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Ciao Italia - Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France (1860-1960)

  • Art, Photographie
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Portrait de l’immigration italienne en France, pas toujours synonyme de Dolce Vita…

Ils sont arrivés en masse dès la seconde moitié du XIXe siècle, tellement nombreux que leur immigration reste, encore à ce jour, la plus importante qu’ait connue l’Hexagone. Eux, ce sont nos voisins italiens, ou plutôt nos cousins latins. A la fois proches et différentes, incomparables mais complémentaires, les cultures française et italienne se sont de tout temps associées pour teinter de couleurs ritales nos contrées, nuancer le bleu du drapeau tricolore en un vert transalpin. Par conséquent, il était plus que temps de rendre hommage à ces hommes, femmes et enfants ayant traversé la Méditerranée. Et quel autre lieu que le musée national de l'Immigration pour cela ?

Un parcours qui oscille entre analyse socio-politique et héritage artistique

Notre périple débute par une mise en contexte historique légèrement confuse, où le gigantesque tableau ‘Gli Emigranti’ d’Angiolo Tommasi fait face à une ronde de Vespa blanches, plus esthétiques qu’instructives. On se confronte, via des affiches de propagande et un buste en bronze à l’effigie de Mussolini (serti de coups de pioches), au climat diplomatique tendu qui a vu l'intensification de l’immigration italienne au début du XXe siècle. De chaque côté de la frontière, fascistes et anti-fascistes s’affrontent tandis que la xénophobie des Français envers ces nouveaux-venus du Sud, travailleurs robustes et main-d’œuvre moins chère, croissait. Une entrée en matière assez peu avenante qui s’éclaircit heureusement dans la salle suivante, dédiée au quotidien et aux loisirs des Italiens débarqués en France.

Accueillis par une série de cartes plus concrètes, mettant en chiffres et en images les flux d’arrivants, on ne peut s’empêcher d’être émus face aux vestiges matériels d’une vie passée, qu’il s’agisse d’archives administratives comme un certificat de naissance, de photographies (même jaunies et minuscules au milieu d’un grand mur vide), d’un jeu de cartes, d’un accordéon ou d’images pieuses. La scénographie a beau être un peu trop sobre et froide pour un sujet aussi humain, les aquarelles de Giulia Andreani, ressuscitant des visages anonymes par une bichromie intense et translucide, redonnent un peu de chaleur à l’ensemble. Et bien que la chronologie de l’exposition s’avère sensiblement décousue, tout comme certains extraits vidéos passés en boucle peuvent finir par taper sur les nerfs, on aime l’alliance du pédagogique et de l’artistique. Notamment au travers des peintures de Filippo De Pisis, Renato Paresce ou encore Amedeo Modigliani, illustrant ainsi la vision de ces binationaux sur leur pays d’adoption.

Cent ans : est-ce vraiment suffisant ?

A la dernière escale de notre voyage, répertoriant dans un foisonnant fourre-tout les nombreux legs de l’immigration italienne à la France (du Campari à Lino Ventura, d’un vocabulaire chantant à la pizza…), on s’aperçoit que la synergie des forces binationales ne date pas d’hier. Presque deux millénaires auparavant, l’empire gallo-romain en constituait un excellent exemple avec son tout à l’égout et ses architectures antiques. ‘Ciao Italia’ aurait donc pu s’étendre bien au-delà d’un seul siècle - même si l’on conçoit parfaitement que l’entreprise se serait alors certainement transformée en exposé indigeste.

Malgré cette restriction chronologique, l’exposition se révèle un peu trop étriquée pour son sujet. Certains thèmes majeurs, comme le travail des femmes ou le statut des enfants, auraient dû faire l’objet d’un traitement plus approfondi. Or, par manque d’espace, leur place demeure anecdotique. Dommage, car comment aborder l’immigration italienne en faisant l’impasse sur les fameuses nourrices piémontaises ? Ou en réduisant Fellini à une simple projection de conclusion, pas vraiment concluante ?

Quoi qu’on en dise, ‘Ciao Italia’ demeure une exposition intelligente et dont l’ancrage dans l'actualité la rend d’autant plus nécessaire. Afin de nous remémorer, à tous sans exception, que les sociétés les plus pérennes se construisent sur des nationalités plurielles.

A la recherche d'une sortie mêlant art et culture ? Jetez un oeil à notre dossier des meilleures expositions ou des expositions historiques, dont 'Ciao Italia' fait partie.

Écrit par
Clotilde Gaillard

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Prix
6 €
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