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François Truffaut
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François Truffaut en 19 films cultes

François Truffaut sur Netflix ! L'occasion de revenir sur les films cultes qui ont marqué sa carrière.

Houssine Bouchama
Écrit par
Houssine Bouchama
et
Alexandre Prouvèze
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Disparu il y a plus de trente ans, François Truffaut se voit honoré par le mastodonte des plateformes de streaming : Netflix. La firme américaine a signé un partenariat avec MK2 pour pouvoir piocher dans son catalogue de classiques, qui contient 12 films du plus famous des cinéastes de la Nouvelle Vague. Parmi eux ? La saga centrée sur l'alter ego de Truffaut, Antoine Doinel – interprété par l'impressionnant Jean-Pierre Léaud –, dont le premier volet, Les Quatre Cents Coups, est le manifeste esthétique et le fer de lance de la Nouvelle Vague naissante (A bout de souffle sortira l'année suivante). Chez Time Out, en fans inconditionnels du bonhomme, il ne nous en fallait pas plus pour revenir sur la carrière du réalisateur et vous proposer non pas 12 mais 19 films truffaldiens à mater sur son canapé. A vous les studios !

Les douze films à streamer sur Netflix : Les Deux Anglaises et le Continent, La Femme d’à côté, La Peau douce, Le Dernier Métro, Les Quatre Cents Coups, Baisers volés, Tirez sur le pianiste, L’Amour en fuite, Jules et Jim, Vivement dimanche !, Fahrenheit 451 et Domicile conjugual.

François Truffaut en 19 films cultes

Les Mistons (1958)
© Films du Carrosse

Les Mistons (1958)

Véritable premier court-métrage de Truffaut, réalisé alors qu'il n'a que 25 ans, Les Mistons met en scène deux obsessions du cinéaste qu'on retrouvera dans l'intégralité de ses films : l'amour (ou la séduction) et l'enfance. Déjà influencé par Renoir (notamment par La Règle du jeu) et Rossellini, Truffaut y suit une bande de jeunes garçons de Nîmes, qui, jalousement, pourrissent le quotidien d'un couple formé par Gérard Blain et Bernadette Lafont, dont c'est ici la première apparition à l'écran.

  • Cinéma
  • Drame

Sans doute l'un des premiers longs-métrages les plus célèbres de l'histoire du cinéma français, Les Quatre Cents Coups apparaît en 1959 comme le manifeste esthétique et le fer de lance de la Nouvelle Vague naissante (A bout de souffle sortira un an après). Il s'agit du premier épisode de la saga centrée sur l'alter ego de Truffaut, Antoine Doinel, interprété par un Jean-Pierre Léaud d'à peine 15 ans. Largement autobiographique et tourné en décors naturels, Les Quatre Cents Coups a reçu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Et il reste, plus de cinquante ans après sa sortie, un film aussi charmant qu'incontournable.

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Tirez sur le pianiste (1960)
Tirez sur le pianiste

Tirez sur le pianiste (1960)

Alors qu'il commence à connaître le succès comme chanteur avec Je m'voyais déjà en 1960, Charles Aznavour, alors âgé de 36 ans, interprète le rôle principal de ce drôle de polar digressif, adapté du roman Down There de David Goodis. Jouant au second degré avec le cinéma de genre, Truffaut en profite pour inviter le truculent Bobby Lapointe, donnant lieu à l'interprétation d'une chanson délicieusement humoristique…

  • Cinéma
  • Drame

C'est un tendre triangle amoureux, inspiré du roman éponyme d'Henri-Pierre Roché, qui se trouve au centre du premier grand film d'amour de Truffaut : celui constitué par Jules (Oskar Werner), Jim (Henri Serre) et Catherine (Jeanne Moreau). Déjà, Truffaut développe un ton inédit et très personnel pour parler d'amour. Nulle trace ici de morale, de jalousie maladive ou de crise d'hystérie. Au contraire, on assiste à un mélange délicat d'amour et d'amitié, de tendresse, de légèreté et de jeu. En prime, toujours sensible à la musique, le réalisateur s'adjoint les services du compositeur, peintre et écrivain Serge Rezvani, pour une inoubliable chanson pleine de mélancolie douce et d'amour de la vie. A l'image de ce film.

