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Martin Parr
© Clémence Losfeld pour Time Out ParisMartin Parr grand invité du lancement du Quai de la photo.

Martin (Parr) à la plage

A l'occasion de l'ouverture de la péniche Quai de la photo, on a rencontré l'icône Martin Parr, star de l'expo inaugurale.

Zoé Terouinard
Écrit par
Zoé Terouinard
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Reprenant les codes gagnants de sa péniche consacrée au street art, Fluctuart lance Quai de la photo, un nouveau centre d’art dédié, on vous le donne en mille, à la photo. Et attention, ils ont vu les choses en grand pour l’inauguration de ce bateau amarré au 9 port de la Gare avec l’exposition balnéaire Life’s a Beach du photographe superstar Martin Parr, venu, en chair et en chemise hawaïenne, couper le ruban rouge ! A l’occasion de son passage dans la capitale, Time Out s’est entretenu avec le roi de la photo vernaculaire. Spoiler alert : l’Anglais ne porte pas vraiment Paris dans son cœur. 

Martin Parr Couv
© Time Out Paris - Photo © Clemence Losfeld

Votre expo s’appelle Life’s a Beach. Quel est votre rapport à la plage ?

J’ai toujours été fasciné par la plage. Mes parents m’y emmenaient enfant pour observer les oiseaux. Mon livre Life’s a Beach a été publié il y a une dizaine d’années, et j’y montre les différentes figures que l’on peut y croiser, les différentes coutumes, selon les pays où l’on se trouve. Les photos de l’exposition ont été sélectionnées par Magnum et le Quai de la photo, et font toutes parties de l’ouvrage. Dans ces clichés, il n’y a pas de message particulier, c’est juste ce que moi, je vois à la plage. Ce sont des choses que je n’arrive pas forcément à expliquer, à intellectualiser. C’est sûrement pour ça que je prends des photos !

Vous en avez vu des plages ! Quel pays vous a semblé le plus intéressant à photographier ?

L’Inde est tout de même assez intéressante. J’y suis allé pas mal de fois, et le décalage entre les femmes qui se baignent entièrement habillées et l’absence de vêtements des hommes est vraiment frappante. De plus, sur la plage, on peut acheter beaucoup de choses et notamment du très bon café et de l’excellente nourriture. C’est tout un monde qui s’y crée !

Et avez-vous prévu de faire un petit tour à la plage cet été ?

D’abord, je vais à Glastonbury. C’est le plus grand festival de musique du monde ! Ensuite, j’irai faire un tour en Irlande… avec mon appareil photo. Finalement, je suis un touriste qui prend les touristes en photo. 

Martin Parr
© Clémence Losfeld pour Time Out ParisExposition de Martin Parr dans la péniche du Quai de la Photo.

Vous n’avez pas pris beaucoup de photos en France. Y a-t-il une raison particulière ?

Je n’aime pas trop prendre des photos en France, les gens sont un peu paranos et vraiment snobs. (Rire.) Et quand ils sont d'accord pour être photographiés, ils pensent assez rapidement à l’argent qu’ils vont se faire avec… Sauf que, bien sûr, ils ne gagnent rien ! De toute façon, maintenant, quand je viens à Paris, je ne prends pas mon appareil !

Vous n’êtes donc pas un grand fan de Paris…

Non, j’adore Paris ! Je n’ai juste pas envie de la photographier. (Rire.) 

Comment vivez-vous le fait d’être la première personne à exposer dans ce nouveau lieu parisien dédié à la photographie ?

J’adore l’idée, et tout le crédit revient aux équipes du Quai de la photo et de Magnum. Je trouve très intéressant d’exposer mes photos de plages sur un bateau. 

On vous décrit souvent comme un photographe ironique, représentant de l’humour “à l’anglaise”.

La satire est essentielle. Il faut rire ! “If you don’t laugh, you’ll cry”, comme on dit. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles mon travail a du succès en France. Les Français ont le cliché de l’Anglais rigolo. Pour autant, ce n’est pas quelque chose que je fais exprès, je n’analyse pas mon travail. A vous de me dire ce que vous trouvez de drôle dans mes photos !

Martin Parr
© Clémence Losfeld pour Time Out ParisExposition de Martin Parr dans la péniche du Quai de la Photo.

Vous avez été consacré cette année “Master of Photography” par le salon Photo London et vous êtes maintenant vu comme une légende de la photo. Mais vous partagez ici la scène avec une jeune photographe, Clémentine Schneidermann (qui expose sur le quai, devant la péniche). Vous voyez-vous comme un mentor, une personne qui a ouvert la voie ?

Je suis très heureux de partager la scène avec de plus jeunes artistes. Nous avons cruellement besoin de nouvelles idées, de nouveaux regards, de nous renouveler. En cela, il nous faut prêter attention aux jeunes talents ! Je connais bien le travail de Clémentine, nous avons déjà exposé ensemble et j’aime beaucoup ce qu’elle fait.

Vous venez de la photographie en noir et blanc et vous êtes aujourd’hui connu comme un maître de la couleur. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Eh bien c’est simple : j’ai arrêté de photographier en noir et blanc, et j’ai commencé la couleur ! (Rire.) En vérité, j’ai vu des photos prises par des Américains comme Stephen Shore, Joel Meyerowitz, toute cette génération d’artistes visuels des Etats-Unis. Les cartes postales aux couleurs éclatantes ont aussi été une vraie source d’inspiration. Et donc j’ai pensé que c’était probablement le moment de passer à la couleur !

Martin Parr
© Clémence Losfeld pour Time Out ParisExposition de Martin Parr dans la péniche du Quai de la Photo.

Il y a en ce moment une exposition dédiée à Harry Gruyaert au BAL. Il nous avait expliqué que la couleur était considérée comme “vulgaire” à l’époque…

J’ai appris pour cette expo oui, je suis sûr que c’est super ! Concernant la couleur, c’est un problème lié à l’époque, tout simplement. Dans les années 1970, les gens étaient habitués à voir du noir et blanc, aujourd’hui, nous sommes habitués à voir de la couleur, ça ne nous choque plus. Il fallait juste que quelques personnes le fassent en premier, et ça s’est vite démocratisé. 

Dernière question : en tant qu’Anglais, avez-vous une relation particulière avec Time Out ?

Il me semble que j’ai déjà été publié dans Time Out London. Mais moi, je viens de Bristol, pas de Londres. Je n’ai donc jamais été un grand lecteur… Désolé ! (Rire.)

Quand ? Jusqu’au 24 septembre 2023
Où ? Quai de la photo, 9 port de la Gare, Paris 13e.
Combien ? Gratuit 

Quai de la Photo
© Clémence Losfeld pour Time Out ParisPéniche d'exposition du Quai de la photo.
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