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La Conciergerie vous fait voyager dans le passé avec la réalité augmentée

Écrit par
Clotilde Gaillard
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Depuis le 14 décembre, ce monument de l’Ile de la Cité accolé au Palais de Justice est doté d’un nouveau parcours révolutionnaire… et ce n’est pas qu’un jeu de mots !

Vous souvenez-vous de La Conciergerie, autrefois ? De ses scénographies désuètes, à base de poussiéreuses poupées de cire, qui foutaient les jetons aux moins de 10 ans plus qu’elles ne leur apprenaient l’Histoire de France à l’époque de la Révolution ? Ca vous revient et cela vous donne des sueurs froides ? Oubliez tout ! Depuis mi-décembre, la Conciergerie a troqué ses mannequins hideux contre des HistoPad flambant neuf et entièrement repensé le sens de sa visite. Alors, pour entamer 2017 en beauté et vous prouver que ce cru sera meilleur que celui  de 2016 (en tout cas culturellement parlant), venez constater vous-même le changement.

Un tournant à 360° 

Pour se moderniser, la Conciergerie a mis l’accent sur la véracité historique – dans l’ancien parcours, bourré d’inexactitudes, la cellule où la reine Marie-Antoinette fut détenue en attendant d’être guillotinée n’était en effet pas à son emplacement précis – et sur le digital – la panacée de tout musée aujourd’hui. Une équipe d’experts scientifiques, d’historiens renommés (notamment Guillaume Mazeau) et de développeurs ingénieux se sont donc réunis autour de cette importante refonte. Et plus particulièrement autour d’un projet inédit immergeant totalement le curieux dans le passé des lieux : l’HistoPad.  

© C.Gaillard

Sous ses airs de tablette tactile – qui se loue pour 6,50 € –, l’HistoPad est en fait une machine à remonter le temps. Il suffit au visiteur de scanner l'une des « Portes du temps » (subtil !) et, sous les voûtes apparaissent alors les tables de banquet, les tapisseries murales (reconstituées minutieusement à partir de lambeaux partiels) et les mets d’une autre époque, en train de mijoter dans les cuisines – réouvertes au public en juin dernier, après quatorze ans de travaux. Un décor moyenâgeux et une ambiance sonore plus vraie que nature (feu qui crépite, couteau qui tombe, etc.) qui renaissent sous nos yeux grâce à la réalité augmentée. 

On peut même visualiser des espaces inaccessibles au public sans la magie du numérique, comme les étages ou les bords de Seine ; zoomer sur les plats médiévaux, les pâtés nordiques et autres brouets de brèmes rôties ; ou encore découvrir des anecdotes sur la Conciergerie et ceux qui y ont séjourné – saviez-vous par exemple que Marie-Antoinette, pour passer le temps dans sa cellule, s’amusait à détricoter les tentures ? – ; les enfants peuvent également ramasser des écus virtuels au fil de leur visite, leur donnant ensuite accès à un trésor surprise. Quant aux plus barbares, ils prendront sans doute un malsain plaisir à actionner la guillotine après un tour par la Chapelle Expiatoire...

© C.Gaillard

Des joyaux mieux mis en valeur

Mais ce support aussi ludique que pédagogique qu’est l’HistoPad ne doit pas faire oublier que c’est l’entièreté de la muséographie de la Conciergerie qui a été perfectionnée. Et ce grâce à une remise en contexte historique plus claire, permise par des cartes évolutives et interactives ainsi que par de nombreuses vidéos explicatives, mais aussi des installations spatiales plus concrètes. En témoigne la Salle des Noms, recensant sur des petites plaques recouvrant les murs de la pièce les quatre mille noms des prisonniers qui furent enfermés à la Conciergerie. 

Par le biais d’un travail d’archives approfondi, on peut d’ailleurs consulter leur acte de décès, en apprendre plus sur leur vie, lire les poèmes qu’ils rédigèrent en détention ou admirer les quelques souvenirs matériels qu’ils laissèrent derrière eux. Une façon plus humaine et émouvante d’aborder la Révolution française. De même qu’une manière délicate et pédagogue de dédramatiser la Terreur qui s’ensuivit.

© C.Gaillard

Profitant de la fermeture temporaire du musée Carnavalet, la Conciergerie a également pu agrémenter ses collections de gravures et d’objets d’art du XVIIIe siècle. Les vitrines regorgent ainsi de vestiges comme autant de témoignages rares, à l’image de ces pions d’échiquier projetant l’ombre de profil du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette. Royal !

© C.Gaillard

S’il faudra attendre encore un peu pour profiter de la réunification de la Conciergerie et de la Sainte-Chapelle, à la faveur du déménagement du Tribunal de Grande Instance aux Batignolles le printemps prochain, venez dès à présent passer l’hiver au chaud sous les croisées d’ogives de ce monument du patrimoine français. Tout en testant ses derniers dispositifs qui inspireront, sans nul doute, de nombreux musées parisiens dans un futur (très) proche.

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