Adios Sapid d’Alain Ducasse et Romain Meder (parti pour Prévelle), et hello Elbi ! Le chef égyptien Omar Dhiab a fait table rase de la déco bois et marbre de son prédécesseur pour la remplacer par un intérieur 100 % alu et 0 % coussin. Associé à une bande-son rap, ça donne une ambiance urbaine qu’on associe rarement aux bistrots égyptiens. Depuis une cuisine ouverte comme la mer Rouge devant Moïse, la brigade en t-shirts n°10 scande une originale cuisine fusion orientale (comme ce scotch egg pané de fèves qu’on voit passer) qui ose – comme chez Aldéhyde – piocher dans les épices du Maghreb, trop souvent cantonnées aux tajines, pour électriser les recettes .
La carte est bizarrement classée par température de préparation, de 37 à 400 °C (ça existe, un client qui se décide sur le mode de cuisson ?). On pioche dans la catégorie 85 °C des raviolis garnis de poulpe baignant dans un jus de couscous bien relevé qu’on sauce sans vergogne jusqu’à la dernière goutte. Puis arrive le demi-pigeon à la braise (350 °C, donc) parfaitement rosé et posé sur un miroir d’abricot et piment parsemé d’amandes grillées. Là encore, une assiette hardie et singulière qui change des variations sur le Japon.
Heureusement, la carte des vins ne classe pas les bouteilles (nature et hexagonales) par degré : blanc de Patrick Bouju (72 €), Un Hiver sur la Lune d’Etienne Seignovert (52 €), Combe Bazin de Frédéric Cossard (96 €)… On se rafraîchit avec une glace pistache parsemée d’un crumble (un peu mou) à la coriandre. Honnête mais on aurait dû taper dans la grosse jatte de gâteau de semoule ! On va être obligé de revenir !