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Rencontre avec Nicolas Laugero Lasserre, collectionneur passionné de street-art

Écrit par
Anna Maréchal
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On a rencontré ce touche-à-tout féru d'art urbain à l’origine du projet Art 42. Président de l’association Artistik Rezo, directeur de l’ICART, école spécialisée dans les métiers de la culture et du marché de l’art, Nicolas Laugero Lasserre nous en a dit un peu plus sur ses passions et ses occupations.

 

Time Out Paris : Comment vous est venu cet intérêt pour le street-art ?

Nicolas Laugero Lasserre : Un peu par hasard, en fait ! Je suis arrivé à Paris à l'âge de 19 ans, et j’ai habité les premières années dans un petit quartier du 13e, la Butte-aux-Cailles… C’était déjà le QG de street-artistes dotés aujourd’hui d’une grande renommée comme MissTic ou Jef Aerosol. N’ayant pas vraiment eu d’éducation artistique si je peux dire, mon rapport à l’art s’est d’abord forgé face aux murs de Paris et ensuite je me suis mis à fréquenter les musées, les galeries. Paris est une ville toujours en mouvement, elle a tant à offrir, que ce soit dans les institutions culturelles [NLL a été à la tête de l’espace Pierre Cardin pendant presque 10 ans, et il est également président de l'Association des directeurs et producteurs de théâtre, ndlr] ou dans ses rues, dans lesquelles on a un rapport direct, sincère avec les créations.

Vous parlez d’art urbain plutôt que de street-art. Pouvez-vous nous en expliquer les nuances ?

Oui bien sûr ! Alors tout simplement, je désigne par « art urbain » l’ensemble des arts graphiques de rue, du street-art au graffiti, qui est du lettrage pur. Le street-art est un tout autre travail : celui d’une recherche préalable en atelier, l’élaboration de pochoirs ou de croquis qui viennent ensuite habiller les murs des villes. Le graffiti new-yorkais est apparu dans les années 1970, alors que les premières manifestations de street-art français se sont faites plutôt dans les années 1980. En résumé, on pourrait dire que l’art urbain, c’est un grand mouvement qui chapeaute ces deux courants en dialogue.

NLL devant une de ses œuvres préférées de Dran à Art42
© Anna Maréchal

Art 42 a ouvert ses portes lors de la Nuit Blanche 2016. Parlez-nous de l’élaboration de ce projet unique et inattendu.

C’est un projet dont je suis très fier et qui me rend très heureux. Rendez-vous compte, il n’y a aucun plan économique ! On est vraiment dans une démarche de démocratisation de la culture, dans un mouvement solidaire. C’est ça qui me plaît. On a déjà dépassé les 20 000 de visiteurs depuis la Nuit Blanche. Le projet intrigue, intéresse et rassemble, c’est un vrai cadeau pour tous ceux qui ont participé à ce projet et pour les artistes avant tout qui ont accepté d’exposer leurs œuvres de manière permanente dans ce musée paradoxal.

Quant à l’élaboration du projet, il tient au hasard et à la curiosité. En 2013, j’ai lu dans la presse un article sur 42, cette école complètement innovante, qui cassait les codes établis. Curieux, j’ai contacté le directeur et nous nous sommes rencontrés. Dès 2013, j’ai commencé à prêter certaines pièces de la collection NLL pour les présenter d’abord aux yeux des étudiants, et en fait cette idée s’est développée en une vaste exposition évolutive mais permanente.

Quelle a été votre première acquisition et comment forge-t-on une « collection NLL » ?

Eh bien j’ai acheté ma première œuvre à l’âge de 23 ans. Il s’agit d’un pochoir de MissTic sur un carton dont le texte dit : « Le soleil nous laisse à des jours plus vieux. » Toujours ce sens de la formule, n’est-ce pas ! Je l’ai obtenu dans une vente aux enchères caritative pour l’équivalent de 200 €. Le reste est venu petit à petit.

Il y a plus de 150 œuvres exposées à Art 42. Vous possédez également la galerie Artistik Rezo. Je n’ose pas imaginer la déco chez vous !

Eh bien figurez-vous que je possède très peu d’œuvres chez moi. En fait, je n'ai pas mis les œuvres dans l’appartement, mais plutôt l’appartement dans les œuvres ! J’ai préféré investir dans les œuvres au cours des années, parce que c’est ce qui reste. Je n’ai pas besoin de vivre dans 150 m2. Je me bats non seulement pour la reconnaissance du street-art, qui est déjà bien établie c’est vrai, mais aussi pour la gratuité de l’accès à la culture. C’est mon principal moteur dans tout ce que j’entreprends : la galerie, le club Artistik Rezo (plateforme qui donne accès à des places de spectacles et de musée sur abonnement), et désormais Art 42. 

NLL entre une toile de Shepard Fairey dit Obey et une sculpture de Rero
© Anna Maréchal

Lire aussi > Art 42, le « musée » du street-art 

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