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Portrait Manon Fleury, Aout 2022
© Pauline GouablinPortrait Manon Fleury, Août 2022

Manon Fleury, graine de révolution en cuisine

A seulement 31 ans, elle est devenue l’un des visages d’une nouvelle génération de cheffes aussi talentueuses qu'engagées, dans un milieu gastronomique toujours (trop) phallocentré.

Écrit par
Christelle Murhula
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Time Out Paris a décidé de mettre les pleins phares sur le parcours de Parisiennes engagées pour leur émancipation. Dans cette série, vous découvrirez des cheffes, musiciennes ou encore metteuses en scène qui défient le poing levé les normes et les oppressions qui régissent les différents milieux professionnels. Hasta la parité siempre !

Elle fait partie de ces gens qui vous mettent immédiatement de bonne humeur. En cette matinée de mars, Manon Fleury égraine de sa voix passionnée ses projets du moment. Entre sa nouvelle résidence au Chalet des Îles Daumesnil, les conférences qu’elle donne dans le cadre de son association Bondir.e contre les violences en cuisine, la promotion de son livre de recettes Céréales (Flammarion) et la future ouverture de son restaurant, la cheffe de 31 ans est plus occupée que vous.

Ça vous pose un problème ? Ça ne devrait pas ! « Je ne connais pas d’exemple de femmes cheffes disant qu’il est possible de mener une carrière et d’avoir une vie. Mais c’est une question que l’on ne pose jamais aux hommes. » En quelques années, Manon Fleury s’est imposée comme une des figures d’une nouvelle génération de cheffes, engagées, ayant pris le parti de se servir de leur notoriété pour déconstruire les codes en cuisine et y intégrer les questions écoféministes. « Je ne me suis jamais posé la question de plaire. Mais j’ai toujours su que je ne voulais pas travailler des “fruits et légumes en plastique”. On parle d’engagement, mais pour moi, c’est naturel, car transmis dans mon éducation. » 

Manon Fleury
© Mickaël Bandassak

Côté CV, la cheffe tutoie le haut du panier : passée par Ze Kitchen Galerie, l’Ourcine, l’Astrance ou le Blue Hill (à New York), elle décroche en 2018 (à 26 ans !) son premier poste de cheffe au Mermoz, génial bistrot dans les confins du 8e. « Comme je suis une femme, j’ai pu – je pense – plus facilement m’imposer dans ma cuisine que dans une brigade, raconte-t-elle. C’était plus simple de le faire avec une équipe que j’ai choisie moi-même, où j’ai pu faire ce que je voulais. C’était ma façon de pallier mon syndrome de l’imposteur. » 

Des cuisines vertes et féminines

Après le Covid, elle s'enchaîne deux résidences : au Elsa à Monaco, premier resto bio étoilé, puis au Perchoir Ménilmontant en 2022, pour qui elle concocte un menu 100 % végétal où le produit (ultra-)sourcé est à l’honneur – d’ailleurs nommé dans la catégorie de la meilleure table lors des derniers Time Out Paris Food and Drink Awards. Bref, un véritable plébiscite tant du côté du public que des professionnels. Un engagement du produit qui infuse dans sa manière de diriger sa cuisine, où elle œuvre pour une meilleure place et traitement des femmes.

Manon Fleury
Endive Pomélo Algues © CREA AGENCY

Quand elle constitue une équipe, Manon Fleury met un point d’honneur à placer des femmes aux manettes. Connue pour garantir un environnement bienveillant, loin des pires ambiances phallocrates ayant encore cours dans les cuisines aujourd’hui, elle reçoit naturellement nombre de CV de femmes : « Je ne fais pas de discrimination positive. Juste, 80 % des CV que je reçois sont féminins. Et souvent, ils sont meilleurs. » 

Fière d’être à la proue du combat

Des valeurs qu’elle véhiculera dans sa future adresse, qu’elle compte ouvrir avec son associée Laurène Barjhoux. Un endroit qu’elle imagine comme un « cocon », un resto rempli de plaisir et de gourmandise, mais toujours guidé par ses convictions. Au vu de tous ses engagements, de cette notoriété grandissante et des responsabilités qui pèsent, on la quitte avec une ultime question : ça ne ferait pas un poil beaucoup pour une seule personne ? « Être une figure, ce n'est pas facile tous les jours. Je me demande souvent pourquoi j’en suis arrivée là. Mais avec le recul, je me dis que ce n’est pas par hasard. J’ai la chance d’avoir des équipes qui m’aident et qui m’accompagnent. Et puis, tous ces combats, si on ne les mène pas, personne ne le fera. » Amen.

Equipe de Manon Fleury au Chalet des Îles
© Mickael Bandassak -Equipe de Manon Fleury au Chalet des Îles Daumesnil
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