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Julia Margaret Cameron, Capturer la beauté

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  1. Cameron, Julia Margaret [d.1879-01-29]
    Cameron, Julia Margaret [d.1879-01-29]"Mary Mother" (Mary Ann Hillier). Photographie de Julia-Margaret Cameron (1815-1879), 1867. Paris, Maison de Victor Hugo.
  2. Julia Margaret Cameron
    Richard DavisThe Rosebud Garden of Girls [La roseraie des jeunes filles], 1868
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Le Jeu de Paume consacre une rétrospective XXL à l’une des pionnières de la photo

Tout commence en 1863 avec une légende : celle d’une femme de 48 ans à qui sa fille offre un appareil photo pour qu’elle capture leur quotidien. Julia Margaret Cameron n’en fera rien et préfèrera l’expérimentation d’avant-garde aux gentils moments en famille. Précurseure du pictorialisme, elle hybride impressionnisme et photo à la perfection, le vaporeux qui n’est jamais le résultat d’une défaillance mais toujours désiré. Vous avez déjà entendu parler du “flou artistique” ? Eh bien c’est elle.

A quoi s’attendre lorsque l’on débarque dans une expo intitulée Capturer la beauté, si ce n’est à en prendre plein les mirettes ? De ce côté-là, on est servis, et le parcours chronologique enchaîne les portraits puissants aux faux airs de peinture préraphaélite. Du Portrait d’Annie ouvrant l’expo à celui de Julia Jackson – la mère de Virginia Woolf, proche parente de Cameron –, la lumière et la gestion de l’imperfection sont d’une qualité exceptionnelle et la beauté devient celle d’un sublime religieux, que l’on découvre dans le silence d’un Jeu de Paume feutré.

Mais si exposer une artiste femme est toujours un acte politique, cela ne doit pas exempter de mise en perspective. Malheureusement, le Jeu de Paume a fait l’impasse sur le sujet. Si on ne peut pas reprocher à la photographe d’être une femme de son temps et d’avoir complètement intériorisé des archétypes masculins/féminins, cristallisés dans la salle “Poètes, prophètes, peintres et ravissantes jeunes filles”, on ne peut que déplorer le manque d’appareil critique du Jeu de Paume, qui ne prend aucun recul face à ces clichés. 

Chez Cameron, les modèles masculins sont choisis pour leur intelligence, les femmes pour leur beauté. Utiliser ce contexte ultra-patriarcal et bourgeois de la société victorienne pour interroger la construction sociale d’un regard aurait été tellement intéressant qu’on ne peut que regretter qu’en 2023, un musée aussi important que le Jeu de Paume ne fasse pas le taf. 

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard

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