MoSuke, la première adresse de Mory Sacko (MoSugo, Lafayette’s) ouverte en 2020 dans le prolongement de son Top Chef, se paye en 2023 un subtil lifting signé des archis Friedmann et Versace. Le grège, le bois clair et l’amande ont remplacé le blanc omniprésent, mais la cuisine du chef star reste, elle, dans sa ligne flatteuse et flâneuse entre le Japon, la France et l’Afrique de l’Ouest (le nom est un mix entre Mory et Yasuke, le premier -et seul- samouraï africain).
Piochant un ingrédient là, une épice ici, Mory Sacko joue à domicile, détendu et efficace. Le menu Migration, annoncé en six temps mais qui ouvre le bal avec quatre amuse-bouches très travaillés (comme cette aérienne bouchée au homard et mousseline de pomme de terre), se révèle une promenade gastronomique dans le jardin zen mental du cuisinier, profilée pour l’étoile.
On y fourchette de grands petits plats comme cette bouillabaisse au maquereau, rouget et gombo farci ample et rassurante dans sa fausse simplicité ; ce sushi qui marche à l’omble escorté d’une volute de beurre blanc ; ce tronçon d’aubrac grillé au bichotan où le mafé apparait comme une évidence ; ou un dessert de citron et champignon avec un étonnant caramel au shiitaké. La carte des boissons carbure à cette triple inspi et des prix turbo : saké Dassai 23 (36 € le verre), quille sud-africaine Granite de la famille Mullineux (190 €) ou loire Silo de Simon Gastrein et Lori Haon (90 €). Un beau voyage.
