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Pourquoi il faut voir 'Ballon sur bitume', le premier documentaire sur le street foot

Écrit par
Emmanuel Chirache
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En banlieue, le foot n'est pas un sport. C'est une seconde nature, une métaphore de la vie, où chacun jouera solo ou collectif selon son inclination, donnera des coups et en recevra. C'est une « arène » aussi, dans laquelle on pavane, un lieu de vie qui accueille les barbecues l'été, une page blanche sur laquelle on graffe les noms des disparus ou celui de la cité. La banlieue et le foot forment deux univers perméables l'un à l'autre, qui partagent les mêmes codes vestimentaires, musicaux ou même humoristiques. Qu'on soit à Argenteuil, à Sevran, dans la cité Danube du 19e ou à Choisy-le-Roi, une chose est certaine : il vaut mieux être sur le « rainté » que sur le banc de touche.

Ce sont ces rapports intimes entre le foot et les quartiers qu'ausculte le passionnant documentaire 'Ballon sur bitume', réalisé par le magazine Yard et Nike Football. En cinquante-deux minutes, le film revient sur l'extraordinaire dynamisme du football de rue, qui s'est démocratisé à la vitesse de Neymar dans toute l'Ile-de-France, grâce à la prolifération des terrains synthétiques et des salles de foot à cinq comme l'Urban ou le Five. On y joue sur de petits espaces, ce qui contraint les joueurs à faire preuve de technique : passements de jambes, dribbles, petits ponts, gris-gris, roulettes, sombreros, le foot de rue se nourrit de spectacle, de gestes « YouTube », qui n'ont pas forcément leur place dans le foot professionnel, plus sérieux et physique.  

Capture d'écran YouTube


« Le street foot, ça rime avec liberté. »

Il faut dire que la formation française a longtemps négligé les petits gabarits techniques, ceux qui règnent en maître sur le street foot. Aujourd'hui, ce temps semble révolu et des joueurs issus des quartiers témoignent dans le documentaire, comme Riyad Mahrez (Leicester, champion d'Angleterre 2016), Ousmane Dembélé (la pépite et nouvelle recrue de Dortmund) ou encore Yacine Brahimi (Porto). Tous ont commencé en tapant le cuir sur le terrain de la cité et ils évoquent ici leurs souvenirs, tandis que les plus jeunes rêvent de leur ressembler. La région regorge d'ailleurs de talents qui ne demandent qu'à éclore, même si le chemin vers le professionnalisme est semé d'embûches.

Educateur et entraîneur, Ferhat Cicek mesure la distance qui sépare le street foot du foot pro : « Il y a énormément de bons joueurs dans le bassin parisien, dans toutes les banlieues, mais ils ne se rendent pas compte que le foot, c’est un sport collectif, que leurs qualités individuelles, ils doivent les mettre au service du collectif. Mais bon, ça ils l’apprendront aussi avec le foot à onze. C’est pour ça qu’on ne leur met pas de barrières, le street foot ça rime avec liberté. » Liberté, le mot correspond bien au ton de 'Ballon sur bitume', dont le grand mérite est de donner une autre image des quartiers, comme le fait également le film 'Swagger' actuellement à l'affiche. Derrière le jogging, le sweat capuche et le maillot du FC Barcelone, on découvre une culture entière, une furieuse envie de vivre et de s'en sortir, si possible avec un sombrero. 

Quoi ? • Le documentaire 'Ballon sur bitume', diffusé sur YouTube en intégralité :

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