Pas sûr que ce soit le signe d’un moral de feu mais la nostalgie s’impose comme un incontournable en ce moment. Les lieux qui ouvrent semblent devoir se justifier d’un ancrage, de racines, d’un passé forcément riche. Le Mikado, situé sous l’hôtel Rochechouart, n’échappe pas à ce c’était-mieux-avant-gardisme. Le guinche a été l’épicentre ciré des aficionados de tango (et des marlous) entre les années 1920 et 1950 (il apparaît dans une chanson de Léo Ferré ou dans “Les Divas du dancing” de Philippe Cataldo).
En version 2022, redécoré néo Art déco par le studio Festen, la salle se refait une élégante jeunesse crépusculaire en bois sombre, velours chocolat et peinture lie-de-vin. Les horaires décalés (21h30 à 2h) et la programmation rapprochent plutôt le Mikado du bar lève-tard que du club couche-tôt. Un jeudi, en début de soirée, passé une porte inutilement soupçonneuse (« vous êtes invité ? »), on est accueilli par deux guitares sèches et un violon qui reprennent du Stevie Wonder façon manouche. Une ambiance désuète, hors mode, pas désagréable à défaut d’être authentique.
La carte des cocktails la joue courte : trois créas et voilà (mais on peut vous faire votre poison favori pour 15 €). On opte pour un Mikado – gin, curaçao, blanc d’œuf et verveine à 14 € – qui tire son épingle du jeu (hohoho). En solo, il faut avouer que le lieu manque de foule pour ne pas être tenté de jeter un œil sur son portable ; à deux, ça doit être plus cosy cool mais tout cela reste bien sage (les Apaches n’ont pas passé le physio sans doute). Vers 23h, une DJ à pantalon en paillette prend le relais et déroule sans grande conviction des tubes. Pour l'instant, plutôt années molles qu’Années folles…
