Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche
FIDLAR
Owen Richards

Interview • FIDLAR

Publicité

Leur premier disque éponyme est sorti le 4 février en Europe et Time Out Paris l'a adoré. Du coup, nous avons profité de leur passage à l'album de la semaine de Canal Plus pour poser quelques questions au lutin Zac Carper et ses acolytes.

Time Out Paris : J'ai le sentiment qu'il y a de plus en plus de groupes qui se tournent vers un rock spontané, alternatif, influencé par les années 1970 ou 1990, comme King Tuff, JEFF The Brotherhood, et vous bien sûr. Est-ce que les choses changent dans le rock ?

Tous en chœur : Oui !

Zac Carper (chant, guitare) : il y a de plus en plus de groupes comme nous, et qui sont bons. Les gamins recommencent à vouloir jouer dans un groupe, ils se lassent des ordinateurs. C'est difficile d'avoir l'air rock'n'roll avec un ordi, de se lâcher.

Brandon Schwartzel (basse) : Surtout, c'est cool que ces groupes marchent bien depuis quelques mois. Par exemple, JEFF The Brotherhood a joué au "Conan O'Brien Show", une émission énorme aux Etats-Unis. Ty Segall a fait plusieurs "Late Night Show"... En les voyant, on se dit « putain, ils l'ont fait, on peut tous le faire, allons-y ! ». Parce que ce sont des groupes rock DIY comme nous, alors ça donne de l'espoir.

La force de votre disque, c'est qu'il puise autant dans le garage que dans le punk, le tout avec un esprit pop.

Zac : Oui, on est dans un entre-deux. La moitié de nos chansons est garage, l'autre moitié est plutôt punk, mais à l'arrivée, ça fonctionne comme un tout. C'est du garage-punk !

Elvis Kuehn (guitare) : Ça nous arrange, parce qu'on peut jouer avec n'importe quel groupe garage ou punk... Par exemple, nous avons fait des concerts avec OFF !, le nouveau groupe de Keith Morris, le chanteur de Black Flag, qui n'est pas à proprement parler que du punk. Et ça s'est super bien passé.

Brandon : Nous écoutons tellement de musiques différentes, forcément ça se ressent sur l'album. Si on écoutait juste du punk, on sonnerait comme un groupe de punk tout court.

Elvis : Sur scène, on devient surtout un groupe qui fait du rock énergique, alors ça convient à toutes sortes de styles.

Vous écrivez beaucoup de chansons, et vous en mettez pas mal en téléchargement gratuit, comme l'EP 'Shit We Recorded In Our Bedroom'. Est-ce une démarche très réfléchie ?

Zac : On voulait juste sortir quelque chose. Nous avions quatre chansons, assez différentes les unes des autres, mais on a voulu les rassembler pour sortir un EP. Ce mélange représente bien quel genre de groupe nous sommes.

Elvis : On aimerait garder l'attention du public au maximum, c'est pour ça qu'on essaye de publier quelque chose de nouveau au moins tous les mois, pour maintenir un contact. On n'aimerait pas que les gens se retrouvent sans nouvelles de nous pendant trop longtemps.

J'ai lu que l'album avait été enregistré dans la maison de Zac et Brandon, est-ce que ça dérangeait le label ?

Brandon : Ils n'avaient pas vraiment le choix !

Max Kuehn (batterie) : En fait, ils étaient plutôt contents d'économiser de l'argent.

Elvis : L'ancien boss de Zac, Rob Schnapf, est producteur et ingénieur du son, donc il nous a beaucoup aidés à l'étape du mixage. Il y a quelques chansons pour lesquelles nous avons gardé notre propre mixage, mais beaucoup d'autres sont passées à la moulinette de son super matos, et il les a rendues bien meilleures. Il a réussi à conserver les vibrations originelles des morceaux, il n'a pas altéré notre esprit.

Zac : J'ai vécu avec lui dans son studio quand je bossais pour lui, il a toujours été là pour moi et je lui fais entièrement confiance.

Brandon : Il était presque trop poli, du genre « est-ce que je peux faire le mix de ce morceau ? ».

Quelle a été la réaction du label à l'écoute du disque ?

Brandon : Ils étaient contents. De toute façon, on leur facilite la tâche en faisant tout nous-mêmes. A chaque fois qu'on leur propose une idée, ils répondent « OK, cool ». J'ai l'impression qu'ils ne savent pas trop quoi faire avec nous. Alors on en profite : « Donnez-nous l'argent et on s'en occupe. » Cela dit, si on a besoin de quoi que ce soit, on sait qu'ils sont là pour nous aider. Ils nous dégotent des tournées, s'occupent de la logistique... On ne pourrait pas tourner autant sans eux.

C'est grâce à eux que vous avez tourné avec les Hives l'été dernier ?

Zac : Non, c'était plutôt un deal entre nos booking managers.

Max : Au départ, on était juste un choix possible au milieu d'une centaine d'autres. On a demandé aux Hives pourquoi nous avions été choisis, ils nous ont répondu qu'ils avaient reçu une immense liste avec plein de groupes et qu'ils avaient écouté chacun pour décider. C'est nous qu'ils ont préférés.

Brandon : C'était une tournée géniale. Nous adorons tous les Hives. Ils sont tellement cools et marrants, c'était super de traîner avec eux. Si je pouvais, je ne ferais des tournées qu'avec les Hives. Ils sont plus âgés, mais on ne croirait pas en les voyant sur scène, c'est dingue, ils ont tellement d'énergie ! Nous, après nos concerts, nous sommes épuisés, alors qu'eux sont là, tranquilles, « hey ça va mec ? Moi tout va bien. »

Zac : Le batteur me faisait halluciner, il venait nous voir après le show, super à l'aise, pendant que nous étions en train de cracher nos poumons.

