Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche
Uncut Gems / Netflix
Uncut Gems / Netflix

Les 70 meilleurs films à mater sur Netflix

Les films à regarder en priorité sur la plateforme de streaming Netflix. On parie que vous ne les avez pas tous vus !

Écrit par
Houssine Bouchama
,
Olivier Joyard
et
La Rédaction
Publicité

Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, Alejandro González Iñárritu, Christopher Nolan, les frères Safdie… Mais aussi, côté franchouillard, Abdellatif Kechiche, Mia Hansen-Løve, Arnaud Desplechin… Depuis quelques années, on ne compte plus les grands noms du cinéma d’auteur qui viennent peu à peu agrémenter le catalogue du mastodonte du streaming : Netflix. Alors, pour s’y retrouver dans une offre assez inégale, entre pur chef-d’œuvre scorsesien et comédie douteuse, votre magazine préféré a décidé de sélectionner, avec beaucoup de subjectivité (forcément), la crème de la crème des films sur Netflix.

Vous y trouverez tant des créations originales (Roma, Marriage Story, The Irishman...) que les nouvelles acquisitions du mastodonte américain. D’autant plus que le dossier est amené à évoluer : en quelques mois, Netflix a acquis les droits de diffusion du mythique Studio Ghibli (21 films au total) avant de signer un partenariat avec MK2, lui permettant de diffuser 12 films de Truffaut (qui fait à lui seul l’objet d’un dossier), mais aussi le maître du rêve au cinéma, David Lynch (mais pas ses meilleurs).

Au final, pas évident de choisir parmi plus de 4000 programmes... Surtout qu'il a fallu varier les genres et les gens (ba oui, on n'allait pas mettre tous les films de Scorsese en haut de la liste). Bref, sans plus attendre, voici les 70 films à mater en priorité sur Netflix selon nous. On parie que vous ne les avez pas tous vus !

70 films à mater d'urgence sur Netflix

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Pour devenir l’un des cinéastes les plus pertinents et talentueux des vingt dernières années, Paul Thomas Anderson a dû dépasser son statut de chroniqueur scorcesien de la vie débauchée de Los Angeles pour explorer la crise de confiance du mâle américain. There Will Be Blood a opéré ce tournant, déployant la figure du malfrat sous les traits d’un baron du pétrole. Le héros, Daniel Plainview, s’y impose comme une version ultra-flippante de Daniel Day-Lewis, le genre de mec qui menace (dans une scène cultissime) de terminer votre milk-shake avant de vous fracasser la tronche. Bien aidée par la musique de Jonny Greenwood de Radiohead (qui signe là son entrée dans la caste des grands compositeurs de ce siècle), la saga épique de « PTA » dialogue à travers les décennies avec le cynisme de Chinatown (Polanski), son ancêtre 70’s. Comme Phantom Thread l’a démontré en 2017, le réalisateur n’a pas perdu le sens de l’humour de ses débuts. Mais à un moment, Anderson a eu besoin de s’affirmer en devenant sérieux. C’était le moment There Will Be Blood !

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Thriller
  • Recommandé

Ce film marque-t-il le sommet de la carrière de Martin Scorsese ? On peut le penser, pas seulement parce que chaque nouvelle vision en bonifie l’expérience, mais aussi parce que la révolution entamée par Les Affranchis n’a cessé de montrer ses effets. Sans ce film, pas de Soprano ni d’âge d’or de la télévision, pas de scène du dîner dans Reservoir Dogs… En faisant de ses préoccupations sur les insécurités masculines un ressort de comédie, Scorsese a inventé un nouveau genre : le commentaire social sous acide, enrobé d’un récit typiquement américain de la grandeur et de la décadence d’un pauvre type. Auprès de Robert De Niro et Joe Pesci, Ray Liotta trouve un rôle inoubliable que ses yeux inquiets illuminent. Et le film glisse habilement de la surface des vies mafieuses – la nourriture, les boîtes de nuit, les tromperies, la violence – vers leur fond tragique : la prison, l’abandon et la vie sclérosée par la peur, à chaque coin de rue.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Sorti il y a déjà vingt ans, Pulp Fiction demeure le film-culte par excellence des années 1990. Labyrinthique et ludique, délirant et sexy, bordélique et magistralement maîtrisé, ce deuxième long métrage de Quentin Tarantino apparaît, avec le recul, comme la compilation compulsive d’une cinéphilie folle, réunissant les références pointues (à l’image de cette inoubliable scène de danse sur Chuck Berry, inspirée d’une séquence de Bande à part de Godard) et bénéficiant d’un casting à tomber à la renverse, d’Uma Thurman à Bruce Willis, de Samuel L. Jackson à Harvey Keitel, en passant par Tim Roth, Christopher Walken et, évidemment, un Travolta délicieusement classe et has-been. Et encore faudrait-il mentionner sa narration formidablement éclatée, la géniale exubérance de ses dialogues ou la formidable B.O. du film. Bref, tout est beau et bizarre dans Pulp Fiction, rêverie cinéphage et transgenre, poème en forme de polar acide et chef-d’œuvre imparable de « coolitude ».

