Pour qui ? Les féministes, confirmé(e)s ou en herbe
Voir quoi ? Une expo aux mille visages, qui questionne les diktats de la représentation avec humour
Attention expo blockbuster ! Alors que Cindy Sherman cartonne dans les salles de vente – notamment grâce à une œuvre vendue à près de 4 millions de dollars en 2011 –, la photographe fait aujourd’hui l’objet d’une giga-rétrospective à la Fondation Louis Vuitton. Présentant plus de 300 œuvres, l’expo consacre l’artiste de 66 ans et célèbre un parcours dont la longévité force le respect.
Alors que l’art est souvent accusé de se la jouer élitiste, l’œuvre de Cindy Sherman est éminemment inspirée de la culture pop. Une pratique accessible teintée de féminisme qui critique ouvertement le « male gaze », point de vue masculin qui place systématiquement les femmes en objet regardé. Qu’elle soit grimée en héroïne ringarde de soap opéra ou en meurtrière flippante, son discours met en lumière, avec humour, la pesante soumission des corps féminins dans le cinéma, les médias et, plus globalement, dans la société. Un univers entre trash et glamour quasi exclusivement féminin, ne comportant qu’une petite série Men, réalisée entre 2019 et 2020, où l’artiste apparaît sous des traits masculins, à la manière d’un drag king chevronné.
Dans son monde, Cindy Sherman est maîtresse de tout : à la fois scénariste, make up artist, modèle et photographe, rien n’échappe à son contrôle. Pas même l’exposition parallèle, Crossing Views, qui réunit 60 œuvres issues de la collection de la FLV sélectionnées par la photographe elle-même pour faire écho à son travail. Deux niveaux qui semblent malheureusement un peu déconnectés de l’expo principale, faute de médiation peut-être, mais sans jamais la ternir.
