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  1. Restauration rapide ('Ecce homo' de Elías García Martínez)
    'Ecce homo' de Elías García Martínez

    Août 2012, Borja. Dans cette petite ville paisible du nord-est de l’Espagne, une octogénaire pleine de belles ambitions pour le patrimoine artistique de sa bourgade prend une grande résolution : restaurer ‘L’Ecce homo’ de son église locale. Peint par Elías García Martínez dans les années 1910, le délicat Christ à la couronne d’épines a été gravement détérioré avec le temps et, a priori, un petit coup de peinture fraîche ne devrait pas lui faire de mal. Enfin, a priori...

    Manque de pot, mamie n’a pas le coup de pinceau d’un Michel-Ange. « Audacieuse », sa restauration (« déstauration ? ») transforme radicalement l’original : les traits raffinés du visage peint par García Martínez ont été remplacés par d’épaisses tartinades de peinture brunâtre, la fine chevelure par une sorte de cagoule en poils de macaque. Les conservateurs du patrimoine crient au scandale et l’image fait le tour du Web : bien qu’elle ait fait la notoriété de son village et gagné les faveurs d'une maigre portion du public, la « défiguration » de Borja reste sans aucun doute l’un des plus croustillants – et catastrophiques – fiascos du genre.

  2. Arnaque à l'américaine ('George Washington' de Gilbert Stuart)
    'George Washington' de Gilbert Stuart

    L'un des portraits signés Gilbert Stuart du président des jeunes Etats-Unis d'Amérique George Washington orne, encore aujourd'hui, les billets d'un dollar. Ce que l'on sait moins, c'est qu'en réalité, ce tableau resta inachevé. Non pas à cause d'une raison valable (décès soudain, guerre brutale, magasin de peinture fermé le dimanche), mais parce que le fameux Stuart était un fieffé radin. Selon la légende, il laissa volontairement son travail en suspens pour en réaliser plus facilement des copies, produisant au moins 70 versions du portrait, vendues 100 dollars pièce. De quoi l'occuper suffisamment pour l'empêcher de finir l'original avant de mourir, une trentaine d'années plus tard, en 1828. On ne saura donc jamais quel pantalon portait George le jour où il posa.

    Image : © William Francis Warden Fund, John H. & Ernestine A. Payne Fund, Commonwealth Cultural Preservation Trust. Propriété du Museum of Fine Arts, Boston, et de la National Portrait Gallery, Washington DC

  3. 40 ans d'exil ('Guernica' de Pablo Picasso)
    'Guernica' de Pablo Picasso

    Née sous une étoile funèbre – celle de la montée des dictatures d’extrême droite –, ‘Guernica’ est, à bien des égards, damnée avant même de voir le jour. Icône des horreurs de la Guerre Civile espagnole, l’hommage déchirant aux victimes du bombardement de Guernica réalisé par Picasso en 1937, demeure longtemps le symbole de la défaite des valeurs républicaines contre le totalitarisme. Exposée pour la première fois au Pavillon espagnol lors de l’Exposition internationale des Arts et Techniques de Paris en 1937, la toile est condamnée à l’exil pendant plus de 40 ans : après avoir sillonné le monde, elle est accueillie par les Etats-Unis en 1939 et demeurera à New York jusqu’en 1981, le peintre espagnol ayant refusé que son chef-d’œuvre franchisse le territoire espagnol tant que le régime franquiste serait au pouvoir. Et si ‘Guernica’ débarque au musée Reina Sofia de Madrid intacte, ce n’est pas faute d’avoir été malmenée : en 1974, alors qu'elle est accrochée au MoMA, elle est vandalisée par le galeriste Tony Shafrazi, qui y peinturlure les mots « Kill Lies All » à la bombe rouge, en signe de protestation contre la guerre du Vietnam. Heureusement, la toile est rapidement restaurée et aucune trace des dégâts ne subsiste.

