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Découvrez l'âme et le cœur du quartier Ménilmontant en 24h

Écrit par
Emmanuel Chirache
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« Ménilmontant, mais oui madame, c'est là que j'ai laissé mon cœur, c'est là que j'viens retrouver mon âme... », chantait Charles Trenet, enfant du pays. Une chanson symbole du quartier, un ancien village faubourien qui fleurait bon l'esprit d'artiste et le vin pas cher. Pendant longtemps, Ménilmontant était en effet séparé de la ville par la barrière d'octroi parisienne, ce qui permettait aux tenanciers de ne pas payer de taxes sur l'alcool et donc de régaler les ouvriers, saltimbanques et artisans qui s'aventuraient dans cette banlieue aux airs de campagne, avec ses vignes et ses coteaux. Aujourd'hui, la butte a conservé le charme de son histoire, sans doute grâce à sa situation excentrée et son altitude, qui l'isolent un peu du reste de la ville.

9h : Une petite ascension vers le parc de Belleville pour s'ouvrir l'appétit.

Une fois sorti du métro Ménilmontant, empruntez la rue Etienne Dolet un peu à l'écart, pour arriver face à l'église Notre-Dame de la Croix. Imposante avec son grand clocher, l'église vaut le coup d'œil, que ce soit depuis son esplanade, à l'intérieur, ou dans le petit square qui la jouxte. Une fois le tour du propriétaire effectué, prenez la rue d'Eupatoria, qui débouche sur une jolie passerelle sautant par-dessus les anciennes voies de la Petite Ceinture. Continuez le long de la rue de la Mare pour rejoindre la place Henri-Krazucki. Ménilmontant fait depuis longtemps partie des réservoirs d'eau de Paris, ce qui explique que le nom d'un certain nombre de rues fait référence à cette activité : rue de la Mare, des Rigoles, des Cascades... Une fois arrivé ici, il serait dommage de ne pas faire un saut du côté du parc de Belleville via la rue des Envierges. C'est par le côté le plus haut du parc que vous y accéderez et la vue imprenable vous récompensera d'avoir grimpé si longtemps avec votre appareil photo.

Vue du haut du parc de Belleville.


10h : Courir les rues bucoliques de l'Ermitage.

Revenez sur vos pas et prenez la jolie rue des Cascades à partir du rond-point. Juste avant la friche (un jardin ouvrira ici), grimpez l'escalier Fernand Raynaud pour atterrir dans la rue de l'Ermitage. Poursuivez-la sur votre droite, passez devant les nouveaux logements sociaux en bois absolument magnifiques et tournez dans la villa de l'Ermitage. Vous voilà hors de Paris. Vous êtes désormais à la campagne, dans une rue emplie d'ateliers d'artistes, de petites cours intérieures délicieuses, de street art sur les murs et d'objets insolites, comme ce totem autrefois installé par des artistes d'origine africaine, dont le squat vient hélas d'être fermé manu militari. Au bout de la rue, vous déboucherez sur la cité Leroy, aux charmes bucoliques tout aussi dépaysants, et sur un jardin partagé riche en plantes et légumes.

Villa de l'Ermitage, une rue bucolique avec un totem.

Une cour intérieure pas dégueu.


11h : Toujours pas de tire-fesses, arrêt à la boulangerie-pâtisserie Liberté.

Vous n'avez pas fini de grimper. Après avoir pris à droite dans la rue des Pyrénées, longue et bordée d'arbres (faites un tour chez l'épatant Gérard Coiffure si vous avez besoin d'une coupe, messieurs), vous atteignez la rue de Ménilmontant là où sa côte redevient forte. Au bout de quelques minutes de marche, vous serez récompensé par la vision des pâtisseries et viennoiseries de la boulangerie Liberté Ménilmontant ouverte par le chef Benoît Castel. Faites-vous plaisir et dévorez votre petit-déjeuner dans le square des Saint-Simoniens juste en face.

12h : Et si on prenait quelques photos de street art ?

En redescendant des cimes, passez à droite dans la rue de la Chine, puis de nouveau à droite au niveau du passage des Soupirs, dont le nom à lui seul mérite une visite. Étroit mais charmant, le passage est bordé d'un jardin partagé, de plantes en pot et de jolis immeubles. L'escalier portera vos pas dans la rue des Pyrénées, face à la rue du Retrait et son distributeur automatique de billets qui vous permettra de faire une bonne blague à vos compagnons de promenade. Remontez la rue des Pyrénées jusqu'au croisement avec la rue de Ménilmontant, contemplez un instant la vue sur tout Paris avec Beaubourg en ligne de mire. Un peu plus bas, vous longerez un mur réservé aux street artistes, qui change de peau régulièrement. De l'autre côté se trouvent le Pavillon Carré de Beaudouin (classé monument historique) et son square, oasis de calme dans une rue très fréquentée par les voitures. Un peu plus loin, tournez à gauche dans la rue du Retrait, vous y verrez quelques jolis dessins de léopards et de girafes sur les murs. Ensuite, direction la rue Laurence Savart. Ici, les chats font leur sieste sur le rebord des fenêtres des villas, au-dessus des dessins d'artistes peints sur les murs.

