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Ce matin, l’ancien central téléphonique ne sonne plus occupé ! L’immense salle brute de décoffrage où s’est tenue lundi soir la cérémonie des Time Out Paris Food & Drink Awards en plein Paris a résonné de l’amapiano en fusion du DJ Dre Tala, des tintements de verre des 500 invité(e)s et de la joie des gagnant(e)s. La talentueuse Alice Moireau, MC de la soirée, a remis 13 prix à celles et ceux qui ont contribué cette année à faire des tables et des comptoirs parisiens des lieux de mélange, de curiosité et d’empathie. Voici le tirage de cette cuvée 2025..
Meilleur restaurant : Hakuba et Dandelion
Le très convoité prix du meilleur restaurant de l’année récompense deux adresses, Hakuba, où la luxuriante cuisine japonaise de Takuya Watanabe se mâtine des fulgurances françaises d’Arnaud Donckele et Maxime Frédéric, et Dandelion d’Antoine Villard et Morgane Souris, éclatant bistrot aux terre-mer franco-asiatiques incisifs.

Meilleur bar à cocktails : Comptoir De Vie
L'autre prix emblématiques des Food & Drink Awards, c'est celui du meilleur bar à cocktails de l’année qui va au Comptoir De Vie, où le duo grand-breton Alex Francis et Barney O’Kane réinvente le pairing avec une classe immense.

Meilleur coffee shop : Wani
Dans le bouillonnement des ouvertures de coffee shops, nous avons voulu distinguer le singulier Wani de Sugio Yamaguchi, une oasis de poésie, de délicatesse mais aussi d’inventivité qui illustre, une madeleine au caviar à la fois, que la cuisine d’un chef n’a pas besoin d’un restaurant pour s’exprimer.

Meilleure pizza : Oobatz
La pizza, un plat italien ? Oui mais non. Une pléthore de restaurants s’emparent de cette icône pour la réinventer à leur sauce (tomate), régaler les amateurs et faire rager les gastro-nationalistes. Et parmi eux, Oobatz de Dan Pearson s’est imposé comme l’exemple le plus éclatant que la cuisine (comme les humains) gagne à sortir de ses frontières.

Prix spécial : We Are Ona
Nous avons remis un Prix spécial à Luca Pronzato pour son influence sur les bouleversements de la gastronomie actuelle. En créant We Are Ona en 2019, ce metteur en cène a fait tomber, comme personne avant lui, les barrières entre scénographes, designers, architectes et chef(fe)s pour transformer le repas en expérience globale et unique !

Meilleur bistrot : le Café de l’Usine
Émancipé des affèteries bistronomiques comme de la rugosité obligée du rade de bonhomme, le bistrot parisien retrouve le chemin apaisé des assiettes rassurantes. Et on a beau savoir que la cuisine n’a pas de genre, ça fait plaisir de voir la cheffe Alice Arnoux derrière une adresse brillante et sereine comme le Café de l’Usine !

Meilleure table fusion : TRÂM 130
La fusion en 2025 n’est pas tout à fait celle du début 2000, qui voulait marabouter dîneurs et critiques à grands coups de poulet au Coca. Elle est pourtant bien de retour pour diversifier encore et toujours la cuisine. Dans son mignon bistrot TRÂM 130, Priscilla Trâm cisèle des assiettes réfléchies et percutantes où le terroir français se nourrit d’Asie.

Meilleure vibe : Harmony
Arnaud Scotty a trois passions : l’insomnie, le rap des années 2000 et les cocktails. Il a réussi à les concentrer dans ce drôle de bar de nuit, ancien restaurant créole souterrain aux horaires de club. Sous un néon rose, on sirote de chouettes cocktails et, en compagnie des bartenders du coin passant après leur service, on danse sur du Rohff sans se poser de questions. Bricolo et rigolo.

Prix du design : Uchronia
Les Food & Drink Awards ont à cœur d’éclairer l’époque : impossible donc de faire l’impasse sur le rôle désormais fondamental de la décoration et de l’architecture dans le succès d’un lieu. Dans ce game du décorum qui flatte la rétine, le studio Uchronia de Julien Sebban et sa bande a su inventer des créations à la fois colorées et minimales. Il méritait un prix spécial !

Meilleur rapport kif/prix : Jip
On l’a tous ressenti en payant les additions (oui, Time Out paye ses additions) : l’inflation n’a pas fait semblant de toucher la restauration. Heureusement, comme Jip du chef Esu Lee, des adresses réussissent à proposer un maximum de plaisir et de générosité dans un prix contenu. Le kif sans la ruine !

Meilleure junk deluxe : Cendrillon
Bien plus abordable que de louer une Bugatti Chiron pour faire ses courses chez Aldi, la junk deluxe représente l’improbable rencontre entre les deux bouts de la chaîne des prix. La rencontre du faste et du populaire, de l’ostentation et de la rusticité. Avec leurs tapas au caviar, pleines de second degré et de goût, Cendrillon mérite largement le prix de la meilleure junk deluxe de l’année.

Meilleure institution : le Baratin
Après toute une série d’awards accordés à de jeunes adresses, il nous semblait important de récompenser aussi une institution parisienne, une adresse où l’on goûte une apaisante idée de la permanence à l’écart du fracas du monde. Et qui d’autre que le Baratin et sa cheffe Raquel Carena, inspiration des plus grands depuis plus de 30 ans, pour recevoir ce prix de la meilleure institution ?
Prix spécial : Clémence Gommy, Nazareno Mayol Curti, Alina Prokopenko, Khouloude Ben Thayer
Et en contrepoint de ce retour vers le passé, nous avons tenu à éclairer le futur avec une sélection de quatre jeunes de moins de 30 ans qui impressionnent déjà par leur talent, leur vision, leur énergie. L’avenir appartient à celles et ceux qui cuisinent tôt !


Un palmarès qui démontre bien que, malgré les crispations de l’époque, la gastronomie reste une terre d’accueil, d’échange et de métissage. Oui à l’internationale du goût et rendez-vous l’année prochaine !