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24h pour découvrir l'âme du quartier Sainte-Marthe

Écrit par
Lorraine Grangette
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Le quartier Sainte-Marthe est l’une des plus anciennes cités ouvrières de Paris. En 2013, il a pu faire peau neuve grâce à des fonds publics, permettant ainsi aux petits propriétaires de continuer leur activité. Situé dans la partie basse de Belleville, à côté de l’hôpital Saint-Louis et au bout de la très longue rue Saint-Maur, il reste confidentiel et c’est tant mieux : il garde ainsi son côté paisible et son apparence de village. Tout particulièrement lorsque l’on arrive sur cette petite place pavée, ombragée par les arbres et fréquentée par les habitants du coin. On l’atteint grâce à l’une des rues étroites qui l’encerclent, où chaque devanture est teinte d’une couleur différente. C’est là tout le charme et la particularité de ce quartier singulier. Ici, on y trouve toute sorte de petits commerces, de galeries, d’ateliers, de cafés et de tables exotiques. Deux fois par an, l’association Sainte-Marthe propose des brocantes, et les restaurants organisent des concerts, de musique cubaine notamment. Un lieu vivant et dépaysant, au cœur du 10e arrondissement.

 

  

9h 

Le matin, le quartier est très calme, les volets colorés sont encore clos. On va donc tricher de quelques enjambées, en empruntant la rue Juliette Dodu qui colle l’hôpital Saint-Louis. On s’assoit sur l’un des vieux fauteuils qui trônent sur le trottoir au numéro 31, numéro de la géniale Baraque A. Ce café-restaurant ouvert par la pétillante Jam début 2015 n’a rien d’ordinaire. Un bric-à-brac d’objets de récup, une devanture peinturlurée, et surtout, une douce odeur de gâteau. Normal, Jam vient de sortir ses nouvelles créations du four. Oui parce qu’ici, tout est maison, et du jour. On commande un cake pomme-banane et un café, que l’on déguste au soleil, ou emmitouflé à l'intérieur en cas de frilosité.

  

9h45

On file faire une pause digestive juste en face, dans le square Juliette Dodu, en observant les écoliers faire du basket sur le terrain du fond, ou en marchant entre les quelques tapis de plantes et de fleurs. Si le temps le permet, on ose même s’allonger dans l’herbe un instant.

10h15

Tant qu’à être vers Saint-Louis, autant faire le tour en observant le bâtiment. L'hôpital, créé au XVIIe siècle, occupe des locaux inscrits au répertoire des monuments historiques. Une grande cour et un pavillon abritant des chapelles aux façades de briques clashent un peu avec la partie neuve du lieu, qui reste malgré tout élégante. [Le saviez-vous ?] On doit le nom de l’avenue qui sépare Sainte-Marthe de l’hôpital à son architecte, Claude Vellefaux.

11h30

Toutes ces anciennetés nous ont donné envie de chiner du vieux mobilier. Retour donc dans le quartier coloré par la rue Jean Moinon, rue perpendiculaire à la rue Sainte-Marthe. On prend le temps d’observer les fenêtres étouffées par les plantes fleuries de leurs propriétaires, avant d’arriver rue de Sambre-et-Meuse pour faire une cure de shopping chez Robert M. Smith. Cette grande boutique vend tout un tas d’objets et de mobilier vintage à prix brocante, pas à prix arnaque. Un excellent point parmi tant d’autres qui nous font aimer ce lieu hybride, collé à La Cantine Berlinoise. D’ailleurs, en observant depuis l’extérieur ce café voisin, on trouve pas mal de similitudes, dans la déco notamment. Mystère immédiatement résolu par les propriétaires, qui nous avouent posséder les deux enseignes. A la Cantine Berlinoise, le mobilier aussi est à emporter. Mais on va devoir fuir les lieux pour soigner ces gargouillements insistants.

12h30

Spontanément, on se dirige vers l’une des deux terrasses principales de la petite place, celle de la Sardine. Après tout, on ne fait que suivre les conseils de cet incroyable site Internet qu’est Time Out Paris, qui aurait élu cet endroit meilleur bar en 2014, catégorie terrasse. Une terrasse qui reste d’ailleurs tout aussi agréable en été lorsqu’elle s’étale sur le pavé, qu’en hiver lorsqu’elle revêt sa bâche nous permettant ainsi de nous enfumer au chaud, confortablement installés. Ce midi, on fait dans le classique et on commande un cheese burger des familles, que l’on dévore sans peine, au soleil, pépouze. Un café et quelques blagues avec le serveur plus tard, on quitte les lieux.

14h

Après avoir régalé nos papilles, on part régaler nos yeux en faisant le tour des petites galeries et des devantures d’ateliers d’artistes du quartier. Particulièrement celle de Philippe Andrieu, le peintre contemporain qui a rendu son échoppe complètement délirante, où tuyaux et plantes surplombent la vitrine. Tiens, juste à côté, on aperçoit à travers une vitrine quelques vêtements en wax, ce tissu aux motifs africains très colorés. On est à la boutique Sadio-Bee, où un créateur sénégalais vend ses créations, qu’il a conçues dans son atelier juste en face. On s’adonne à quelques essayages avant de filer chez Music Please pour choper un vinyle que nous aura chaudement conseillé le disquaire. 

16h

Les meubles, les vinyles, les vêtements, ça va bien un temps. Place à la boustifaille, et aux emplettes gourmandes ! Et là encore, il y a de quoi faire. Au numéro 31, on entre chez Aitana, une belle épicerie espagnole tenue par Carlos Gutierrez Moya. Charcuteries ibériques, saucisson de  bœuf Wagyu, viandes, fromages et conserves de qualité : on déguste sur place et on emporte volontiers les produits de cette échoppe atypique. En face, c’est tonton Pinard qui va être content : on passe lui acheter une bonne quille de rouge à la Cave à Michel, et on fait son choix après quelques levers de coude sur le zinc.

  

18h

Allez hop, on décide d’aller rigoler un coup au Dixième Degré. Rhum arrangé et délicieux tapas, on se sent loin et on est bien, à discuter avec le patron de tout et de rien. On reste des heures, même pas peur.

23h

Citrate de bétaïne ? Pour demain. On passe devant le très animé Flat Iron qui nous fait les yeux doux, mais on préfère emprunter la rue Henri Feulard qui colle la rue de Sambre-et-Meuse, et traverser le boulevard de la Villette pour aller digérer à coups de pas de danse au 9B. Etroitement lié au label Cracki Records et à quelques collectifs parisiens, le bar propose des soirées house, funk, disco et techno selon l’humeur. Let’s groove.

2h

Après une si belle journée, on décide de rentrer se coucher. Demain, on retourne bosser sans relâche vers Poissonnière pour écrire un guide de micro-quartier, avec un mal de crâne carabiné et une panse bien remplie. Ah, les risques du métier. 

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