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  • Cinéma
  • Drame

Film assez méconnu de François Truffaut, La Peau douce, histoire d'adultère qui vire au désir de meurtre, fut tourné en à peine trois mois, selon le souhait du cinéaste de réaliser un film « indécent, complètement impudique, assez triste, mais très simple », ainsi que le rappelle l'excellente biographie du cinéaste par Antoine de Baecque et Serge Toubiana. A noter pour l'anecdote que Truffaut retrouve ici Jean-Pierre Léaud, son double des Quatre Cents Coups, non plus devant la caméra, mais derrière, en tant qu'assistant réalisateur.

  • Cinéma
  • Drame

Après le moyen-métrage Antoine et Colette en 1962, Truffaut renoue ici avec son personnage fétiche, Antoine Doinel (toujours interprété par Léaud), près de dix ans après les Quatre Cents Coups. Désormais jeune homme, Antoine y apparaît en amoureux hésitant entre une jeune fille de son âge, Christine (Claude Jade), et une femme plus âgée, Fabienne Tabard (Delphine Seyrig), l'épouse de son patron. Plein de fantaisie, Baisers volés confirme le personnage d'Antoine comme alter ego de Truffaut, mêlé à des références littéraires – en l'occurrence, celles du Lys dans la vallée d'Honoré de Balzac. Mais ce film est aussi l'occasion pour Jean-Pierre Léaud de montrer l'étendue de son talent oratoire, comme lors de cette inoubliable scène où Antoine psalmodie devant un miroir les noms des deux femmes qu'il aime.

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La mariée était en noir (1968)
La mariée était en noir

La mariée était en noir (1968)

Retrouvant Jeanne Moreau six ans après Jules et Jim, Truffaut montre qu'il est un réalisateur fidèle à ses acteurs. Avec La mariée était en noir, le cinéaste retrouve le genre du polar qu'il affectionne particulièrement – et dans lequel il se trouve d'ailleurs plongé en 1968, en pleine écriture de son livre d'entretiens avec Alfred Hitchcock. Histoire de vengeance comme plat qui se mange froid, le film est l'occasion pour le réalisateur de dresser une galerie de portraits d'hommes à abattre, mêlant Charles Denner, Claude Rich, Michael Lonsdale (à nouveau) ou Michel Bouquet. Quelques très grands numéros d'acteur et un film qui n'est finalement pas si loin d'un Kill Bill à la française, trente-cinq ans plus tôt.

L'Enfant sauvage (1969)
L'Enfant sauvage

L'Enfant sauvage (1969)

Pour ce long-métrage, Truffaut renoue avec le thème de l'enfance, s'inspirant d'une histoire vraie, celle d'un gamin sauvage retrouvé dans le Tarn à la fin du XVIIIe siècle, d'après les écrits du docteur qui le recueillit, Jean Itard (interprété par Truffaut lui-même). Film en costume, mais assez minimaliste (tourné avec une petite équipe dans la propriété d'un ami du cinéaste dans le Puy-de-Dôme), L'Enfant sauvage reste aussi l'un des premiers grands rôles de Truffaut devant sa propre caméra.

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Domicile conjugal (1970)
© Films du Carosse

Domicile conjugal (1970)

Deux ans après Baisers volés, Antoine Doinel s'est finalement marié avec Christine, avec qui il aura bientôt un enfant, Alphonse. Toujours léger et volage, Antoine prend ici toute son ampleur en personnage lunaire, bavard et terriblement touchant. Il faut dire que, depuis Les Quatre Cents Coups, son interprète, Jean-Pierre Léaud, est devenu l'un des acteurs fétiches de Godard (avec lequel il a tourné huit films au cours des années 1960), croisant aussi la caméra des jeunes réalisateurs Jean Eustache, Philippe Garrel et du sulfureux Pasolini. Face à lui, Claude Jade, dans le rôle de Christine, paraît elle aussi impeccable.

