Pour qui ? Tous ceux qui n’ont jamais pris la bonne rue pour voir le travail de Banksy
Voir quoi ? Un travail scénographique plus qu’autre chose
Faire une expo sur Bansky, c’est risqué. D’abord parce que l’artiste se situe dans une zone juridique floue, ne signant jamais ses œuvres et ne montrant jamais son visage. Ensuite parce que ça relance l’éternel débat du street art au musée. Les œuvres doivent-elles rester dans la rue ou ont-elles leur place dans un cube blanc ? C’est avec ces questions en tête qu’on s’est rendu à l’expo The World of Banksy, présentée comme une “rétrospective” à l’Espace Lafayette-Drouot.
Les premiers pas sont sans surprise. Pochoirs de rats, le lanceur de fleurs ou encore la colombe au gilet pare-balles : c’est un florilège de graffs iconiques qui accueillent le spectateur. Ça fonctionne mais on ne peut s’empêcher de se demander d’où viennent ces œuvres. Ni numérotée, ni signée, sa célèbre Petite Fille au ballon a plutôt l’air ici d’un poster acheté à Châtelet que d’une toile certifiée. Sur son site, l’artiste précise d’ailleurs bien que l’expo est “fake”.
Si l’on s’en tient strictement à la forme, on peut saluer l’effort scénographique : la réplique du mur de séparation entre Israël et la Palestine ou encore la reconstitution d’une des chambres du Walled Off Hotel en jettent même carrément. Organisé par villes d’action, l’événement passe ensuite de Bethléem à Paris et c’est non sans émotion que l’on y retrouve le pochoir dit de la “jeune femme éplorée”, déposé sur la porte du Bataclan après les attentats et dérobé six mois après. D’autres salles consacrées à New York et à Londres complètent un ensemble un peu fade qui aura sa place sur Instagram, mais sans doute pas dans l’Histoire.