    Image : © Museo Reina Sofia, Madrid

  4. Foudres féministes ('Vénus au miroir' de Diego Vélazquez)
    'Vénus au miroir' de Diego Vélazquez

    10 mars 1914. Le lendemain de l’arrestation de la suffragette Emmeline Pankhurst, une autre membre du mouvement féministe britannique, Mary Richardson, décide de déverser sa rage sur une toile de Vélazquez exposée à la National Gallery de Londres. Munie d’un petit hachoir, Richardson fait sept grosses entailles dans le dos de la ‘Vénus au miroir’, déchirant l’un des plus extraordinaires nus féminins de l’histoire de l’art. Un affront symbolique à la femme-objet qui vaudra six mois de prison à la vandale, laquelle déclarera avoir « tenté de détruire l’image de la plus belle femme de la mythologie, pour protester contre le gouvernement qui détruit madame Pankhurst, l’un des plus beaux personnages de l’histoire moderne. » Contre toute attente, les dégâts seront réparés avec succès par les restaurateurs du musée.

  5. Lapsus destructeurs (La poisse de Lucian Freud)
    La poisse de Lucian Freud

    En l’an 2000, une étude de nature morte signée Lucian Freud est victime d’un lapsus dévastateur qui aurait sans doute fait cogiter papi Sigmund : à Londres, deux coursiers de la célèbre maison de vente Sotheby’s, croyant se débarrasser d’une caisse vide, placent l’œuvre et son emballage dans une broyeuse. La pièce était estimée à environ 150.000 euros. Aïe. Ca fait cher la bourde.

    Huit ans plus tard, nouveau coup de poisse pour le peintre britannique. Alors qu’il rassemble des toiles pour une grande rétrospective à Londres, Freud s’aperçoit que l’un de ses tableaux, un portrait du richissime antiquaire Bernard Breslauer, est introuvable. Cette fois, c’est volontairement que l’œuvre a été saccagée : par le modèle himself, insatisfait, paraît-il, de la manière dont l'artiste avait représenté son (double) menton.

  6. Baveuse bavure ('Phaedrus' de Cy Twombly)
    'Phaedrus' de Cy Twombly

    « C'est un geste d'amour, quand je l'ai embrassé, je n'ai pas réfléchi (…) L'artiste, lui, aurait compris... Ce geste était un acte artistique provoqué par le pouvoir de l'art. » Voilà comment se défendait Rindy Sam, la jeune femme qui avait profité d'une exposition en Avignon pour souiller un triptyque (d'un blanc immaculé) du peintre américain Cy Twombly avec son ardent rouge à lèvres. Geste artistique ou dégradation volontaire ? Le juge a tranché, et condamné la demoiselle aux lèvres goulues à verser 1 000 euros au propriétaire de la toile, 500 euros à la galerie et 1 euro symbolique au peintre. Un verdict plutôt clément pour une œuvre estimée à deux millions de dollars. D'autant que de nos jours, le rouge à lèvres waterproof-longue-durée-24-heures, c'est vraiment pas facile à détacher.

    Image : © DR

  7. Au voleur ! ('Le Cri' d'Edvard Munch)
    'Le Cri' d'Edvard Munch

    Au fond, si ‘Le Cri’ crie, c’est peut-être au secours. Car ce n’est pas facile tous les jours. Depuis une vingtaine d’années, le chef-d’œuvre d’Edvard Munch est devenu l’une des cibles de choix des pillards de musée. Après le vol d’une des quatre versions du tableau au musée de Lillehammer (Norvège) en 1994, un autre exemplaire de la toile est raflé au musée Munch d’Oslo en 2004. Les deux œuvres ont été retrouvées, mais le hurleur, lui, reste inconsolable.

