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A toi de faire, ma mignonne de Sophie Calle

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  1. Sophie Calle
    Sophie Calle Détail de la série Voir la mer 2011 © Sophie Calle / ADAGP, Paris 2023 Courtesy of the artist and PerrotinSophie Calle
  2. Sophie Calle
    Sophie Calle Encre sur papier © Sophie Calle / ADAGP, Paris 2023 Collection de l’artisteSophie Calle
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Le musée Picasso continue d’avancer sur la route de la réhabilitation en invitant la tornade Sophie Calle à s’emparer de ses espaces

“On a un Picasso dans la famille !” C’est sûrement ce que votre grand-mère a dit, quand, à 5 ans, vous lui avez montré ce superbe dessin de chien vert à huit pattes. C’est aussi ce qu’a dit celle de Sophie Calle lorsque l’artiste-en-devenir lui apporta fièrement une de ses créations enfantines. Elle avait peut-être raison, car c’est cette œuvre précoce qui ouvre le parcours de l’expo Sophie Calle au… musée Picasso. Une belle façon de trouver un lien entre le Catalan et la plasticienne, dont les connexions ne sont franchement pas évidentes. L'invitation, lancée en 2019 par l’hôtel Salé, ne l’a d’abord pas plus inspirée que ça. “J'ai hésité pendant deux ans, parce que ce n'était pas évident d'exposer dans un lieu avec un tel poids symbolique. Chez lui…” 

Heureusement, lorsqu’elle visite la casa de Pablo, on est en plein Covid et les chefs-d’œuvre sont eux aussi confinés. Une façon de se libérer de tout le poids des murs, et de permettre à Sophie Calle de s’approprier les lieux en organisant une expo bien à elle, même chez lui. Répartie sur quatre étages du musée, la déambulation convoque en creux la figure pesante du peintre espagnol, sans jamais qu’elle ne vole la vedette à Sophie Calle, à la fois artiste et commissaire. Au rez-de-chaussée, la thématique de l’absence (et par extension de la mort) est plus que jamais présente, tantôt en faisant étalage d’un complexe d'infériorité, tantôt en planquant les toiles de Picasso sous du papier kraft. Touchants, les Picasso fantômes donnent la parole aux gardiens du musée qui décrivent, de mémoire, les œuvres manquantes de Picasso. 

C’est là toute la beauté de Sophie Calle, qui continue inlassablement de secouer le monde de l’art par son authenticité. Alors que Picasso était terrorisé par la cécité, elle propose à des aveugles de lui décrire la beauté du monde. Jamais policée ni effrayée par la vérité, la plasticienne se met carrément en scène dans l’exposition, investissant une salle du troisième étage pour en faire son bureau. Peut-être l’expo la plus sincère de la saison.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard

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