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Du Château de Cagliostro (1979) au plus récent Le vent se lève (2013), Hayao Miyazaki n'a cessé de développer un univers personnel d'une poésie rare, délicate et contemplative, accompagnée d'une douce mélancolie… et plein de ravissants petits animaux. Le Voyage de Chihiro est le film qui apporta à son auteur la consécration mondiale : Oscar du meilleur film d'animation et Ours d'or du meilleur film à Berlin en 2012, le film suit une adorable fillette, Chihiro, perdue dans un monde étrange qui n'aurait rien à envier à celui d'Alice au Pays des merveilles, où ses parents sont subitement transformés en cochons. Sublime rêverie, Le Voyage de Chihiro reste tout simplement un must de l'animation, et l'un des plus beaux films de Miyazaki – aux côtés de Princesse Mononoké, Le Château ambulant ou Mon Voisin Totoro.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Sans doute l'un des premiers longs métrages les plus célèbres de l'histoire du cinéma, Les Quatre Cent Coups apparaît en 1959 comme le manifeste esthétique et le fer de lance de la Nouvelle Vague naissante (A bout de souffle sortira l'année suivante) et comme le premier épisode de la saga centrée sur l'alter ego de Truffaut, Antoine Doisnel - interprété par un impressionnant Jean-Pierre Léaud d'à peine 15 ans. Largement autobiographique et tourné en décors naturels, Les Quatre Cents Coups recevra le prix de la Mise en scène au festival de Cannes. Et il reste, plus de 50 ans après sa sortie, un film aussi charmant qu'incontournable.

La Vie d'Adèle
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Tout simplement magnifique, La Vie d'Adèle se pose comme une évidence, à l'image de certains films d'Eustache, de Renoir, d'un réalisme époustouflant et d'une contemporanéité palpable. Plongée dans ce film-fleuve de trois heures qui passent comme une lettre à la poste, Adèle (Adèle Exarchopoulos, éblouissante) traverse l'adolescence. Lycéenne curieuse, elle lit Marivaux et s'initie à l'amour, d'abord avec un lycéen gentiment banal, puis avec Emma, étudiante des Beaux-Arts aux cheveux bleus (Léa Seydoux, en lesbienne magnétique), avec laquelle elle vivra une passion complice et complexe. Lumineux, le film d'Abdellatif Kechiche s'impose comme une ode à la vie, une affirmation joyeuse de son intensité, où le désir se voit représenté simplement, dans des scènes d'une authenticité bouleversante qui, bien que frontales, se situent à l'opposé de toute pornographie. Toutefois, il serait injuste de limiter La Vie d'Adèle à un itinéraire sensuel ou sentimental. Tout le quotidien de la jeune héroïne s'y retrouve en effet : parents, amis, travail, politique... L'histoire d'Adèle paraît simple, humble ; elle se révèle en fait d'une densité bouleversante.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Avec Gravity, le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron (connu également pour le road trip érotique Y Tu Mamá También, le thriller dystopique Les Fils de l’homme et Le Prisonnier d’Azkaban, aka le meilleur Harry Potter) transformait un thriller de science-fiction à grand spectacle en étude intime de personnage dans l’immensité de l’espace. Roma, sa merveille très personnelle en noir et blanc, passe à l’inverse du micro au macro : tout commence par les détails d’une vie, enchaînant progressivement sur la réalité sociale et politique de Mexico dans les années 70, dans le quartier même où le réalisateur a grandi. Construit par Cuaron comme une élégie sobre et sensible de son enfance auprès de Cléo, la domestique qui l’a élevé, Roma rejoint d’autres grands portraits de femme au cinéma comme Jeanne Dielman de Chantal Akerman, en nous plaçant au cœur d’une expérience physique. En bref : un chef-d’œuvre immersif, du cinéma pur. Et profondément humain.

Casino
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Thriller
  • Recommandé

L’un des plus beaux Scorsese, dans une décennie fantastique pour le cinéaste. Réalisé cinq ans après Les Affranchis, le film réunit à nouveau Robert De Niro et Joe Pesci, mais fait voyager les légendes de New York vers la capitale du jeu, Las Vegas, des 70’s au début des années 80. Déjà implacable dans sa manière de montrer les circuits à la fois rutilants et sombres de l’argent au royaume des dorures et des machines à sous, Casino devient grand quand il fait entrer en scène un personnage de prostituée séduisant le grand boss. Face à De Niro, Sharon Stone trouve ici son dernier grand rôle. A la fois pleine de vie et laminée par la tragédie, entre fourrures et larmes, elle émeut profondément – son interprétation de Ginger lui a d’ailleurs valu un Golden Globe. Comme tous les grands films, Casino est tendu de toutes parts, déployant à la fois une saga intime et un commentaire sur l’histoire en marche, celle du capitalisme américain de plus en plus dévoyé.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Comédie
  • Recommandé