Le passage des Soupirs en arrivant rue des Pyrénées

Le square du pavillon Carré de Baudouin.

13h : Une échappée pour le déjeuner.

Vous avez faim et c'est légitime, avant d'escalader l'Everest parisien. Excellente adresse dans le quartier, le restaurant l'Echappée de la rue Boyer combine cuisine thaï d'un très bon rapport qualité/prix et ambiance familiale à la bonne franquette. Pas de déco néo-colonialiste ici, mais des tables avec des nappes de cantine parisienne et une belle devanture d'un jaune éclatant. Si vous n'aimez pas la nourriture thaïlandaise, il vous faudra marcher un peu plus bas dans la rue de Ménilmontant pour trouver un large choix de restaurants divers et variés du côté de la rue Sorbier, dont L'Entrepot's et sa terrasse.

14h30 : Flânerie en terrasse à la Laverie. A 30°, délicat.

Dans cette même rue Sorbier, il ne faudra pas rater la terrasse du café la Laverie. Ici, on boit, on mange, on glande pas mal. Assis dans un canapé mœlleux à l'intérieur ou alangui sur un transat en terrasse, chacun prend du bon temps et ce ne sont pas les serveurs et serveuses qui vous mettront la pression. A propos de presse, les journaux quotidiens sont à disposition, ce qui vous permet également d'apprécier votre café ou votre soda en lisant les dernières actualités les plus réjouissantes.

La Laverie et ses petites chaises de toutes les couleurs.

Une librairie pas comme les autres.



16h : Shopping intello au Monte-en-l'air.

En redescendant vers l'église, vous apercevrez en contrebas l'élégante devanture de cette librairie engagée, qui s'intéresse autant à la BD qu'aux romans, autant aux livres d'art qu'aux essais, autant aux livres jeunesse qu'aux revues actuelles. Il y a souvent des lectures, concerts et conférences fort intéressants et la terrasse jouit d'un superbe emplacement ensoleillé, fait assez rare pour être souligné.

17h : Un petit tour rue des Cascades pour la terrasse la plus cachée de Paris.

Eh oui, il faut grimper de nouveau ! Une fois dans la rue, vous ne le regretterez pas. Se faufilant entre Ménilmontant et Belleville, cette sinueuse venelle passe par plusieurs « Regards », notamment celui de Saint-Martin. Il s'agit d'une petite maison qui permet d'accéder à une canalisation d'eau. Derrière lui, se niche la terrasse hallucinante du bar la Fontaine d'Henri IV. Que vous soyez deux ou cinquante, le gérant du lieu fera tout son possible pour vous trouver une place, inventant parfois des tables avec un fût et un cadre qui lui tombent sous sa main. Le soleil ne semble jamais devoir disparaître, à l'abri du regard, de la foule et des badauds, vous serez si bien que l'heure passera vite.

La rue des Cascades pendant la Nuit Blanche.



18h30 : Il est temps de dîner si vous souhaitez voir un concert à la Maroquinerie ou au Café des sports.

Prenez un Vélib' rue Boyer et dévalez la pente de la rue de Ménilmontant : frisson garanti si vous le faites pour la première fois. Arrêtez-vous, au choix, à la Terra Madre, un resto italien tenu par un couple de Vénitiens adorables, à Co My Cantine, cantine vietnamienne excellente et peu chère, ou à Blend si vous préférez les burgers de qualité. Après avoir si bien mangé, libre à vous d'aller écouter du rock à la Maroquinerie ou un groupe de reggae au Café des sports. Si vous êtes d'humeur éthylique, c'est que Ménilmuche a déjà fait son œuvre sur votre humeur. Car le quartier est surtout réputé pour ses innombrables bars.

20h30 : Tournée des bars parallèles ou concert.

Difficile de s'y retrouver dans l'incroyable profusion de bars du coin. Parmi nos préférés, on compte le Demain c'est loin, avec son ambiance de copains, la Pétanque et sa terrasse privilégiée, les Trois 8 et son choix de bières affûté, la Cale Sèche pour sa terrasse cachée ou, beaucoup plus haut, les Tontons Bringueurs si la projection d'un match de foot ou un concert a été organisé.

2h du matin : Finir la soirée à la Bellevilloise.

Un classique. Quand tout est fermé, reste la Bellevilloise, qui ouvre ses portes aux danseurs invétérés et autres couche-tard. En fonction des soirées, l'ambiance varie, mais après tout, êtes-vous encore en état de comprendre ce qui vous arrive ? Pas sûr, et c'est aussi ça l'esprit de Ménilmontant.

Fête en l'honneur d'Edith Piaf au parc de Belleville.

Les nominations des Time Out Love Paris Awards sont désormais ouvertes : défendez les lieux que vous préférez dans chaque arrondissement en les nominant sur timeout.fr/love et en partageant avec le hashtag #loveparisawards.



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