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Plutôt difficile de trouver un rade sympa place Clichy. Pourtant, dans une petite rue à deux pas du métro se cache un minuscule bar, bistrot d’époque qui au XIXe s’appelait les Porcherons, et dont la déco est intacte depuis 1914 ! On ne se lasse pas de contempler les hauts plafonds, les vitraux en mosaïque, son beau miroir ovale derrière le zinc, les peintures d’artistes du coin exposées là depuis mille ans… Même la clientèle est un spectacle, un mélange de bobos, de comédiens et chanteurs jouant à l'Européen voisin, et de personnages excentriques, punks, hurluberlus, alcooliques, travestis qui font des va-et-vient la journée entre leur travail, leur chez eux et leur quartier général. Des excentriques, le Cyrano en a connu à toutes les époques, puisque c’est ici que se tenaient au début du XXe siècle les séances des surréalistes, sous la présidence d’André Breton, avec Aragon, Man Ray, René Crevel, Max Ernst, Dali, un vrai paradis pour artistes. Dans cet antre, on peut boire un rhum arrangé choisi dans une petite collection, un bon verre de vin et grignoter des tartines et des tapas à l’heure de l’apéro. On profite d'une double happy hour, ceux qui sortent tôt profiteront de la première de 18h à 19h, les autres celle de 22h à 23h. On est deux fois plus heureux ! Seul défaut du Cyrano, mis à part ses toilettes insalubres : le manque de place assise.