L’une des premières rom-coms, ainsi qu'un incontestable sommet de l'ère silencieuse du cinéma, Les Lumières de la ville voit le délicieux personnage de vagabond créé par Charlie Chaplin tomber amoureux d’une fleuriste aveugle – et lui faire, plus ou moins accidentellement, croire qu'il est millionnaire. Des manigances s'enchaînent, avec beaucoup de bons vieux gags burlesques (qu’on retrouve parfois aujourd’hui dans Les Simpson ou Family Guy). Et si certains semblent effectivement datés, d’autres demeurent d’une aussi drôles que rafraîchissants. Mais c'est la romance plus que le comédie qui nous fait revenir à ces Lumières de la ville – dont la fin, poignante, n’a clairement rien perdu de son intensité émotionnelle.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

Ce quatrième épisode de la remuante saga post-apocalyptique de George Miller arrive sur nos écrans comme une tornade s’invitant dans un salon de thé. Mis à part un bref interlude, Fury Road se résume à du métal broyé et de la violence épique. Une fresque minimaliste, jouissive, sèche et rêche comme on n’en avait pas vu depuis longtemps dans un film d’action. Celui-ci en a sous le capot, autant dans ses cascades réalisées « à l’ancienne » (avec des scènes claires et lisibles), son rythme sans temps mort, que son design visuel à couper le souffle. Aussi intéressant thématiquement, malgré son scénario des plus classiques, qu’époustouflant visuellement avec des scènes qui vous accrochent littéralement la rétine, ce volet de Mad Max se paie même le luxe de l’humour : d’un running gag musical tordant à la foi déjantée des warboys, Miller réalise une œuvre heavy metal unique, sublime, aux crocs bien acérés. Comme un Burning Man qui aurait mal tourné.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Le huitième film d’Arnaud Desplechin s’inscrit dans la lignée des grandes œuvres sur les réunions de famille, où émergent quelques fractions de tendresse au milieu des règlements de compte, de la maladie et des petites pudeurs. Film choral et fleuve, Un conte de Noël repose sur une mise en scène conduite par une caméra virevoltant entre les acteurs, comme sait si bien le faire un Robert Altman par exemple. Le spectateur est ainsi littéralement embarqué dans les relations houleuses entre Henri, sorte d’alter ego du cinéaste joué par Mathieu Amalric, et sa mère Junon jouée par Catherine Deneuve. Autour d’eux gravitent les autres membres de la famille, mari, frères, sœurs, neveux et petits-enfants, qui se déchirent, s’évitent ou se réconcilient dans un tourbillon entrecoupé de confessions face à la caméra. Fidèle à son habitude, Desplechin exploite avec talent la médiocrité de ses personnages, en leur permettant toutefois de se sauver, le tout avec une élégante spontanéité.

Le Tombeau des lucioles
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Produit par le célèbre Studio Ghibli (qu’il a fondé avec Hayao Miyazaki en 1985), ce récit d'animation d'Isao Takahata est d'une splendeur visuelle égale à l'immense tristesse qui le parcourt. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un préadolescent veille sur sa petite sœur de 4 ans après la mort de leur mère et la disparition de leur père, officier de la marine japonaise. Dans leur fuite, les deux enfants trouvent un refuge désaffecté, illuminé la nuit par des milliers de lucioles. Mais la fillette, bientôt, tombe gravement malade. Et la nourriture vient à manquer… Bref, gros potentiel lacrymal dans ce très beau film d'une dureté telle qu'on le conseillera sans doute davantage aux adultes qu'aux enfants. Un peu comme Fritz the Cat, en somme. Mais pas tout à fait pour les mêmes raisons.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