Les Deux Anglaises et le Continent (1971)
Les Deux Anglaises...

Les Deux Anglaises et le Continent (1971)

A nouveau Jean-Pierre Léaud. A nouveau une adaptation par Jean Gruault, scénariste attitré de Truffaut, d'un roman de l'auteur de Jules et Jim, Henri-Pierre Roché. A nouveau un triangle amoureux et une musique de Georges Delerue, l'incontournable compositeur de la Nouvelle Vague… Les Deux Anglaises et le Continent avance en territoire connu, mais avec une densité de sentiments encore inédite chez Truffaut, grâce à un usage de la voix off extrêmement riche et stimulant. A mi-chemin entre cinéma et littérature, Truffaut considère que c'est dans ce film que son acteur phare a dépassé le personnage d'Antoine Doisnel, livrant une performance qui s'aventure parfois jusqu'au mutisme. D'ailleurs, la même année, ce beau parleur de Léaud creusera la tendance en jouant un jeune sourd-muet dans l'impressionnant film fleuve (12h30) de Jacques Rivette, Out 1 : Noli me tangere.

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  • Cinéma
  • Comédie

Présent une nouvelle fois devant et derrière la caméra, François Truffaut livre avec La Nuit américaine son film le plus « méta ». Dans cette mise en abyme où il interprète un réalisateur sur un tournage, Truffaut développe un plaidoyer pour le cinéma comme catharsis et remède aux turpitudes de la vie. En témoigne cette scène où son éternel Jean-Pierre Léaud se prend une véritable leçon nocturne, après avoir demandé à la cantonade : « Personne veut me passer 10 000 balles pour aller au bordel ? »

L'Histoire d'Adèle H. (1975)
© Films du Carosse

L'Histoire d'Adèle H. (1975)

En 1975, Truffaut offre à la jeune Isabelle Adjani, 20 ans, l'un de ses premiers et de ses plus grands rôles : celui de la deuxième fille de Victor Hugo, Adèle, devenue folle après avoir été rejetée par un officier anglais qui ne partageait pas vraiment sa passion amoureuse… Film assez court (80 minutes) et en costumes (comme l'étaient L'Enfant sauvage ou Les Deux Anglaises et le Continent), L'Histoire d'Adèle H. peut apparaître comme un film assez mineur du réalisateur, deux ans après La Nuit américaine. Il mérite pourtant d'être vu, ne serait-ce que pour l'intensité du jeu de son interprète principale.

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L'Argent de poche (1976)
© Films du Carosse

L'Argent de poche (1976)

Comme une suite thématique aux Quatre Cents Coups et à L'Enfant sauvage, L'Argent de poche sera le dernier film de Truffaut à traiter du thème de la jeunesse. On y suit un groupe d'enfants à l'école et en colonie de vacances. Entre la légèreté digressive pleine de détails du quotidien chère à Truffaut, et la violence des parents maltraitants d'un des jeunes protagonistes, ce long-métrage est l'occasion pour le réalisateur d'un discours frontal sur les droits de l'enfant – en écho probable à sa propre enfance chaotique.

L'Homme qui aimait les femmes (1977)
L'homme qui aimait les femmes

L'Homme qui aimait les femmes (1977)

Avec ce film très autobiographique, Truffaut livre un chant d'amour à la féminité, voire à toutes les féminités : « Les jambes de femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie… » Chaque femme constitue une aventure singulière et irremplaçable : voilà l'idée que développe le personnage interprété par Charles Denner, écrivain dont la passion pour les femmes sera à l'origine de la création littéraire… et de la mort ! Rassurez-vous, ce n'est pas un spoiler : le film commence par l'enterrement de son héros, ni macho ni érotomane, mais amoureux délicat, sensible à la diversité des sentiments, de l'amour platonique à un désir purement charnel.

