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Guillaume Bresson

  • Art, Peinture
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Sous la bonne étoile du « M » de McDonald’s, un ballet de corps s’élance, s’emmêle et s’entrechoque, magnifié par la peinture à l’huile. La composition et la gestuelle évoquent les toiles du Titien ou de Tintoret ; les clairs-obscurs, dramatiques, rappellent l’art du Caravage. Mais les étoffes précieuses ont été remplacées par des survêts Adidas et les couleurs ont été avalées par un sépia exsangue, froid comme le marbre et blême comme la photographie incolore. Dans ce théâtre urbain aux résonances épiques, une bande de lascars discourt autour d’un menu Best Of pendant que d’autres se battent pour un milkshake, en élevant les bras de façon grandiloquente. Contrairement aux apparences, les guerriers de cette scène vernie au graillon ne sont pas les prisonniers d’une faille spatio-temporelle : ils ont simplement atterri dans un tableau de Guillaume Bresson, étoile montante de la peinture contemporaine qui expose une nouvelle série de toiles, d’un classicisme délicieusement anachronique, à la galerie Nathalie Obadia.

Fast-foods, banlieues désincarnées, parkings... Fidèle à ses thèmes de prédilection, le Toulousain de 32 ans (dont on vous avait déjà parlé ici) confronte encore une fois des sujets ultra-contemporains à des décors de Renaissance italienne, les mêlant à un style grave et solennel, digne du romantisme. Sauf que dans ses derniers tableaux, l'artiste pousse encore plus loin son hyperréalisme minutieux, en travaillant notamment sur des panneaux de bois et en peaufinant une étude très poussée de la perspective, qui flirte avec la 3D.

Là où ses toiles antérieures tendaient à superposer les portraits de ses modèles et des décors baroques retouchés sur Photoshop, accumulant ainsi une orgie d’éléments, ici (mis à part dans la scène du McDo et avec ce trio attablé, qui évoque les pèlerins d’Emmaüs), Bresson s’aventure vers une épure nouvelle. En travaillant sur le bois, avec une économie de sujets, le peintre parvient à jongler subtilement avec les effets de flou et la brillance, amplifiant encore un peu l’aspect irréel de ses tableaux.

Des arcades qui s’enfuient vers nulle part. Des visages masqués par des sweats à capuche. Des personnages, des voitures et des arbres qui semblent pousser comme des kystes sur des horizons stériles et dépouillés. Les gestes sont toujours cérémoniels et la composition toujours emphatique, mais le climat lorgne désormais vers le jeu vidéo, tout en évoquant les paysages de Chirico ou les figures fantomatiques de Magritte. Un tournant dans l’expression de Bresson qui annonce quelque chose d’encore plus puissant qu’auparavant. Ou comment formuler une mythologie urbaine à l’ère numérique, en réinventant la perspective et en héroïsant des événements aussi banals que le chemin de retour du supermarché.

> Horaires : du lundi au samedi de 11h à 19h.
> Vernissage le mercredi 5 novembre de 17h à 20h.

> Voir aussi :

Notre critique de la dernière exposition de Guillaume Bresson à la galerie Nathalie Obadia (juin 2012).

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Entrée libre
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