L’alliance entre la majestueuse tension visuelle de David Fincher (Fight Club, Zodiac) et le swing verbal féroce d’Aaron Sorkin (scénariste ultra-talentueux de la série A la Maison Blanche notamment) a donné naissance à ce récit détonant sur les origines de Facebook. Soit la combinaison en un seul homme de la frustration postado, de l’esprit des grandes écoles américaines et d’un sens génial de la programmation informatique. Eisenberg excelle dans le rôle de Mark Zuckerberg, le créateur du réseau. Socialement mal à l’aise, il se montre aussi constamment arrogant, sur la crête entre dureté et fragilité, capable de baisser les yeux devant une fille puis de renvoyer à ses études un concurrent trop faiblard pour lui. D’une précision et d’une élégance rares, The Social Network se plaît à remuer le couteau dans la plaie de son icône souvent détestable, mettant en lumière une ironie : comment un homme aussi déconnecté a-t-il connecté le monde au-delà de l’imaginable ? Un grand film sur nos communications modernes, si proches et si lointaines.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Palme d’or surprise au Festival de Cannes, le film du réalisateur roumain Cristian Mungiu débute par l’image choc de deux jeunes femmes terrifiées dans une chambre d’hôtel, discutant avec un homme plus âgé de sang, de draps souillés et du besoin urgent d’un sac plastique… Pendant tout le film, on n’échappe pas à la noirceur mais aussi à l’énergie de la caméra traquant la réalité d’une société où aucune loi n’autorise l’avortement, forçant des femmes à recourir au marché noir dans des conditions sordides. Mungiu dresse un portrait amer de son pays de l’ancien bloc soviétique, mais c’est d’abord l’intimité de son point de vue qui frappe. Le film brille par le sentiment d’urgence qu’il déploie à toutes les scènes – l’action se déroule en une après-midi et une soirée à la fin des années 80 – et révèle finalement sa nature surprenante de thriller social et politique. Un exemple de la vitalité du cinéma roumain des années 2000, malheureusement moins évidente aujourd’hui tant les conditions économiques se sont durcies.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Dans son club vieillot à downtown Los Angeles, Frankie Dunne (Clint Eastwood) forme des boxeurs chevronnés depuis des décennies. Son principe fondateur – toujours se protéger – laisse pourtant planer le doute sur sa capacité à laisser éclore de vrais champions. Quand Maggie (Hilary Swank) débarque et demande qu’il l’entraîne, le vieux Frankie commence par dire non. Il ne bosse pas avec les femmes. Mais celle qui travaille comme serveuse n’en a rien à faire. Elle insiste, encaisse les coups, et parvient à le convaincre de devenir son coach. Autour de ce duo (complété par Morgan Freeman en tenancier de la salle de sport), le film décoche une à une des flèches émotionnelles imparables, marquées par une réflexion sur la transmission et le deuil. Eastwood est à son meilleur dans ce film subtil et épuré, qui a remporté plusieurs Oscars, dont celui du meilleur film et de la meilleure réalisation.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Joshua et Benny Safdie ont renouvelé le cinéma indépendant new-yorkais depuis une décennie avec des films la plupart du temps tournés à l’arrache avec peu de moyens. Après avoir donné à Robert Pattinson un rôle mémorable dans Good Time, les trentenaires chics s’amourachent ici d’Adam Sandler, en le suivant frénétiquement et à la trace tout au long du film. Son personnage dérangé de vendeur de diamants passant une sale semaine (nous sommes en 2012) parvient à émouvoir au milieu de chaos qui rythme son quotidien. Et rayon chaos, les frères Safdie s’y connaissent et s’y sentent bien, saturant leur film de néons et de bruits éclatants, captant l’énergie d’une ville et le désespoir d’une vie qui dérape. On peut trouver l’ensemble un peu chargé, mais le travail du chef opérateur Darius Khondji (Seven, notamment) force le respect, tout comme la sincérité folle déployée pour sublimer les artifices du cinéma. Derrière ce portrait d’un type au bout du rouleau aux choix discutables, Josh et Benny Safdie nous parlent aussi d’eux-mêmes et de leurs failles avec un certain courage. Bravo !

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Thriller
  • Recommandé

Nommer ses personnages en leur attribuant des couleurs : Mr White (Harvey Keitel), Mr Orange (Tim Roth), Mr Blonde (Michael Madsen), Mr Pink (Steve Buscemi) ou Mr Brown (Quentin Tarantino). En faire des gangsters sans scrupules, mais les écouter débattre du sens profond d’une chanson de Madonna. Orchestrer une terrifiante séance de torture, tout en l’accompagnant d’un tube seventies sarcastiquement léger (Stuck in the Middle with You de Stealers Wheel). Dès son premier long métrage, Quentin Tarantino, 29 ans à l’époque, impose sa patte ludique, son style postmoderne et touche-à-tout. Cinévore compulsif, fan de séries B autant que de Jean-Luc Godard, Tarantino explosera surtout sur la scène internationale avec son film suivant, l’incontournable Pulp Fiction. Mais Reservoir Dogs bénéficie déjà de cette touche si particulière, exubérante et bavarde, virevoltante et trash, excessive et joueuse, du réalisateur.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

