[title]
Si l’impressionnisme était un deck Pokémon, Giverny serait la plus brillante des cartes. La graine de l’idylle est plantée en avril 1883 : Claude Monet descend du train en provenance de la gare Saint-Lazare avec femme, enfants et chevalet, et s’installe dans une maison de paysan cerclée d’un hectare de terrain. Il n’en repartira que 43 ans plus tard, les pieds devant, pour rejoindre le cimetière de la ville où il est encore enterré aujourd’hui. Entre-temps, le parrain de l’impressionnisme se sera amouraché de Giverny, la représentant sous tous ses angles, modifiant son visage, sa démographie et son destin, en faisant, près de cent ans après sa mort, l'une des escapades les plus cotées du marché francilien.
Au milieu d'un atelier à ciel ouvert
Ce qui rameute le péquin (et pas mal de touristes) à Giverny ? La maison et les jardins de Monet, pardi ! Quelle sacrée sensation – malgré une intense fréquentation – que de se balader au milieu de cet atelier à ciel ouvert ayant nourri l’art et l’âme du peintre. D’avril à novembre, on est éblouis par des dizaines de milliers de fleurs rangées au cordeau et par palettes colorimétriques par les 11 jardiniers, avec des variétés se succédant au fil des cycles de floraison – en ce moment, en avril, plus de 200 variétés de tulipes friment dans les parterres.
Voir cette publication sur Instagram
La suite se passe au bout du souterrain et appartient à l’histoire : on se retrouve face à cet étang créé de toutes pièces à partir de 1893 en détournant un bras de l’Epte, devant lequel Monet a peint les 250 (oui oui) panneaux des Nymphéas, dont une partie est visible à l’Orangerie. Lors de notre passage, il n’y avait pas de nénuphars mais le Pont japonais était bien présent. Dernière étape avec la visite des étages de la maison : à la queue leu leu, on découvre des pièces tapissées de tableaux et d’estampes japonaises dont une ribambelle de Hokusai, une salle à manger plus jaune qu’un maillot du FC Nantes et une cuisine tout en faïence bleu Cyclades.

Rendez-vous ensuite au musée des Impressionnistes. Successeur du musée d’Art américain en 2009, ce musée organise des expos avec (forcément) l’impressionnisme comme trame principale. Dans l’historique, on repère des rétrospectives sur Pierre Bonnard, Edgar Degas mais aussi un B2B Monet/Rothko sur les jardins. En ce moment, c’est la collection Nahmad qui habille les cimaises, avec Redon, des impressionnistes italiens, Picasso ou Matisse. On signale aussi une œuvre d’Eva Jospin pour habiller l’entrée et un restaurant (non testé) dont la carte est signée David Gallienne, vainqueur de la saison 11 de Top Chef.
Une ville impressionniste
Toujours pas rassasié par l’impressionnisme ? Direction la ville. En arpentant le bourg, on découvre que plein de potes artistes attirés par la figure de Monet se sont installés à Giverny, dont une colonie d’Américains (Guy Rose, Mary Fairchild, Theodore Robinson, Lilla Cabot Perry…), et qu’une partie créchait et buvait des coups à l’hôtel Baudy, encore ouvert. En parlant de bistrot, si les petites guinguettes hérissent la ville, les prix s’envolent souvent face à la clientèle touristique. Notre tip : prenez des vivres à Paris, une nappe et rejouez le Déjeuner sur l’herbe dans l’un des nombreux espaces verts de la ville !