Faire du trampoline dans un château gonflable siglé LV à la Fondation Louis Vuitton, ça vous chauffe ? Ça paraît fou, mais c’est pourtant une part du dernier projet du regretté designer Virgil Abloh, qui nous offre une petite extravagance posthume en guise d’au revoir. Après s’être illustré dans les domaines de la mode, de la musique ou du design, le touche-à-tout américain s’essaie à la curation d’expo avec Coming of Age, un événement itinérant passé par Pékin, Milan, New York, Munich, Tokyo et Séoul. Organisée en 2019 en partenariat avec la galerie californienne Little Big Man Gallery, l’expo questionne des thèmes chers au créateur, du passage à l’âge adulte aux notions d’amitié en passant par des réflexions plus politiques, notamment sur les classes sociales et les origines ethniques.
L’arrêt parisien n’étant prévu que pour deux petites semaines, c’est dans une Fondation blindée que l’on découvre l’univers complexe du fondateur d’Off-White. A la fois immersif et pluridisciplinaire, mêlant photos, installations, vidéos et gros son, le parcours réunit tout ce qui fait Virgil Abloh, cet ovni de la fashionsphère qui a su envoyer valdinguer tous les stéréotypes liés au milieu ultra-fermé de la mode. Après tout, celui qui a été taxé de “hip-hop fashion designer” lors des derniers Grammys (ce qui a bien énervé les twittos, à raison), a su dépoussiérer comme personne l'ancestrale marque de maroquinerie Louis Vuitton grâce à ses influences multiples. Fini les distinctions entre streetwear et haute couture, création de sapes et de meubles, le génie de Virgil lui suffit pour être adoubé par tous les milieux.
Le pote de Kanye West détonne, la preuve à la Fondation Louis Vuitton où le fameux château gonflable (qu’on a déjà vu à Paname lors du défilé printemps-été 2020) accueille les grands enfants entre les expos bien sérieuses Morozov et Simon Hantaï. Dans cette Mecque de l’art contemporain, l’outsider invite les visiteurs à sortir de leur statut de simples spectateurs pour devenir les protagonistes de l’expo grâce à toute une série d’ateliers qui permettent de s’approprier l’expo. Petit conseil, gardez bien votre ticket d’entrée : il vous permettra de choper un t-shirt à la boutique des Champs (bon, lui ne sera pas gratuit par contre). On se cultive et on se fringue : voilà qui résume bien le travail de Virgil Abloh. Petit bémol cependant : si l’expo est aussi complète que ludique, elle manque cruellement de cartels explicatifs. Une absence qui nous laisse sur notre faim.