L’explorateur britannique Percy Fawcett s’est perdu dans la jungle amazonienne en 1925. Son histoire fascinante convoque tous les marqueurs du film d’aventures : trahisons, cannibalisme, têtes réduites et piranhas flippants. Dans les mains de l’éternel outsider hollywoodien James Gray (The Yards, Ad Astra), la quête de cet antihéros incarné par Charlie Hunnam est d’abord l’occasion de filmer une errance obsessionnelle et contemplative, en murmurant à l’oreille d’un certain cinéma des années 70 – Coppola, Werner Herzog. De Londres aux rives de l’Amérique du Sud, le film interroge nos ambitions intimes et leurs limites parfois mortelles. La grandeur de The Lost City of Z réside à la fois dans son ambition et sa modestie, la manière dont James Gray croit à la force épique du cinéma classique. Un bain de jouvence pour les yeux.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Noah Baumbach commence son film de rupture sur une note de douceur, quand Nicole (Scarlett Johansson) et Charlie (Adam Driver) se remémorent leurs jours heureux. Mais très vite, le ton change et le réalisateur de Frances Ha plonge dans l’anatomie d’un couple à la manière de Bergman – Scènes de la vie conjugale est l’un des modèles du film. Johansson, en comédienne insatisfaite, a rarement montré autant de douleur et de talent que dans ce film, tandis que Driver, qui joue un metteur en scène brooklynien imbu de lui-même, n’a jamais été aussi… vicieux. Entre New York et Los Angeles, leur clash amer se déploie dès lors sans limites, comme une guerre de tranchées verbale animée par leurs avocats – joués par les géniaux Alan Alda et Laura Dern. En grattant sous la surface des sentiments, Baumbach teinte d’universalité cette comédie de caractères très marquée socialement. Un film pour tenir compagnie à toutes celles et ceux qui se sont sentis trahis par leurs propres espoirs.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Ashitaka quitte les siens pour empêcher un mal mystérieux de s’étendre. Sur sa route, il rencontre une princesse louve qui se bat contre un peuple prêt à sacrifier la nature. Ils finiront par lutter ensemble, au milieu des divinités et des animaux en rage. De ses paysages peintures sous les musiques grandioses de Joe Hisaishi, jusqu’à ses plus fidèles kodama (petits yōkai fabuleux), tout s’imprègne de cette mythologie avec la plus grande des grâces. Mais attention, ce récit n’est pas à mettre devant tous les yeux. Il est aussi celui des humeurs noires, du sang qui tache les corps et des malédictions qui rongent. Cette œuvre rend compte de tout le merveilleux qui anime les contrées nippones. Et c’est bien là le point d’arrivée de la plupart des œuvres de Miyazaki : ne plus simplement s’émerveiller des beautés du conte mais croire qu’il en subsiste quelque chose dans le monde qui nous entoure.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Après son Dernier Métro aux airs de blockbuster historique, Truffaut revient au quotidien et aux histoires d'amour avec La Femme d'à côté, où il met en scène Fanny Ardant, sa compagne de l'époque, aux côtés de Gérard Depardieu – qu'il retrouve ainsi pour la deuxième fois consécutive. Bernard (Depardieu) est marié. Mathilde (Ardant) également. Leurs couples se fréquentent, s'apprécient. Mais Mathilde et Bernard ont eu une aventure, dans le passé, que leurs conjoints ignorent. Chassé-croisé romantique et sensuel, La Femme d'à côté est l'ultime romance truffaldienne, servie par des dialogues et un art de la parole toujours aussi vifs.

Manchester by the Sea
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Ici, pas de grande intrigue et peu de suspense ; mais des portraits psychologiques fins, souvent puissants, qui conduisent des récits multidirectionnels. C’est autour de Lee (Casey Affleck) que le film tourne : loser solitaire, cafardeux et mélancolique, gardien d’immeuble et homme à tout faire dans le froid hivernal d’un Boston où l’on n’aurait pas franchement envie de passer ses vacances... Après le décès prématuré de son frère aîné, Lee se retrouve, à sa grande surprise, tuteur légal du fils de celui-ci, Patrick (Lucas Hedges), ado taciturne dont la principale préoccupation semble être de courir les filles. Or, de ce procedé ultra-classique, le scénariste-réalisateur Kenneth Lonergan réussit à faire un malheur. Par son alliance de nostalgie, d’humour, de rage, de beauté, de dépression sèche, et porté de bout en bout par un Casey Affleck inoubliable, Manchester by the sea parvient à trouver un ton étonnant et singulier, souvent poignant. Un grand film.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Science-fiction
  • Recommandé

Ici, pas de monde parallèle, pas d'extraterrestres, et encore moins de vaisseaux spatiaux. Gravity est un thriller en apesanteur, qui suit la virée dans l'espace de deux astronautes livrés à eux-mêmes. Comme une attraction réussie du Futuroscope, mais avec la voix sensuelle de George Clooney au creux de l'oreille. Dès les premières minutes, Alfonso Cuarón réussit à nous embarquer dans ce trou noir à 600 kilomètres de la Terre. Les images sont d'une incroyable beauté, avec en toile de fond le soleil couchant et des corps flottants. C’est l'extase totale. Alors que tout semble aller pour le mieux, une pluie de débris venus d'un satellite voisin s’abat sur leur vaisseau, les laissant seuls, perdus dans l’univers. On partage leurs angoisses, celle du silence qui s’installe entre chaque respiration, ainsi que d’une lutte permanente pour maîtriser son corps. Finalement, il aura fallu s'éloigner de la Terre pour mieux comprendre les rapports humains. L'espace se révèle alors comme un prétexte pour aborder des problématiques existentielles telles que la solitude, l'abandon ou l'importance du lien avec l'autre.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Le premier miracle de Moonlight – et ce film crève-cœur en regorge – a lieu à table. Le jeune Chiron, 10 ans, a été harcelé dans la rue. Les deux adultes présents à ce dîner ne sont pas ses parents, mais ils trouvent les mots justes pour répondre à sa question : « Est-ce que je suis une tapette ? » Barry Jenkins explore des aspects peu vus de l’expérience afro-américaine avec une voix poétique et montre des aspects de Miami que l’on ne connaît pas au cinéma. Mais ce qui ressort en premier dans le film tient à sa manière radicale de scruter des turbulences sexuelles éloignées des stéréotypes. Dans le cadre des récits gays, nous sommes loin de Brokeback Mountain, pour nous rapprocher de l’atmosphère anxieuse et planante du génie hip-hop Frank Ocean. Dans le film, Chiron grandit, devenant un adolescent hanté par ses désirs, puis un adulte ténébreux dans la partie finale, peut-être la plus belle, lorsqu’il retrouve la compagnie d’un vieil ami. Le genre de film qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma.

