Chantal Ackerman
© INA / Laszlo Ruszka
  • Art
  • Jeu de Paume, 1er arrondissement
  • Recommandé

Critique

Chantal Akerman, Traveling

5 sur 5 étoiles

Près d’une décennie après son suicide, Chantal Akerman signe son grand retour en salle au Jeu de Paume, qui lui consacre une merveilleuse monographie.

Zoé Terouinard
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Time Out dit

En 2022, Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles a été sacré meilleur film de tous les temps par le British Film Institute. Décédée en 2015, Chantal Akerman est pourtant restée, tout au long de sa vie, un nom chuchoté discrètement parmi les amateurs du septième art, une référence que l’on s’échangeait entre initiés sur les terrasses de Saint-Germain-des-Prés. Mais aujourd'hui, difficile d'ignorer le net regain d'intérêt autour de l’ambassadrice du cinéma belge, surtout chez la nouvelle génération féministe et queer. Akerman, souvent en avance sur son temps, est enfin célébrée à sa juste valeur.

L’exposition Traveling, véritable prolongement de sa carrière, met en lumière l’aspect expérimental de ses travaux. Condensé d'une grande monographie célébrée aux Beaux-Arts de Bruxelles, cette rétrospective au Jeu de Paume, construite autour de trois institutions belges majeures, se veut le point final d’une carrière dense et prolifique. Sa voix, si reconnaissable, nous guide à travers les écrans conçus comme des installations artistiques, où chaque vidéo dialogue avec l’espace. Là où d’autres expositions cinéma se contentent de projections dans des white cubes inadaptés, Traveling propose une mise en scène qui fait honneur à Akerman, qui s’est toujours considérée comme artiste avant d’être cinéaste.

L’un des défis de l’exposition est de capturer la diversité de son œuvre en un seul parcours. Les commissaires embrassent cette complexité au lieu de la lisser selon les normes classiques de la monstration muséale. Le parcours se traverse ainsi comme un traveling – un clin d'œil à la technique favorite de la cinéaste – et commence par deux installations vidéo qui posent le cadre : Akerman parlait des femmes, à une époque où elles étaient largement invisibilisées, dans la société comme à l'écran. 

En son cœur, l’exposition présente des dizaines d’archives qui témoignent de l’engagement passionné d’Akerman pour son art, son attention minutieuse aux détails, mais aussi son militantisme politique. La balade s’achève en apothéose avec Selfportrait/Autobiography: A Work in Progress (1998), une œuvre rarement exposée composée de six moniteurs qui projettent une série d’images retraçant toutes les facettes de sa carrière. Même les aspects les moins évidents.

Infos

Adresse
Jeu de Paume
1 place de la Concorde
Paris
75008
Transport
Métro : Concorde ; Bus : 24, 42, 72, 73, 84 ou 94

Dates et heures

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