours yéyé et d'autographes, ou la rue Montholon et sa librairie de collection Flamberge, avec des livres impeccables, sous cellophane et de toutes origines : collections pour enfants, Mickey Parade, polars, éditions et revues anciennes... « C'est pas trop pour lire, c'est plus pour collectionner », nous précise le vendeur. Cent mètres plus loin, installez-vous sous un des deux platanes centenaires du square, cerclés de bancs en bois. Venant de l'aire pour enfants, des cris suraigus résonnent tous les mercredis après-midi. Pendant que vous sirotez votre café, admirez la statue Sainte Catherine en marbre de Julien Lorieux, qui date de 1908.

Le disquaire La Violetera

La librairie de collection Flamberge

Le square Montholon

15h30 : L'argentique, c'est fantastique !

Fan de photo ? A deux pas de la station Poissonnière, l'archi-connue boutique Négatif Plus vous permet d'acheter des pellicules et de développer vos tirages argentiques, mais pas seulement. A l'heure du numérique, l'enseigne propose également l'impression de livres-photos ou d'agrandissements. En résumé, une adresse incontournable pour tous les photographes de Paris. Quelques numéros plus loin, faites une pause à la Dimension Fantastique, librairie spécialisée dans la bande dessinée et la « littérature de l'imaginaire » : fantastique, S.F., heroic-fantasy...

16h30 : Les légendes parisiennes au Manoir de Paris

Le masque de fer, les catacombes, le crocodile des égouts, le fantôme de l'opéra... Les légendes ne manquent pas dans la ville, et le Manoir l'a bien compris. Prenez vos billets en avance et venez vous faire peur dans un must du genre, où des comédiens très convaincants vous plongent dans la vaste et terrible histoire de la capitale. Au Manoir, même les gros durs arrêtent de frimer : 25 salles, 50 comédiens déjantés et un asile de fous. Des sensations fortes dans un endroit où vous n'aurez pas d'autre choix que de participer si vous souhaitez en sortir...

17h30 : Un petit verre pour se remettre de ses émotions

Parmi tous les bars de la capitale, L'Ours Bar fait partie de ceux qui font l'unanimité. Non seulement l'équipe de Time Out y passe souvent ses soirées avec bonheur, mais à lire les commentaires dithyrambiques sur notre article, les habitués partagent notre avis. Cocktails à la bonne franquette, équipe souriante et clientèle affable, une définition parfaite du quartier général pour Parisien alcoolique. En venant tôt, vous assurez vos places au comptoir, les meilleures, histoire de tenir le crachoir à Enguerrand et Victor, les créateurs du lieu. En face, le bar le Mérou ne démérite pas non plus et vaut qu'on s'y presse pour un apéro souvent musical.

L'Ours Bar pendant la campagne des Time Out Bar Awards

19h : Un gueuleton dans l'une des meilleures adresses de la ville

Avouez-le : à force de faire travailler vos guiboles, vous avez l'estomac dans les talons. Léchez vos babines, on vous emmène dans des adresses cotées de la capitale (réservation obligatoire, surtout pour dîner). Bienvenue chez, au choix, l'Abri ou L'Office dont la cuisine est aussi sobre et le décor aussi simple que leur nom le laisse penser. Ancien snack (d'où l'étroitesse), le premier propose un menu de dégustation composé par un chef japonais formé chez Robuchon et Taillevent. Du grand art, fier et pas bégueule sur les saveurs. Dans le second, le cuistot a longtemps tapé dans l'original (poulet cornflakes par exemple), avant de mettre de l'eau dans son vin en proposant des classiques feutrés et rénovés. Seul défaut, le restaurant est fermé le week-end. Dans les deux cas, il faut le noter, votre addition ne dépassera pas 40 € si vous êtes raisonnable sur l'alcool.

20h30 : Deux temples des soirées parisiennes

Entre les spectacles de variétés des Folies Bergères et la programmation pointue du New Morning, le grand écart est digne de Rudolf Noureev. Dans la première salle, on a toujours privilégié le tour de chant populaire et le pas de danse, puisque Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Yves Montand ou Zizi Jeanmaire s'y sont produits. Aujourd'hui, ce sont des one-man-shows d'humoristes célèbres, des comédies musicales et des concerts de variétés qui se suivent et ne ressemblent pas. Né en 1981, bien après les Folies Bergères, le New Morning s'est déjà fabriqué une solide réputation sur les circuits blues, jazz, rock et soul. Stan Getz, Dr Feelgood, John Mayall, Archie Shepp, B. B. King, Bob Dylan, Michel Berger ou Little Bob y ont donné des concerts exceptionnels, et dans le documentaire 'Let's Get Lost', Chet Baker en fait l'éloge, racontant « qu'on y entendrait une mouche voler ».

La cour de la rue Ambroise Thomas, avec son école d'acteurs et son hôtel pour chats (authentique)

Le mot d'ordre du Café Pinson sur sa carte, très représentatif du quartier.

Des vélos garés rue Ambroise Thomas.



N'oubliez pas de partager le meilleur de votre quartier en nommant vos adresses préférées dans le cadre de 'Mon Quartier, Mon Amour'.

 

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