Publicité
The Dark Knight, le chevalier noir
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

Dans ce deuxième volet de la trilogie de Batman pensée par Christopher Nolan, on trouve un Christian Bale nettement plus subtil dans son jeu (et mieux dirigé) que dans Batman Begins, qui doit affronter la peste et le choléra nichés dans une seule et même personne : le Joker (Heath Ledger, grandiose), le méchant par excellence, l'ennemi qui désire voir le monde s'effondrer, brûler comme un feu de paille. The Dark Knight a par ailleurs donné de la complexité et de la noirceur aux personnages imaginés par Bob Kane. Des héros bloqués, ralentis, en plein échec. Quant à Nolan, il a su trouver une voie intelligente vers une forme étonnante d'hyper-réalisme. Quelques années plus tard, on reste toujours scotché devant la brillante mise en scène de The Dark Knight, chronique d'une démence.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Partagé entre son amitié naissante pour le doux et bedonnant Henri (Patrick D’Assumçao) et son désir grandissant pour Michel (Christophe Paou), inquiétant sportif TBM bardé d’une moustache à la Tom Selleck, Franck (Pierre Deladonchamps), trentenaire beau gosse qui investit un lieu de drague naturiste pour hommes au bord d’un lac du Sud-Ouest, se confond ici peu à peu avec le soleil, le vent dans les pins, l’immensité aqueuse du lac. Autant que la sensualité torride des corps, celle de la nature traverse L’Inconnu du lac, avec une attention panthéiste et délicate, accordée au clapotis de l’eau comme aux lueurs du crépuscule. Un peu comme si Terrence Malick avait subitement envie de baiser. A la fois prosaïque et mystique, le début du film, lumineux, se voit toutefois bientôt détourné par une étrange histoire de noyade et de tueur en série. Métaphore du sida, de l’homophobie ou d’une excitation liée au danger, au déraisonnable, cette seconde partie du film réussit à trouver un ton inédit, à mi-chemin entre la comédie et le thriller. Film couillu dans tous les sens du terme, L’Inconnu du lac finit alors par pénétrer le spectateur de son étrangeté complice, douce et maline, à la fois film de genre, toile impressionniste et essai sur l'érotisme.

Publicité
Le Château dans le ciel
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Dans cette première production du Studio Ghibli (fondé en 1985), Hayao Miyazaki fait preuve d’audace en imaginant une flotte de machines volantes vintage. Le film suit une jeune fille pleine de rêves qui se demande si le cristal lumineux dont elle a hérité la mènera jusqu’à la cité volante légendaire de Laputa – un emprunt du réalisateur aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le plaisir intense des scènes de poursuite et de combat en suspension reste aussi fort aujourd’hui, malgré les moyens technologiques rudimentaires dont disposaient les animateurs du studio japonais. Un fond écologique très contemporain sous-tend le film et le rend pertinent en 2020, mais c’est d’abord – et surtout – sa grande puissance d’imagination qui séduit. Le paysage de Laputa est de toute évidence le produit d’un visionnaire de génie.

Whiplash
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Il paraît que la musique adoucit les mœurs. Le réalisateur Damien Chazelle semble en désaccord complet sur la question. Avec Whiplash, le cinéaste filme la musique, le jazz plus précisément, sous l’angle de la performance, du conflit et de l’excellence, voire du défi physique. Certains spectateurs s’étonneront peut-être de ne pas voir de joie, de camaraderie, d’amusement, dans une œuvre dédiée à un art qui procure du plaisir à tout le monde. C’est là tout l’intérêt du film. Derrière ses airs de film parfaitement calibré pour Sundance, la grand-messe des indés américains où Whiplash a gagné le Grand Prix du jury et le Prix du public, le second long métrage de Damien Chazelle démontre de vraies qualités pour représenter à l'écran la musique et le travail qu’elle réclame. Il surprend le spectateur, l’emmène avec lui dans les arcanes du jazz et le stupéfie par un final aussi long que grandiose. 

Publicité
Spring Breakers
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Comédie
  • Recommandé

Dès l’ouverture du film – et son ralenti figurant d’hystériques femmes allongées topless sur une plage, devant un tas de bourrins faisant mine de leur uriner dans la bouche – le spectateur est clairement prévenu : Spring Breakers sera excessif, vulgaire, sarcastique… mais aussi d’une beauté étrangement paradoxale. Simplissime, le synopsis tient sur une feuille à rouler : quatre étudiantes américaines décident de célébrer la fameuse fête du printemps – dont la tradition consiste manifestement à sniffer de la coke sur des gens à poil… Avant de devenir copines avec Alien (James Franco), rappeur grande gueule et trafiquant à ses heures, qui les initiera à la délinquance et aux armes à feu. Parti des confins de la vulgarité visuelle, le film aboutit alors à une étonnante suspension du temps qui pourrait évoquer un conte de fées pour adultes, ponctué de séquences inédites et mémorables, comme cette reprise de Britney Spears chantée par un chœur de terroristes en cagoules rose fuchsia...  Parvenir à trouver de la beauté parmi ce qu’il y a de plus grossier et trivial dans la société du spectacle : voilà en somme le pari réussi de cet ambivalent Spring Breakers

