Le printemps pointe (enfin) le bout de son nez. Retour attendu d’une saison que d’aucuns associent à celle des amours. Pourquoi pas. C’est donc aux bras d’un date, d’amants ou d’amis qu’il est conseillé de vous rendre à la MEP pour découvrir Love Songs. Une expo rassemblant 14 séries comme autant de réponses possibles à la question cruciale, urgente, et éternelle sans doute : Qu’est-ce que l’amour ? Séduisante proposition, qui aura pourtant tôt fait de nous laisser un arrière-goût amer.
Bien sûr, personne ne boudera son plaisir en (re)découvrant une grappe d’incontournables. À l’exemple du Voyage sentimental prolongé en Voyage d’hiver de Nobuyoshi Araki, qui retrace l’idylle vécue avec son épouse Yoko, depuis les célébrations de leurs noces à sa brutale disparition. Il y a également les clichés ambiance « journal intime » trash de Nan Goldin, les pièces étonnamment attendrissantes de Larry Clark ou l’hommage d’Hervé Guibert à son partenaire Thierry.
Problème : ces portraits et scènes de vie souffrent d’une valorisation scénographique qu’on aurait espéré moins sage, vu la thématique abordée. Seule une salle au 3e étage détonne avec l’accrochage des pièces passionnelles du couple JH Engström & Margot Wallard sur fond de paysages urbains, ou ruraux. Ça frappe, ça claque, ça sent le coup de foudre. Voilà ce qu’on était venu chercher à la MEP.
Aussi, en optant pour la répartition chronologique des séries (« face A » 1950 - 2000, « face B » 2000-aujourd’hui) l’institution prend le risque d’une organisation disparate – voire arbitraire (les dates, juste les dates). Et sacrifie l’idée d’un modèle thématique du style amour filial, amour infidèle, amour fraternel… Schéma qui, peut-être, aurait permis de répondre avec plus de précision à l’interrogation première de l’expo à propos de la nature et des possibles déclinaisons de l’amour. Dommage.