Brandon : C'est genre un végétarien, en plus il fait du vélo, il est super en forme, cet enfoiré.

Vous avez l'impression de recommencer à zéro en venant jouer en Europe ?

Zac : Pas vraiment, c'est allé super vite ici, plus encore qu'aux Etats-Unis.

Brandon : Quand nous avons joué à l'Espace B, c'était complet ! Alors que c'était notre premier concert en France, il y avait presque deux cents kids... On s'est dit « c'est quoi, ce délire ? ».

Max : C'est le truc cool avec Internet. On n'est jamais venus ici, pourtant depuis deux ans les gens en Europe peuvent mater nos vidéos et écouter nos morceaux sur le Web, donc quand on est arrivés à Paris, ce n'est pas comme si on avait dû repartir de zéro. On profite du petit buzz qu'il y a eu sur nous.

Vous avez joué également pour l'album de la semaine sur Canal +, ça vous plaît de jouer à la télévision ?

Elvis : C'est bizarre, c'est vrai, mais on a reconnu des gens qui étaient venus à notre concert à l'Espace B, et ils connaissaient les chansons, donc c'était cool.

Zac : J'ai quand même sauté dans le public ! Bon, je me suis fait super mal au dos, j'avoue.

Brandon : On s'est pas mal bourré la gueule avant l'émission, parce que c'est embarrassant comme truc. On joue loin du public, il y a des lumières de taré et des grosses caméras partout. C'est un peu : « Qu'est-ce qu'on fait là ? C'est chelou. » Mais j'ai fini par oublier qu'on était à la télévision et je me suis lâché comme pour un vrai concert. A la fin, c'était genre : « Oups, j'espère que j'ai rien pété. »

Vous avez commencé à Los Angeles en jouant dans des « house parties », vous pouvez expliquer ce que c'est ?

Elvis : Brandon et Zac vivent dans la même maison, alors au début on organisait des fêtes là-bas et on jouait. Il y a une pièce dans cette maison qui sert de studio et on l'utilise également comme salle de concert en apportant notre équipement. Elle est toute petite et il fait très chaud, parce qu'il n'y a pas de clim ni de fenêtres. Résultat, tu as tous ces gamins en sueur qui viennent nous voir pour s'éclater. On a fait pas mal de soirées comme ça jusqu'à ce que ça devienne trop frénétique, alors on a arrêté d'en organiser chez nous. Mais L.A. est une immense ville très étalée, bourrée de maisons un peu partout, avec des colocations de cinq ou six personnes. Ces gens aiment faire des grosses teufs, du coup on est souvent invités à jouer chez eux. Parfois, les flics viennent nous dire de la boucler, mais pas toujours, ça dépend.

Zac : On a participé aussi à un truc appelé FMLY, ce sont deux cents gamins qui font du vélo à travers toute la ville. De temps en temps, ils font des pauses de trente minutes, sur un parking public ou de concessionnaire automobile. C'est là qu'on branche nos amplis sur un petit générateur et qu'on fait notre show. Tout d'un coup, tu as deux cents gamins qui deviennent maboules, c'est génial. On essaye d'éviter les clubs et les salles traditionnelles, parce qu'on veut que les jeunes puissent nous voir pour pas cher.

Brandon : C'est une bonne façon de faire venir du monde à nos concerts. Quand tu joues dans une salle, les gens doivent acheter un billet, ensuite ils doivent payer leurs verres, et ce n'est pas donné. Au final, tu payes 20 dollars pour voir un groupe dont tu n'as jamais entendu parler ! Alors qu'une soirée privée, l'entrée est gratos et tu peux te pointer avec ton propre alcool, donc ça revient beaucoup moins cher. Tout le monde s'amuse beaucoup plus.

En quoi L.A. vous influence ?

Brandon : La musique qu'on fait est surtout héritée des groupes qu'on écoute. Mais les paroles des chansons sont clairement influencées par la ville et ce qu'on y vit. Il y a des noms de rues dans les chansons, par exemple.

Zac : Je pense que plus globalement, l'ambiance de la Californie du Sud nous inspire. Ce n'est pas un hasard si les groupes anglais sonnent anglais, c'est pareil pour nous. Inconsciemment, nous avons adopté un certain style californien, de façon naturelle.

Elvis : Max et moi avons grandi dans un environnement musical, comme notre père est claviériste du groupe de punk T.S.O.L., qui a été fondé à Long Beach en 1978. Grâce à lui, nous avons rencontré pas mal de groupes californiens, comme The Adolescents, mais pas seulement. On a tourné aussi avec les Adicts [punks anglais toujours en activité, ndr], quand on avait 13 et 14 ans. Tous ces groupes avaient déjà pas mal d'années d'existence derrière eux et c'était intéressant de les voir sur scène.

C'est facile de vous discipliner pour écrire et enregistrer ? 


Brandon : C'est notre priorité, oui.

Elvis : Nous avons fait récemment une reprise des Descendents pour Filter Magazine ["Suburban Home", ndr]. Nous avons appelé tout le monde en disant « hey, tu peux venir aujourd'hui ? », alors on l'a enregistrée en une journée. On a presque appris la chanson le jour même.

Brandon : Ce n'est pas très difficile de réunir tout le monde. Zac et moi vivons ensemble, alors on fait presque tout ensemble.

Max : On ne prend pas ça comme un boulot, c'est plutôt du genre « hé, tu veux enregistrer un truc ? », ce qui en gros signifie qu'on va traîner ensemble à la maison. On s'éclate, en fait.

Recommandé
    Vous aimerez aussi
    Vous aimerez aussi
    Publicité