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

C'est un tendre triangle amoureux, inspiré du roman éponyme d'Henri-Pierre Roché, qui se trouve au centre du premier grand film d'amour de Truffaut : celui constitué par Jules (Oskar Werner), Jim (Henri Serre) et Catherine (Jeanne Moreau). Déjà, Truffaut développe un ton inédit et très personnel pour parler d'amour. Nulle trace ici de morale, de jalousie maladive ou de crise d'hystérie. Au contraire, on assiste à un mélange délicat d'amour et d'amitié, de tendresse, de légèreté et de jeu. En prime, toujours sensible à la musique, le réalisateur s'adjoint les services du compositeur, peintre et écrivain Serge Rezvani, pour une inoubliable chanson pleine de mélancolie douce et d'amour de la vie. A l'image de ce film.

Publicité
Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

La qualité technique du film de Steve Box et Nick Park nous ferait presque oublier qu’il est fabriqué à la main image par image (et il y en a 24 par seconde !) à partir de pâte modeler, loin des grandes productions numériques qui font l’ordinaire du cinéma d’animation. Dans ce qui fut le premier long-métrage du duo, on retrouve Wallace, l’inventeur un peu distrait et grand fan de fromage, ainsi que son fidèle et brillant chien Gromit, tous deux confrontés à une étrange invasion de lapins féroces qui dézinguent les légumes de leur petite ville. Bientôt, un gros lapin terrifiant se révèle à l’origine de la catastrophe. Comme dans Chicken Run et les autres productions des studios Aardman, l’humour anglais à plusieurs degrés se mêle à un sens élaboré de la mise en scène et du détail. Les scènes d’action déroulent une mécanique aussi précise que les gags purement burlesques. Les références aux classiques du cinéma sont nombreuses et parfois surprenantes, avec des clins d’œil à King Kong et à La Mouche de David Cronenberg… Un must absolu.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Dès le début du film, on est rassuré : le long-métrage du génie américain va constituer (avec Mulholland Drive, son successeur) l’une des œuvres les plus ambitieuses et complexes du cinéma moderne. Sur fond de rêve halluciné, d’images troublantes et de musique rock (coucou Lou Reed), le réalisateur s’amuse à déconstruire l’espace et le temps et nous propose une œuvre qui pousse à fond le curseur de l’abstrait, où les émotions à peine suggérées s’enchaînent et disparaissent aussi vite les unes que les autres. Fascinant, à condition de s’y promener sans chercher les réponses (si ce n’est celles métaphoriques), élevant au rang d’art le mantra lynchien par excellence : le mystère, définitivement la forme la plus proche du rêve pour le cinéaste.

Publicité
Porco Rosso
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Le plus impressionnant avec le scénariste-réalisateur-producteur et patron du Studio Ghibli n’est pas seulement son imagination (pourtant très vaste), ni sa compassion (qui n’a pas de fin), mais son extraordinaire confiance en la fiction. Il faut être un homme remarquable pour avoir l’idée d’un film situé en Italie juste avant la Seconde Guerre mondiale, où le héros n’est autre qu’un cochon magique conduisant des avions. Après trois ans de travail est né l’un des grands accomplissements du maître Miyazaki, bourré de charme, d’empathie, d’ironie historique et d’humour à froid. Porco Rosso est aussi – et c’est peut-être le plus important – un chant d’amour au cinéma comme rempart face à la barbarie. Le film est à la fois inspiré par le septième art et ses stars (d’Errol Flynn à Humphrey Bogart) et plein de références directes à l’amour qu’il provoque chez ses spectateurs, à travers les magazines que lit le héros porcin ou les dessins animés qu’il aime tant regarder.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

Après les succès de No Country for Old Men et A Serious Man, les frères Coen laissent momentanément de côté leur panoplie de grands « Auteurs » pour enfiler celle de maîtres artisans respectueux de leur art dans cette superbe adaptation d’un roman de Charles Portis, paru en 1968. Dans l’Ouest sauvage, une jeune femme nommée Mattie (Hailee Steinfeld) vient de perdre son père et veut venger sa mort. Elle s’allie à un marshall dur à cuire (Jeff Bridges) qui la prend sous son aile. Dans les paysages venteux d’un territoire indien, un souffle épique traverse le film alors que l’improbable duo apprend à se connaître, bientôt rejoint par un troisième larron (Matt Damon). Ce western itinérant est truffé d’humour noir. Malgré les réalités du danger et de la mort, quelque chose de doux se propage, comme un sentiment d’amour. L’un des films les plus simples et premier degré des frères Coen. Et aussi l’un de leurs plus beaux.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Documentaire
  • Recommandé

