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Baignade dans la Seine : Paris rouvre officiellement trois zones après 100 ans d’interdiction

Après un projet de dépollution de 1,4 milliard d’euros, trois zones de baignade aménagées ont ouvert ce week-end.

Ed Cunningham
Liv Kelly
Écrit par
Ed Cunningham
et
Liv Kelly
Baignade autorisée dans la Seine : un rêve devenu réalité après 1,4 milliard d’euros d’investissement
© Photo de Amin Zabardast sur Unsplash
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C’est une image que l’on croyait réservée aux cartes postales d’un autre siècle : ce week-end, après plus de cent ans d’interdiction, la Seine a officiellement rouvert à la baignade. Trois zones ont été inaugurées – le Bras Marie, le Bras de Grenelle et Bercy – équipées de cabines pour se changer, de douches, de mobilier de plage, et prêtes à accueillir entre 150 et 300 nageurs chacune. « C’est un rêve d’enfant de voir des gens se baigner dans la Seine », s’est émue la maire de Paris, Anne Hidalgo. « Regardez comme tout le monde est heureux ! »

Ce moment historique est l’aboutissement d’un projet colossal de réhabilitation lancé en 2018, dans la perspective des Jeux olympiques de Paris 2024. Objectif : rendre au fleuve une qualité d’eau compatible avec la baignade. Et les résultats sont là. L’eau, moins trouble, voit réapparaître des poissons. Deux bactéries – Escherichia coli et entérocoques – sont scrutées quotidiennement, et leurs taux actuels sont largement en dessous des seuils de sécurité : dix fois inférieur pour l’une, vingt-cinq pour l’autre.

La clé de cette transformation ? Un immense réservoir de 46 000 m³ (l’équivalent de 20 piscines olympiques) creusé sous un jardin public de la rive gauche. Il permet de capter les eaux de pluie excédentaires avant qu’elles ne saturent les canalisations, limitant ainsi les rejets d’eaux usées dans le fleuve. Car tout le système d’évacuation parisien repose encore sur des infrastructures du XIXe siècle, inadaptées aux épisodes météorologiques extrêmes.

Si les autorités se veulent rassurantes, elles n’en oublient pas pour autant de rappeler les risques : forts courants, profondeur pouvant atteindre 3,5 mètres, et cohabitation avec le trafic fluvial. Des maîtres-nageurs seront présents pour évaluer les capacités des nageurs avant toute autorisation d’accès. Hors des zones balisées, la baignade reste strictement interdite et passible d’une amende.

L’enthousiasme, lui, est au rendez-vous. Dans une ville régulièrement frappée par des vagues de chaleur, la réouverture de la Seine à la baignade apparaît comme une réponse concrète à l’urgence climatique. « Les épisodes de canicule vont devenir plus fréquents », a souligné Anne Hidalgo. « Offrir des lieux de baignade sûrs, c’est aussi permettre de vivre plus heureux, et peut-être plus paisiblement ensemble. »

Les trois zones resteront accessibles gratuitement jusqu’au 31 août.

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