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Les meilleurs films d'Alfred Hitchcock

Le maître du suspense analysé par dix cinéastes contemporains : David Cronenberg, John Carpenter, William Friedkin, Kenneth Branagh, Stephen Frears…

Écrit par
La Rédaction
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D’Alfred Hitchcock, tout a déjà été dit, vu et entendu, à coups de grosses rétrospectives au cinéma et de rééditions de bouquins lancinants. Il faut dire que le bonhomme, considéré par la critique comme le maître incontesté du suspense, sait y faire en matière de chefs-d’œuvre : Fenêtre sur cour, Psychose, La Mort aux trousses ou encore Les Oiseaux

Alors forcément, quand on a appris que le réalisateur allait être célébré sur la plateforme de streaming Netflix, qui vient d’ajouter à son catalogue le film Sueurs froides (Vertigo en VO), on s’est dit que c’était le moment pour (re)mettre un coup de projecteur sur l’un des plus grands artistes du siècle dernier. Mais plutôt que d’établir un énième classement des meilleurs films de sa carrière (quitte à s’entre-tuer à coups de mails assassins), on s’est dit qu’on allait plutôt laisser la parole à ses pairs.

Ils s’appellent David Cronenberg, John Carpenter ou William Friedkin. Tous vantent l’influence de Hitchcock et tous ont un avis sur l’œuvre la plus importante du cinéaste. Et vous, quel est votre préféré ?

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Les meilleurs films d'Alfred Hitchcock analysés par dix cinéastes

Fenêtre sur cour (1954) par David Cronenberg
Fenêtre sur Cour

Fenêtre sur cour (1954) par David Cronenberg

« J’ai dû longuement réfléchir pour vous répondre, sachant que j’aurais eu envie de parler de tous les films d’Hitchcock. Je crois n’en avoir loupé aucun. Ceci dit, j’aimerais particulièrement mettre en avant Fenêtre sur cour, l'un de ceux qui m’a le plus fortement influencé : un film intense, bourré de connotations érotiques.

Grace Kelly, blonde, élégante, y incarne une sexualité cool, ainsi qu’Hitchcock aimait les femmes. Et je me dis maintenant que, par son rétrécissement de l’espace – James Stewart ayant une jambe cassée, il se trouve immobilisé, confiné dans un environnement clos – ce film a inspiré nombre des miens, en particulier Cosmopolis (qui se déroule presque exclusivement à l’arrière d’une limousine). »

David Cronenberg est le réalisateur de La Mouche, Videodrome et Cosmopolis.

Sueurs froides (1958) par John Carpenter
Vertigo

Sueurs froides (1958) par John Carpenter

« Sueurs froides (Vertigo en VO) reste une œuvre intemporelle, qui pénètre profondément votre inconscient. C’est un film très sombre, un véritable cauchemar, incroyable d'un point de vue technique – que ce soit en termes de musique, de montage, de couleurs ou de rythme. Je ne suis pas sûr que les spectateurs de 1958 (moi y compris, puisque je l’ai découvert à l’âge de 10 ans) aient réalisé ce qui se passait alors avec ce film. Depuis, tous les réalisateurs qui se sont frottés au suspense ont copié Hitchcock. Voire, quiconque a un jour assemblé deux prises filmées s’en est inspiré, d’une manière ou d’une autre. »

John Carpenter est le réalisateur de Halloween et The Thing

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La Mort aux trousses (1959) par William Friedkin
La Mort aux Trousses

La Mort aux trousses (1959) par William Friedkin

« J’ai eu l’occasion de réaliser le dernier épisode de l'émission Alfred Hitchcock présente pour la télévision, en 1965. J’étais alors très jeune. Un jour, Hitchcock s’est présenté sur le plateau pour me saluer. Il m’a tendu sa main, qui ressemblait vaguement à un poisson mort, et je lui ai dit combien j’étais honoré de le rencontrer. Il m’a dévisagé et lancé : "M. Friedkin, d’habitude les réalisateurs portent une cravate." Pour ma part, j'étais en t-shirt et baskets... Désormais, lorsque je m’adresse à des étudiants en cinéma, j’ai l’habitude de leur dire : "Inutile d’aller à l’école. Regardez plutôt Hitchcock." De tous ses films, je dirais que La Mort aux trousses (North by Northwest) est le meilleur, traitant de l’un de ses thèmes favoris : un quiproquo autour de l’identité de son personnage. »

William Friedkin est le réalisateur de L’Exorciste et de Killer Joe

Soupçons (1941) par Joanna Hogg
Soupçons

Soupçons (1941) par Joanna Hogg

« Dès qu’on me parle d’Hitchcock, je repense à Soupçons, l'un de ses films que j’aimerais vraiment revoir. Je l’ai regardé dans les années 1980, alors que je sortais avec un type sur lequel j’avais, justement, pas mal de doutes – certes, il n’allait pas m’assassiner, mais je me disais bien qu’il me mentait. Or, des détails tout simples semblent d’un coup devenir signifiants, lorsqu’on est soupçonneux… Par exemple, l'un des trucs d’Hitchcock pour ce film fut de cacher une lumière à l’intérieur d’un verre de lait : alors, empoisonné ou pas ? »

Joanna Hogg est la réalisatrice de Unrelated et Archipelago

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Marnie (1964) par Mark Cousins
Marnie

Marnie (1964) par Mark Cousins

« L’œuvre d’Hitchcock à laquelle je repense le plus est Marnie (sorti en France sous le titre Pas de printemps pour Marnie). Peut-être parce qu’il s’agit du film où son antiréalisme naturel est le moins contrôlé, et qu'il semble essentiellement fondé sur l’inconscient (le sexe, les orages, les peurs irrationnelles). Et sur un plan plus technique, ses cadres et mouvements de caméra sont tout simplement incroyables.

