“Nosso Barco Tambor Terra” (“Notre Bateau Tambour Terre” en français) : la simple évocation du nom fantasmagorique de l’œuvre résonne comme un mantra, au rythme des percussions que l’on perçoit avant même d’entrer dans la nef du Grand Palais où est tendue cette gigantesque toile textile jusqu’au 25 juillet 2025.
Originaire de Rio de Janeiro, l’artiste contemporain Ernesto Neto est connu pour ses installations immersives, que le public français a pu découvrir en 2006 au Panthéon ou plus récemment, début 2025, au Bon Marché. Il déploie ici l’une de ses plus grandes sculptures, déjà exposée l’an dernier au MAAT de Lisbonne.
Cette structure en crochets multicolores, composée de 5 735 mètres de chintz brésilien imprimé, découpé à la main et noué, représenterait donc un navire, mais aussi une bête primitive et une forêt. Toutes ces choses à la fois, explique le commissaire d’exposition Jacopo Crivelli Visconti : “L’artiste dépeint le monde dans son ensemble.”
Une visite pieds nus
On y entre après avoir retiré ses chaussures, comme pour mieux faire corps avec le sol recouvert d’écorce et de terre et les épices qui viennent chatouiller le nez. Si le spectacle visuel est impressionnant, l’ouïe joue ici un rôle central : des dizaines d’instruments de musique venus du monde entier sont intégrés à la structure, suspendus par du tissu ou amarrés au sol.
Particulièrement apprécié par le jeune public, ce dispositif rappelle le pouvoir fédérateur de la musique, mais aussi sa dimension spirituelle. On a ainsi vu des adultes assis en tailleur, semblant méditer au milieu de cet amas organique.
L’œuvre s’anime encore davantage grâce à des temps d’échange entre un historien d’art et le public, proposés plusieurs fois par jour, quatre jours par semaine. Une série d’ateliers créatifs et de développement personnel complète le programme, ainsi que des moments dominicaux consacrés à la musique et à la danse. Une expo gratuite pour s’évader à deux pas des Champs-Élysées !