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La Chambre verte (1978)
La Chambre verte

La Chambre verte (1978)

Pour la dernière fois de sa carrière, François Truffaut apparaît devant sa caméra dans ce film méconnu de 1978, inspiré de plusieurs nouvelles de Henry James, où il incarne l'ami hanté d'un homme récemment devenu veuf. Loin de la frivolité douce (quoique vertigineuse) de son précédent film, Truffaut aborde ici les thèmes de la mort, de l'amour et du souvenir avec une sensibilité qui peut prendre aux tripes, tout en retrouvant, à travers le personnage d'un enfant handicapé auquel le sien apprend à parler, le thème principal de L'Enfant sauvage.

L'Amour en fuite (1979)
© Films du Carosse

L'Amour en fuite (1979)

Epilogue des aventures amoureuses d'Antoine Doinel, L'Amour en fuite est sans doute, de l'avis même de Truffaut, l'épisode le moins réussi autour du personnage incarné par Jean-Pierre Léaud, dont c'est ici la dernière collaboration avec le cinéaste. En 1979, les temps ont changé : l'héroïsme libertaire de Mai 68 est déjà loin et l'insouciance du personnage de Doinel ne fonctionne plus vraiment. A 35 ans, l'acteur prodige lancé par Les Quatre Cents Coups, ultra-prolifique dans les 60's, semble se préparer à une traversée du désert dont il ne sortira que pour jouer chez ses frères – ou sœurs – d'armes (Varda, Garrel), avant de renaître à partir du milieu des années 1990 chez Assayas, Belvaux ou Kaurismäki. D'où une mélancolie, presque râpeuse, qui émane a posteriori de cet Amour en fuite (malgré la présence inattendue de la future présentatrice pour enfants, Dorothée).

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Le Dernier Métro (1980)
© Films du Carosse

Le Dernier Métro (1980)

Avec près de 4 millions d'entrées en France, Le Dernier Métro fut l'un des films les plus populaires de François Truffaut, récompensé de presque tous les César (meilleur film, réalisateur, scénario, acteur, actrice, montage, musique, décor…), écrasant exagérément tous les autres films sortis cette année. Un exploit pour cette fresque adaptée d'une pièce de Jean Renoir, Carola (ce que l'on mentionne peu, mais qui conserve son importance), et où se mêlent les thèmes du théâtre et de l'Occupation, tandis que Depardieu et Deneuve se tournent autour avec incertitude…

  • Cinéma
  • Drame

Après son Dernier Métro aux airs de blockbuster historique, Truffaut revient au quotidien et aux histoires d'amour avec La Femme d'à côté, où il met en scène Fanny Ardant, sa compagne de l'époque, aux côtés de Gérard Depardieu – qu'il retrouve ainsi pour la deuxième fois consécutive. Bernard (Depardieu) est marié. Mathilde (Ardant) également. Leurs couples se fréquentent, s'apprécient. Mais Mathilde et Bernard ont eu une aventure, dans le passé, que leurs conjoints ignorent. Chassé-croisé romantique et sensuel, La Femme d'à côté est l'ultime romance truffaldienne, servie par des dialogues et un art de la parole toujours aussi vifs.

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Vivement dimanche ! (1983)
© Films du Carosse

Vivement dimanche ! (1983)

Dernier film de Truffaut (qui mourra d'une tumeur cérébrale à 52 ans en octobre 1984), Vivement dimanche ! est un polar humoristique au second degré, tourné en moins de deux mois, fin 1982. Fanny Ardant y interprète la secrétaire de Jean-Louis Trintignant, secrètement amoureuse de lui et menant l'enquête tandis qu'il se voit accusé d'un double meurtre. Renouant finalement avec la veine (et le noir et blanc) de Tirez sur le pianiste, Vivement dimanche ! n'a rien d'un requiem à la Mozart. Au contraire, c'est un film espiègle, où brillent l'humour, le charme pétillant et la voix rocailleuse de l'ardente Fanny.

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