  8. Satanée gloire ('La Joconde' de Léonard de Vinci)
    'La Joconde' de Léonard de Vinci

    Il paraît que c’est la rançon du succès : avec les grands triomphes viennent souvent de grands désagréments, et quand on est célèbre, il faut savoir subir les accès de démence de son public – fans et détracteurs confondus. ‘La Joconde’ n’a pas échappé à la règle. Mythe des mythes de l’histoire de l’art, objet d'inquantifiables fascinations et diffamations, la toile a connu son lot de harcèlements au fil des années. Le premier gonfle la notoriété du tableau de Léonard de Vinci : en 1911, un dénommé Vincenzo Peruggia se cache dans un placard à balais du Louvre en attendant la fermeture du musée, s’empare du tableau et quitte les lieux, ni vu ni connu, en dissimulant la toile sous son manteau. Gros coup de pub pour Mona Lisa, dont le rapt attire l’attention médiatique mondiale : on accuse Guillaume Apollinaire (qui avait un jour réclamé qu’on « brûle le Louvre ») d’être dans le coup, on soupçonne même brièvement Picasso de complicité, les théories fusent dans tous les sens et il faudra attendre deux ans avant de retrouver l’œuvre, alors que Peruggia tente de la vendre à un antiquaire à Florence.

    Après deux nouvelles agressions en 1956 – un visiteur qui jette de l’acide sur le tableau et un autre qui lui lance une pierre, abimant légèrement la peinture dans la zone du coude gauche – on finit, éventuellement, par perfectionner le système de sécurité qui protège la toile. Résultat : aujourd’hui, ‘Mona Lisa’ est condamnée à croupir derrière une cage de verre blindée – vitre contre laquelle une touriste russe fracassa une tasse de thé vide en août 2009.

  9. Enchère et hantée ('The Hands Resist Him' de Bill Stoneham)
    'The Hands Resist Him' de Bill Stoneham

    En plus de diffuser des millions de vidéos de chatons trop mignons, Internet excelle dans la propagation de rumeurs sulfureuses et autres légendes urbaines. En l'an 2000, 'The Hands Resist Him' est mis en vente sur eBay, présenté comme une œuvre maudite : les deux personnages – flippants, il faut bien l'avouer – attendraient la nuit pour quitter la peinture et aller se balader... Attrape-nigauds pour faire monter les enchères ? Sans doute. Mais ensuite, le peintre lui-même en rajoute une couche, rappelant que le propriétaire de la première galerie dans laquelle fut exposée la toile de 1972, ainsi que le premier critique qui écrivit un article sur elle, moururent dans l'année ! A croire que tous ceux qui oseraient l'approcher finiraient par aaaaargh

    Image : © DR

Maudits tableaux : de la poisse dans l'art

Petit inventaire des œuvres d'art qui ont porté malchance ou manqué de pot

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Si la légende est avérée, et que le chiffre treize porte vraiment la poisse, il va falloir se rendre à l'évidence : on est dans la mouise. Mais au lieu de nous morfondre face aux 365 jours d'épreuve qui constituent cette nouvelle année, tentons plutôt de relativiser en songeant à toutes ces autres années qui ont attiré le mauvais œil. Prenez l'art par exemple : la peinture, elle, n'a pas attendu 2013 pour porter malchance ou manquer de pot. Vols, vandalisme, exil, pouvoirs « magiques »... Un coup d'œil à certains des tableaux les plus infortunés de l'histoire de l'art suffit pour se rappeler que tous les ans peuvent couver une bonne mésaventure. Rassurant, non ? (Cliquer sur l'image pour activer le diaporama.)

Voir aussi :

