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Beauté Congo 1926-2015, Congo Kitoko

  • Art, Peinture
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

La Fondation Cartier finira, un jour, par nous agacer, laissant trop souvent l'impression de bâcler ses expositions, de ne pas s'appliquer à construire un parcours cohérent, et d'aimer les chronologies prétentieuses. Après 'América latina', qui se targuait de raconter un demi-siècle de photographie d'un continent entier, cette fois, c'est quatre-vingt-dix ans d'histoire de l'art congolais qu'on est censé nous narrer en... quatre salles et demi. En vrai, divisé en quatre étapes déconnectées les unes des autres (grosso modo 1920, 1947, 1978, et 2000 et suite), le parcours, concentré sur de la peinture mais convoquant aussi la sculpture, la musique ou la photographie, se révèle parcellaire et chaotique.

Pour autant, 'Beauté Congo' reste une exposition intéressante. D'abord parce qu'elle traite d'un art africain qui, malgré un certain effet de mode, est encore bien absent des musées et galeries, et aussi (surtout ?) parce qu'elle s'attaque à ce gigantesque Congo, à la vitalité artistique étonnante. Marqué par la publicité, la fresque, la caricature ou la bande dessinée, la scène des peintres « populaires » qui se fait remarquer à la fin des années 1970 dévoile un art soucieux de faire passer des messages, au point de souvent faire appel au texte. Ici, aujourd'hui encore, la vie quotidienne, l'histoire et l'actualité mondiale sont le terreau d'un art engagé et facétieux. De la colonisation à la pauvreté, du sexe à la Sape, du Combat du siècle de Mohammed Ali à l'élection de Barack Obama, de Mobutu à Mandela, les couleurs éclatantes dépeignent les multiples facettes de Kinshasa - « Kin-la-belle » pour ses promoteurs, « Kin-la-poubelle » pour nombre de ses habitants.

Les résonances avec les autres disciplines s'avèrent plus ou moins réussies. Si le parallèle entre la musique et les toiles (des années 1970 à nos jours), au rez-de-chaussée, fonctionne plutôt bien, les incursions dans la photographie sont plus arbitraires, et peinent à trouver leur place dans les salles du sous-sol, coincées entre les surprenantes sculptures de villes utopiques de Bodys Isek Kingelez et la peinture de cases des années 1920. Pour nous consoler, heureusement : les portraits des nuits folles de la Kinshasa des années 1960 par Jean Depara, rendus étranges par leur côté posé et le décalage d'une imagerie américaine à la sauce congolaise. De belles découvertes donc, mais surtout une impression d'inachevé qui, comme souvent, nous accompagne quand on quitte le cube de verre du boulevard Raspail.

Infos

Site Web de l'événement
fondation.cartier.com
Adresse
Prix
De 7 à 10,50 €
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