Il était trois fois Maurice Béjart… Près de soixante ans après son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris, l'œuvre du chorégraphe franco-suisse disparu en 2007 continue de faire briller les étoiles, qui l’incarnent avec brio sur la scène de l’Opéra Bastille. Dans un tableau de trois pièces courtes et impactantes, L’Oiseau de feu, Le Chant du compagnon errant et Le Boléro, la soirée offre un bon aperçu d’une œuvre foisonnante (l’homme a signé plus de 250 ballets) et contrastée, ouverte à toutes les influences et imprégnée d’une très grande musicalité. Tantôt graphique, souvent sensuelle, presque érotique, son écriture du mouvement semble n’avoir qu’un devoir : épouser la partition à laquelle elle semble se plier, pour mieux la faire exploser et en décupler l’expressivité.
Point final et d’orgue de la soirée, le mythique Boléro, qui se vit comme un long et palpitant frisson de 25 minutes. Sur une large table ronde, tendue comme la peau d’un tambour, une danseuse (ou un danseur) bat la mesure frénétique et répétitive de l'œuvre emblématique de Ravel. Entouré d’une horde de danseurs qui l’observent avant de le rejoindre dans sa transe de machine prête à sortir de ses gonds, le personnage central (puissamment interprété ce soir-là par l’étoile Amandine Albisson) épouse le long crescendo de la mélodie pour en déboulonner l’apparente simplicité. Le rythme et les danseurs nous emportent dans leur tourbillon, jusqu’à l’obsession. A voir au moins une fois dans sa vie.
Le spectacle est complet, ou ce n’est pas le moment de vous ruiner ? Pro tip pour les moins de 28 ans (et les plus de 65) : à l’Opéra de Paris, des places de dernière minute sont vendues tous les soirs au guichet, même lorsque la représentation est complète, pour la modique somme de 35 €… L’occasion de pécho une place en catégorie Optima (plus de 150 € en temps normal) trente minutes avant le lever de rideau. Hop hop hop !
