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Au 165 boulevard Saint-Germain, à deux pas de l’église et à quelques avant l’ouverture au public du plus vaste bar à cocktails de Paris, une armée d’ouvriers scie encore du bois sur le trottoir, pose des portes, tire des câbles. Mais Franck Audoux, plus serein qu’un bonze sous CBD, rayonne de fierté. Les raisons de l’ataraxie du fondateur du Cravan premier du nom, adorable écrin Art nouveau niché dans le 16e ? Une collaboration avec Moët-Hennessy (oui, le M et le H dans LVMH) qui a décidé de ne pas regarder à la dépense pour faire connaître les verres tout en maîtrise et épure ciselés par Franck. On s’y est rendu, on vous dit tout
Première étape du déploiement de Cravan comme future ambassade du cocktail et d’un art de vivre à la française : cet immeuble du 17e en pierre de taille, avec quatre (!) niveaux entièrement dédiés au bar façon Audoux. « Attention, même si on change d’échelle, je voulais absolument garder l’atmosphère intimiste du petit Cravan, avec toujours des comptoirs centraux et une vraie proximité avec la clientèle », raconte Franck entre deux menuisiers.
Quatre étages, trois bars, deux escaliers et une trentaine de créations
Le designer Ramy Fischler a eu la lourde tâche de traduire en dur la philosophie du bar original, un mélange de modernité et de vintage, agrémenté d’une touche de dadaïsme (Arthur Cravan était un poète boxeur précurseur du mouvement) et d’une bonne rasade de culture. L’entrée se fait par un pastiche du Cravan d’origine avec miroirs piqués, moulures et carreaux de faïence floraux. Pour aller dans les étages, on passe par l’envers du décor laissé brut à dessein et on peut emprunter deux escaliers, l’un du XVIIe siècle ou l’autre en métal moderniste, qui communiquent entre eux. Au premier, une capsule en chevrons chromés et bar en marbre vert évoque l’époque (bénie des boomers) du Drugstore Saint-Germain et s’impose au milieu des canapés crème.
Au deuxième, une bibliothèque à roulettes, garnie des tomes arty issus d’une curation aux petits oignons signée Rizzoli New York, est posée au milieu de volumes reliés pleine peau, « pour faire revenir le livre à Saint-Germain », souligne Franck Audoux en se posant sur une banquette carmin. Troisième étage et troisième bar, doté de trois cheminées du XVIIe (parce que pourquoi pas), dédié cette fois aux cocktails en bouteille – une exclu du lieu – comme ce Mina qui mélange tequila et liqueur de coing. Au quatrième, les combles et leur charpente XXL deviendront un espace ouvert uniquement sur invitation où faire des projos et siroter sous un kiosque posé sur le toit, avec vue sur l’église de Saint-Germain-des-Prés.
Bref, un lieu véritablement incroyable où l’on va pouvoir tester une trentaine de créations (entre 12 et… 45 €), dont les recettes à base de champagne du géant français, accompagnées de petites assiettes voyageuses (lobster roll importé du Cravan 16, vitello tonnato, sobas froides…). Ça ressemble à l’ouverture de l’année !