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Guide des musées
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On nous répète toujours que Paris est une ville d'art et de culture, une ville musée, LA ville musée, mais on oublie parfois à quel point c'est vrai. Si la capitale n'est plus toujours en tête de gondole en matière de jeune création et de marché artistique (enfin, il paraît), côté conservation, patrimoine, organisation muséale, anciennes demeures d'artistes, Paris reste la reine des grandes métropoles historiques qui ont su conserver une trace de leur histoire. Et aussi un peu de celle des autres (merci au recel, hum pardon, « emprunt » de momies). Aujourd'hui, plus de cent musées (soutenus de près ou de loin par l'Etat pour la plupart) témoignent de cette obstination pour le catalogage, la vulgarisation et le partage de l'héritage collectif - pour la muséification accélérée de la chose fraîche et la congélation à long terme de la chose passée. Et pourtant nous sommes toujours plus nombreux à nous précipiter aux portes du Louvre, du Grand Palais, du Centre Pompidou ou du musée d'Orsay ; beaucoup moins à nous aventurer vers des institutions plus intimistes, plus obscures - plus audacieuses aussi parfois. En occultant toute considération de notoriété, de popularité ou de taille, nous avons voulu nous pencher sur cette offre culturelle colossale. En mettant les petits plats dans les grands, et vice-versa.

50 oeuvres d'art incontournables à Paris
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Lichtenstein à Beaubourg, Braque au Grand Palais, 'Masculin/Masculin' au musée d'Orsay... On ne compte plus les expositions que tout Paris a vues, que tout le monde a vues, qu'il faut avoir vues. Au risque, parfois, d'occulter les autres trésors que renferment les musées parisiens, notamment au sein de leurs collections permanentes. La rédaction a voulu se pencher sur ces œuvres, toujours fidèles au poste, qui s'exposent du matin au soir au Louvre, à Orsay, au Centre Pompidou ou au Quai Branly, mais aussi dans des lieux moins connus. En choisissant 50 pièces (avec parfois l'aide précieuse de conservateurs), le but n'était pas d'être exhaustif, ni de cataloguer les chefs-d'œuvre les plus célèbres de la capitale. D'ailleurs, au fil de cette expédition artistique, nous n'avons croisé ni 'La Joconde', ni 'La Victoire de Samothrace', ni 'La Dame à la Licorne', dont il nous paraissait presque superflu de souligner l'écrasante célébrité. Et puis l'exercice l'ordonnait : il a fallu faire des choix, guidés par la curiosité qui nous a parfois poussés à aller chercher l'inattendu, l'improbable, l'oublié.Si nous avons essayé de nous limiter à des œuvres qui restent constamment présentes dans les collections parisiennes, difficile de le garantir : l'une aura pu être prêtée à un musée à l'autre bout du monde, tandis qu'une autre sera peut-être partie se refaire une beauté dans le labo d'un restaurateur.Bref, tout cela est parti d'une envie très simple : faire découvrir ou redécouvrir des œ

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Le sexe féminin dans l'art
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Ce que cache l'art
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Se pencher sur les symboles cachés que renferment les chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art, c'est poser le pied sur un terrain glissant. Ouvrir la porte d'un monde parallèle habité de geeks illuminés et de fans de Dan Brown ; se frotter à des théories démentielles, des décryptages tirés par les cheveux et des hallucinations à la limite de la paranoïa aigüe. Eh oui, bien mal nous en a pris, au cours de nos recherches la curiosité nous a poussés à consulter l'ami Google et nous n'avons pas été déçus. En caressant la barre de recherche dans le sens du poil, nous sommes tombés sur une mine d'or de blogs complètement perchés qui nous ont notamment permis de découvrir que des agneaux, des serpents, des cercueils et des mots cryptés en anglais (« Judgement Day », « Japan », « Ending »...) se cachaient dans la plupart des tableaux de Van Gogh (si, si). Heureusement, nos lointains souvenirs de cours d'histoire de l'art et des sources autrement saines d'esprit nous ont remis dans le droit chemin, et grâce à elles nous avons pu concocter une petite sélection d'œuvres qui ont, indubitablement, quelque chose à cacher : un symbole croustillant, un message cocasse, un détail qui fâche, une boutade. Car si le sujet nourrit autant de fantasmes, c'est bien parce que les arts plastiques ont toujours été un terrain propice à l'énigme, d'innombrables artistes ayant succombé à la tentation de glisser de petites audaces chafouines dans leur travail. Autant de secrets de Polichinelle invisibles au p

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Tous à poil. Mais pourquoi ?
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