Le monde se divise en deux catégories : ceux qui pensent que le pique-nique est une affaire de knackis, de beuverie ou de survie, et ceux qui ont l'intime conviction qu'on peut manger et boire en plein air tout en se nourrissant l'esprit. En ouvrant cette page, vous êtes tombés dans la deuxième catégorie. Bienvenue. Et félicitations. Vous allez bientôt pouvoir vous libérer des pelouses estivales des Buttes-Chaumont, où vous sirotiez pas plus tard que l'année dernière du rosé tiède, en regardant le gros orteil de votre voisin faire des allers-retours dans votre assiette de saucisson. Vous allez bientôt pouvoir briller en société le lundi matin en expliquant que lors de votre pique-nique dominical, vous, vous êtes tombé sur une installation d'art moderne en pleine forêt, une péniche qui héberge des artistes ou des fresques de street art plantées au milieu d'un paysage de ruines industrielles. Bref, vous aurez traversé le périph' pour prendre un bon bol d'art frais en Essonne, en Seine-Saint-Denis, dans les Yvelines ou dans le Val-de-Marne en explorant un de ces lieux improbables où l'art contemporain, la musique et l'architecture cohabitent avec la nature. Et vous aurez le ventre plein et l'esprit vif. Bref, vous aurez la classe. A l'échapée belle • Domaine de Chamarande La rédaction a le béguin pour le Domaine de Chamarande. Voilà, ça c'est dit, et sans rougir. Ce château d'Essonne et son parc splendide, nichés à l'orée d'un bois et d'un petit village rattaché au RER C, sont l
Aux Terrasses de Nanterre, les buildings, les banques, les agences d'assurance et les fast-foods poussent comme des champignons. Pas les centres d'art contemporain. A priori, ce no man's land (hormis pingouins attaché-case-costard-imitation-Armani) blotti entre les bureaux de La Défense, les autoroutes de banlieue et l'université de Nanterre avait tout du terreau hostile à une quelconque initiative culturelle. Et pourtant, c'est ici, sur un coin de pelouse paumé au milieu de l'axe Louvre-Concorde-Arc-de-Triomphe-Grande-Arche-Château-de-Saint-Germain-en-Laye, que l'ancienne équipe de la Villa des Tourelles a décidé de planter une petite graine artistique. Sans trop savoir ce que La Terrasse, qu'on inaugure le samedi 28 juin, deviendra - une brindille insurgée contre un paysage de béton armé, ou un écosystème florissant, au sein duquel les citadins en mal d'art et de réflexion pourront venir s'oxygéner. « C'est un laboratoire, une expérience », nous confie Sandrine Moreau, responsable du service des arts plastiques de la Ville de Nanterre. « Il me semble intéressant d'interroger la place que peut prendre l'art dans ce genre de quartier. »
Sur l'esplanade, où s'élève timidement le « toit » de La Terrasse (un petit bloc de verre tout discret), une installation de Krij de Koning donne le ton. 'Axes' ressemble à un imbroglio d'arcades de toutes les couleurs, sorte de peinture tridimensionnelle qui résonne et dissone avec les arches dressées alentour, proposant une multitude de points de vue sur ce paysage de bitume et de monolithes. Vraisemblablement, ici, on compte cogiter sur la vie urbaine, ses architectures et ses dynamiques sociales : la preuve dans la salle du sous-sol, qui présente une sélection de peintures, dessins et photos, où les routes désincarnées d'Edith Roux croisent les paysages stylisés d'Olivier Turpin, les terrains vagues de Raphaël Zarka et les cités de Cyrille Weiner. Autres projets en cours ou en devenir : une vitrine d'installations qui donneront sur le rond-point de la départementale, des rencontres, des visites guidées, une programmation saisonnière d'expositions, peut-être aussi des spectacles et des projections. Mais surtout une volonté de se rapprocher de la Fac en proposant de délocaliser certains cours, pour instiller une dimension éducative dans ce petit havre de création. « On est un peu brouillon, on veut faire de tout », nous dit-on. De tout, tant que ça porte ses fruits. Car la vocation de La Terrasse part d'un bon pied : tout porte à croire qu'elle émane bien d'un besoin d'entrer en dialogue avec le public nanterrois et parisien, plutôt que d'une simple envie de présenter de jolies œuvres d'art contemporain dans un joli cube de verre. Une proposition fraîche et ouverte, comme on les aime.
Infos pratiques
• Où ?
Au 57 boulevard de Pesaro
Nanterre (92)
RER Nanterre Préfecture
• Quand ?
A partir du 28 juin
Du mardi au vendredi de midi à 19h, le samedi de 14h à 19h (sauf jours fériés)
Fermeture en août (réouverture le 2 septembre)
• Gratuit