Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Joana Vasconcelos, 'A Noiva'

  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Une fois n'est pas coutume : cet été, le 19e arrondissement fait de l’ombre à Versailles en matière de lustre. De gros lustre, même, puisque le Centquatre a décidé de jouer les salons des refusés en accrochant 'A Noiva' (« la mariée ») de Joana Vasconcelos sous sa nef, après que l’œuvre la plus célèbre de l'artiste portugaise ait été interdite de séjour au château du Roi Soleil. Une absence qui fait tache dans son exposition personnelle chez Louis XIV (jusqu’au 30 septembre), où l’immense lustre blanc, clin d'œil au mobilier luxueux des siècles derniers, avait toute sa place. Dommage, donc, que l’œuvre n’ait pas eu l’occasion de dialoguer avec les lieux – la faute à la pudibonderie des associations versaillaises ultra-conservatrices, et aux commissaires du patrimoine qui ont cédé à leur pression. C'est que la fameuse « mariée » n’est pas tout à fait voilée de cristal de chez Christofle... En s’approchant de l’immense cascade étincelante, on s’aperçoit que sa robe pure et immaculée n’est faite d’autre chose que de tampons hygiéniques – purs et immaculés, certes, mais trop proches des préservatifs et du lubrifiant dans les rayons du supermarché pour ne pas titiller la censure.

Pourtant, et on s’en rend compte au premier coup d’œil, ‘A Noiva’ est une œuvre réellement belle, pudique et subtile. L’effet trompe-l’œil fonctionne à merveille. On est à mille lieues de la culotte sale de Tracey Emin, ou d’une quelconque provoc’ choquante ou gratuite. L’œuvre de Joana Vasconcelos rend au contraire, avec ironie et intelligence, son éclat virginal à ce qui reste, après tout, un symbole de féminité. Sa force réside dans sa manière de remplir à la fois son rôle décoratif (de lustre), et d'évoquer une foule de pistes de lecture : il s'agit autant de briser les tabous de la « toilette intime », de subvertir notre notion du luxe et de la vulgarité, que d'ériger une sorte de monument loufoque à la fécondité. En laissant circuler la lumière estivale à plein pot, la verrière du Centquatre révèle 'A Noiva' sous son meilleur jour, toute perforée de rayons de soleil. Belle revanche. De quoi consoler la mariée ?

A lire aussi :

'Lilicoptère', 2012> Notre critique de l'exposition de Joana Vasconcelos au château de Versailles

Infos

Site Web de l'événement
www.104.fr
Adresse
Prix
Entrée libre
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi