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Fontaine Stravinsky
© Clement DORVAL / Mairie de Paris

Paris arty : où sont les femmes ?

Petit guide arty et féministe en dix œuvres majeures à zieuter à Paris.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
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Si la star de Paname est la Dame de fer, notre chère capitale semble pourtant bien être une ville de mecs, du moins au premier coup d’œil : 95 % de noms de rues masculins, une place des Grands Hommes et surtout, aucun musée dédié à la création féminine. Pourtant, capitale de la culture oblige, les meufs contribuent bel et bien au rayonnement “matrimonial” qui fait tant rêver nos amis outre-Atlantique. Des visites “Street art et féminisme”, des performances chocs de Deborah de Robertis dans les galeries ou des nocturnes arty dédiées, impossible de continuer à nier la présence des femmes intra-muros. Et si l’on entrait dans les musées en mode “Who run the world ? GIRLS !” ? On vous propose un petit guide des œuvres les plus girl power de la capitale !

Paris arty : où sont les femmes ?

1. La Traversée - Eva Jospin

Sorte de Champs-Elysées de la graille française sorti du four en 2018, Beaupassage accueille une brochette de noms rutilants, de Pierre Hermé à Thierry Marx en passant par Anne-Sophie Pic. Mais ce qui nous botte surtout là-bas, c’est l’intervention artistique d’Eva Jospin – la fille de Lionel tout à fait –, qui signe une œuvre monumentale immersive. Celle qui a fait du carton un matériau noble imagine une vaste sculpture brune, une longue forêt que le visiteur est invité à traverser. Entre lumière tamisée et bouleaux plus vrais que nature, l'œuvre de 28 mètres de long et 5,30 de haut fait un vrai carton (oh oh).

Où ? boulevard Raspail, Paris 14e.

Maison d’Agnès Varda
© DR

2. Maison d’Agnès Varda

88, rue Daguerre. Des rayures violettes, à l’instar de sa chevelure iconique. C’est ici qu’Agnès Varda habitait et donnait du rose aux joues de la grisaille parisienne. Sans surprise, la maison de cette grande cinéaste, femme dans un milieu d’hommes et militante pour l’égalité des sexes, est devenue depuis sa disparition un lieu de recueillement pour tous. Espérons que son héritage donne lieu à une nouvelle vague de féminisme…

Où ? 88 rue Daguerre, Paris 14e

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3. The Welcoming Hands - Louise Bourgeois

Les flâneurs des Tuileries connaissent bien ces mains. Signé Louise Bourgeois, The Welcoming Hands est un ensemble de cinq sculptures en bronze représentant des paumes et des bras entrelacés réalisé en 1996. Installée à deux doigts du Jeu de Paume, l’œuvre évoque la propre expérience d’immigration de l’artiste vers les Etats-Unis, elle qui a quitté la France en 1938 pour épouser l’historien d’art américain Robert Goldwater. Acquise en 2000 par l’Etat, l'œuvre reposant sur des socles en granit est un symbole d’accueil et de bienveillance, clairement pas de trop aujourd’hui. 

Où ? Jardin des Tuileries, Paris 1er.

Fontaine Stravinsky - Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely
© Clement DORVAL / Mairie de Paris

4. Fontaine Stravinsky - Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely

“Rendez-vous devant la fontaine à côté de Beaubourg !” Entouré de bars, ce spot agréable est en réalité une œuvre réalisée à quatre mains par Niki de Saint Phalle et son compagnon Jean Tinguely et érigée en l’honneur du compositeur. Colorée et complexe, cette installation incontournable de Paname fait place, ne l’oublions pas, à l’une des figures les plus importantes du féminisme dans l’histoire de l’art : la Nana. Voluptueuse, chaleureuse et sûre d’elle, on en fait notre idole, en espérant qu’elle veille sur nous.

Où ? Rue Brisemiche, Paris 4e

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Mosaïque “La Voix lactée” - Geneviève Cadieux
© Bruno Marguerite / RATP

5. Mosaïque “La Voix lactée” - Geneviève Cadieux

Celles et ceux qui s’échinent régulièrement à faire le changement entre la ligne 14 de Saint-Lazare et la 9 à Saint-Augustin connaissent cette œuvre sur le bout des lèvres. Au bout d’un long couloir blanc, une bouche géante, légèrement entrouverte, semble vouloir nous murmurer un secret. Réalisée dans le cadre des échanges culturels entre la RATP et la Société des transports de Montréal, cette mosaïque monumentale (2,50 x 4 mètres) calée dans une alcôve souterraine est signée de l’artiste canadienne Geneviève Cadieux. Inaugurée le 4 octobre 2011, l’installation s'inspire d’une autre des réalisations de la photographe, La Voie lactée, présentée depuis 1992 sur le toit du musée d’Art contemporain de Montréal. Déclinée ici dans une version prévue pour s’imbriquer au milieu des carreaux de métro typiquement parisiens, l'œuvre est accompagnée de vers de la poétesse Anne Hébert, elle aussi native du pays des caribous.

Où ? Station de métro Saint-Lazare, Paris 9e.

Fontaine labyrinthe - Marta Pan
© DR

6. Fontaine labyrinthe - Marta Pan

En 1980, la Ville de Paris organise un concours pour faire sortir de terre des fontaines à différents endroits de la capitale. L’une des gagnantes, l’artiste franco-hongroise Marta Pan, est chargée de décorer la place des Fêtes, usinant pour l’occase un ensemble de cinq bassins excentriques en forme de labyrinthe. Proche de Brancusi et du Corbusier, Marta Pan entretient un rapport particulier avec l’eau, réalisant régulièrement des structures flottantes, aquatiques ou des murs d’eau. La personne idéale, donc, pour l’élaboration de ce dédale pavé de galets blancs, un amphithéâtre sur lequel l’eau ruisselle tout doucement.

Où ? Place des fêtes, Paris 19e.

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Le mur des je t'aime - Claire Kito et Frédéric Baron
© Marina Datsenko / Shutterstock.com

7. Le mur des je t'aime - Claire Kito et Frédéric Baron

Le v’la, le rendez-vous des touristes du monde entier venus se chin… déclarer leur flamme dans la ville de l’amour. Plantée dans le quartier touristico-romantique de Montmartre, la fresque, initiée par l’artiste pluridisciplinaire Frédéric Baron, se déploie depuis 2000 dans le square Jehan-Rictus. Le concept ? Elle rassemble plus de 250 idiomes et dialectes du monde entier, qui disent tous la même chose : “je t’aime”. Pour enjoliver ces déclarations d’amour, le plasticien a fait appel à Claire Kito, responsable d'un atelier de calligraphie chinoise, qui s’est chargée d’assembler les différentes écritures sur 612 carreaux de lave émaillée.

Où ? Square Jehan-Rictus, Paris 18e.

Parcours de la Butte-aux-Cailles
Time Out

8. Parcours de la Butte-aux-Cailles

La Butte-aux-Cailles est réputée pour ses ruelles pentues où les graffeurs, connus et inconnus, laissent courir leur inspiration. Ainsi, dans une artère subsidiaire de la rue du Moulin-des-Prés, des pochoirs de Jana & JS partagent un pan de mur avec les fresques de Nemo et Jef Aérosol. Et autant le dire : les femmes sont plus que représentées ! Un peu plus loin, sur les immeubles de la rue des Cinq-Diamants, c’est la silhouette de Miss.Tic et ses savoureux jeux de mots qui s’exposent langoureusement. Également sur les murs : Lily Luciole, et son travail sur l’identité, l’image de soi, la féminité et le corps ; Alys Cheshire, sa Blanche-Neige armée et son texte qui tape dans le mille (« Fuck being a Princess, give me the key to wonderland ») ; ou encore les femmes-vulves de Wild wonder woman ou les clitoris artistiques de MarsL. Autant d’œuvres engagées qui transportent le badaud dans un univers en 2D, décousu mais enchanté, parfaitement intégrées dans le paysage de cette « Butokaï » au caractère historiquement insurgé. Véritable galerie d’art en plein air.

Où ? Butte-aux-Cailles, Paris 13e
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Genre libre - Kashink
© EQRoy / Shutterstock.com

9. Genre libre - Kashink

A Paris, les femmes s’expriment aussi sur les murs. Kashink, boss de l’Est parisien, lézarde ceux du 20e avec ses figures colorées, de la rue des Pyrénées au quartier Saint-Blaise. Sorte de Frida Kahlo 2.0, Maeva Martinez – c’est son nom – détourne l’autoportrait classique pour proposer de multiples déclinaisons d’elle-même en grands formats, peints sur les murs de la capitale. Issus de sa série Genre libre, ces personnages mixent les codes du masculin et du féminin, à l’image de l’artiste de 42 ans qui arbore quotidiennement une moustache dessinée au crayon. Inspirée par les masques traditionnels et l’art mural mexicain, elle met la focale sur la quête d’identité, parfois cachée derrière une façade sociale. 

Où ? 101 rue des Pyrénées, Paris 20e.

Statue de Jean Siméon Chardin - Hélène Bertaux
Hélène Bertaux 1864 par Étienne Carjat - BNF Gallica / Hotel de Ville par Henri Garat

10. Statue de Jean Siméon Chardin - Hélène Bertaux

Remarquable par le rôle central qu’elle a joué dans la formation et la reconnaissance des femmes artistes, la sculptrice pionnière Hélène Bertaux a aussi été la seule femme invitée à orner la nouvelle façade de l’hôtel de ville, toastée après l’incendie du bâtiment survenu dans les ultimes jours de la Commune de Paris en mai 1871. Le projet, mis en œuvre entre 1874 et 1882, a consisté à ériger une pantagruélique frise des Parisiens et Parisiennes illustres. Parmi ces statues, seulement six portraits représentent des femmes, et Hélène Bertaux est la seule sculptrice à participer, burinant le portrait du peintre français Jean Siméon Chardin (1699-1779). 

Où ? Place de l’Hôtel de Ville, Paris 4e.

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