Narro signifie « je raconte » en latin. Justement, dans ce restaurant bien planqué à deux enjambées d’une Contrescarpe pas très gastro, on ne raconte pas de craques, seulement de belles histoires. Celle qu’écrit le chef japonais Kazuma Chikuda, ex-Le Sot l'y Laisse passé chez Bocuse (à Tokyo), vaut la peine d’être goûtée.
Improbable enclave de bon goût ornée de fauteuils en kilim, la salle aux couleurs chaudes est bordée d’une aguichante terrasse qu’il convient de prendre d’assaut, pile sous les fenêtres de l’Hemingway de Paris est une fête. Et quelle fête !
Dans l’ébaubissant menu midi qui change chaque semaine, dressages poètes, légumes sexy, cuisson « laser », audacieux mélanges, sourcing soigné et longueur en bouche font de chaque assiette une joie d’esthète. Le choix est difficile : bombesque tataki de noix de veau, buffala fumée et légumes croquants ou entêtant œuf parfait, sardine fumée et siphon petit pois-lavande ? Printanier lieu jaune nacré, risotto d’asperges blanches et nuage de coques ou bestiale basse côte de bœuf, asperges vertes et crème de morilles ? Obscène cookie dough tiède ou envoûtante tartelette kumquat-crémeux d’agrumes ? Si ça devient trop compliqué, demandez à Megumi Terao, délicieuse gérante de très bon conseil, de vous aiguiller.
Côté pif, c'est Byzance ! Le gouleyant Thomas Legrand, sommelier à l’âme nature, écoule jajas désulfités, sakés et vins de macération avec, au verre, le sauvignon La Piffaudière d’Olivier Bellanger, mâcon-bray le Mouton Blanc (43 € la bouteille ), et autres joyeusetés pour fins gosiers en pente.