Mais peut-être est-ce d'abord par ses qualités humaines que le film m’a tant marqué. Tippi Hedren a l’air en transe pendant la majeure partie du film. Et j’adore cela. Elle se retrouve souvent seule, notamment lors de cette incroyable scène à la gare, au début du film. Sa folie latente, sa solitude, et la qualité des couleurs et textures (notamment des vêtements), font de Marnie, pour moi, l’équivalent d’une œuvre d’art de Louise Bourgeois. »

Mark Cousins est critique et réalisateur de The Story of Film et What Is This Film Called Love ?

Psychose (1960) par Ben Wheatley
Psychose

Psychose (1960) par Ben Wheatley

« J’aime vraiment le fait que Psychose ait été réalisé avec une petite équipe de télé, en réaction aux blockbusters hollywoodiens de l’époque. Hitchcock tenait à être libre pour ce film, et il fit en sorte que ce soit le cas. Le résultat est d’une modernité folle – avec sa structure incroyable, sa profondeur psychologique et son détournement de la narration, lorsqu’il décide de tuer le personnage de Janet Leigh. Son incroyable maîtrise sur ce film me paraît indépassable. »

Ben Weathley est le réalisateur de Kill List et Touristes

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Strangers on a Train (1951) par Joe Wright
Strangers on a Train

Strangers on a Train (1951) par Joe Wright

« Clairement le film d’Hitchcock que j’aime le plus, à la fois pour son élégance, sa simplicité et son audace formelle. Mais également pour la performance de Robert Walker, qui incarne l’un des deux étrangers (auxquels fait référence le titre original du film : Strangers on a Train, plus explicite que le titre français L'Inconnu du Nord-Express) qui s’accordent pour perpétuer leurs meurtres. »

Joe Wright est le réalisateur de Orgueil et préjugés et de Anna Karénine

Sueurs froides (1958) par Kenneth Branagh
Sueurs froides

Sueurs froides (1958) par Kenneth Branagh

« C’est un Hitchcock au sommet de son œuvre et de sa maturité qu’on retrouve avec ce film, dont le style et la direction d’acteurs se révèlent impeccables. La musique et la performance borderline de James Stewart sont également grandioses. Quant au retournement final, il reste, aujourd’hui encore, authentiquement flippant. Sinistre, hypnotique et beau, c’est pour moi le parfait exemple d’un thriller psychologique réussi. »

Kenneth Branagh est acteur et réalisateur de Henri V et Thor

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Fenêtre sur cour (1954) par Mike Leigh
Fenêtre sur cour

Fenêtre sur cour (1954) par Mike Leigh

« Sans être un fan absolu d’Hitchcock, j’aime beaucoup Fenêtre sur cour. Je trouve que c’est un film à part dans son œuvre, par sa chaleur, son humanité. On l’a accusé de faire l’apologie du voyeurisme, mais c’est n’importe quoi ; de toute manière, tous les films sont voyeurs, dans le sens où ils nous permettent d’observer, comme par le trou d’une serrure, ce qui devrait normalement se dérober à nos regards.

Jimmy Stewart, photographe blessé, immobilisé dans une chaise roulante, se retrouve bloqué dans son appartement – ce qui, par conséquent, est également le cas des spectateurs… et d’Hitchcock lui-même. Ne pouvant déplacer son action, le film préfère ainsi suivre l’existence des individus que Stewart épie depuis sa fenêtre – et qui finissent par représenter un formidable microcosme de la société. Des vies simples, des évènements ordinaires y croisent un meurtre potentiel et une histoire qui m’émeut aux larmes à chaque fois que je regarde ce film.

Car, si Stewart et Grace Kelly sont évidemment splendides avec leurs dialogues pleins d’esprit, quasi-naturalistes, la grande performance méconnue de Fenêtre sur cour reste celle de Judith Evelyn, qui interprète « Mademoiselle Cœur Solitaire » – ainsi que Stewart et Kelly la surnomment. La voir s'amuser avec un compagnon imaginaire, puis s’effondrer de tristesse et de solitude à sa table… C’est tout bonnement dévastateur. Nulle part ailleurs dans son œuvre on ne trouve une séquence aussi pleine de compassion. Ou aussi réelle. »

Mike Leigh est metteur en scène de théâtre et réalisateur de Secrets et mensonges et Another year

Les Enchaînés (1946) par Stephen Frears
Les Enchaînés

Les Enchaînés (1946) par Stephen Frears

« Je me souviens avoir demandé à Anna Massey (l’actrice de Frenzy) à quoi ressemblait Hitchcock. Elle m’avait répondu : « Il peut voir à travers vous. » En fait, je crois que c’était surtout un homme extrêmement intelligent, qui préférait cacher sa finesse sous ses dehors de clown grassouillet. Dans Les Enchaînés (Notorious), la dialectique qu’il instaure entre la psychologie et l’action est brillante. Le résultat semble si complexe, psychologiquement, pour un thriller grand public… Pour un réalisateur, les astuces de mise en scène qu’il emploie sont très utiles : par exemple, la manière dont Les Enchaînés s’ouvre sur le dos de Cary Grant... L’autre jour, je tournais une prise, et j’avais cette ouverture en tête de bout en bout. »

Stephen Frears est le réalisateur de High Fidelity, Les Liaisons dangereuses et Les Arnaqueurs

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