Abordant de façon magistrale la question de la ségrégation raciale américaine – passée et présente –, le docu du réalisateur Raoul Peck s'inspire des 30 pages du dernier livre inachevé de l'écrivain et intellectuel James Baldwin, Remember This House. Avant son décès en 1987, Baldwin avait l'intention de raconter l’histoire des Noirs d’Amérique à travers la vie – et la mort – de trois de ses amis, Malcolm X, Martin Luther King et Medgar Evers. I Am Not Your Negro s'ajoute à une poignée de documentaires récents qui explorent l'histoire et l'héritage de l'esclavage, de l’abolitionnisme et des droits civiques, ainsi que l'évolution des idées sur l'identité afro-américaine – on pense notamment à Le 13e, exposé d'Ava DuVernay sur l’incarcération de masse aux USA. Mais il n'y a peut-être jamais eu d'examen aussi concis, ciblé, rigoureux, intelligent, bouleversant (avec des scènes à la limite du supportable) des problèmes raciaux envers les Noirs aux Etats-Unis que ce film.

  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Voilà un film ancré dans l’imaginaire des cinéphiles depuis près d’un siècle. Comme d’habitude, Chaplin fait ce qu’il sait faire : passer du burlesque au tragique (et inversement) avec une facilité déconcertante. Pour le tragique, on côtoie tour à tour les périls de l’usine moderne et du travail à la chaîne, le chômage, la pauvreté, la famine, les troubles de la dépression, la répression policière… Et pour le comique ? A peu près tout le reste : comme lorsque Charlot, victime d'une crise de folie passagère, se met à visser tout objet ressemblant de près ou de loin à un écrou, jusqu'aux boutons de la robe d'une dame qui passait par là. Vaguement inspiré par René Clair (A nous la liberté), Les Temps modernes dépeint son époque avec inventivité et poésie. Un classique parmi les classiques.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Inspiré d’un roman de jeunesse signé Patricia Highsmith, le sixième long-métrage de Todd Haynes (Velvet Goldmine, Loin du paradis) se glisse dans les vies contrariées de deux femmes amoureuses dans les années 1950. Jouées par Cate Blanchett et Rooney Mara, elles se rencontrent dans un grand magasin new-yorkais où l’une travaille comme vendeuse tandis que l’autre, mariée, vient y faire ses achats. Elles entament une relation timide et interdite : le monde contre leur bulle. Avec une délicatesse infinie, Haynes filme la naissance du désir lesbien et sa répression simultanée par les codes normatifs. Carol se déploie alors comme un beau mélodrame et un grand film d’amour où rien ne compte plus que deux mains ou deux bouches qui se frôlent, où les détails des sentiments chuchotés s’incarnent avec fièvre. On pense parfois à In the Mood for Love de Wong Kar-wai, ce qui situe l’intensité de cette romance qu’on n’oublie pas.

Birdman
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Malin, aérien, tourbillonnant, le long-métrage d’Alejandro González Iñárritu (une comédie, pour changer) pose son scénario en deux temps trois mouvements, pour mieux s’envoler vers quelque chose de beaucoup plus ambitieux. Une sorte de métafilm fantastique et imprévisible sur le monde et la folie du cinéma. Une histoire d’acteurs enfermés dans leur rôle, dans leur théâtre, dans leur nombril, dans ce film, et qui tournent en rond sur un air (noir) de dérision. Ponctué par une batterie tachycardiaque. Exercice de style au rythme millimétré, Birdman ressemble à une créature étrange et débridée, réalisée en un seul plan-séquence (ou du moins, un faux plan-séquence parfaitement truqué). 

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Arnaud Desplechin revient au bercail dans sa ville natale de Roubaix, avec ces Trois souvenirs de ma jeunesse qui fleurent bon l’autobiographie et un attachant retour du cinéaste à ses sources, entre marivaudage sentimental et roman d’apprentissage. Présenté comme un prequel à Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), ce long-métrage balaye finalement même l’ensemble de son œuvre – ou, au moins, de la large part qui s’en trouve consacrée à son alter ego, Paul Dédalus. Après un épisode d’enfance plus ou moins traumatique, le film opte un moment pour le cinéma de genre, à travers l’espionnage et les aventures tintinesques de Paul, adolescent, en mission en Union soviétique pour une fantaisie assez réussie. Surtout, c'est à travers son troisième souvenir – qui occupe en fait la majeure partie du film – que Desplechin nous livre l’éducation sentimentale du trentenaire nerveux, sentimental et bavard, auquel les traits du visage de Mathieu Amalric restent liés. Proustien, maîtrisé et joueur, Trois souvenirs de ma jeunesse apparaît donc comme la clef de voûte des films d’Arnaud Desplechin. Mais humblement, sans tambour ni trompette. Et sur un ton amical, apaisé. Drôle et empreint de légèreté.

Nausicaä de la vallée du vent
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Le deuxième film d’Hayao Miyazaki est aussi le premier basé sur l’un de ses scénarios (il adapte son propre manga) et fait donc office de note d’intention majeure. Le réalisateur montre qu’il ne fait pas que raconter des histoires : il crée des mondes de toutes pièces. Le choc est total lorsque la petite communauté agraire de l’héroïne subit l’assaut d’une nation sans scrupule dans un univers postapocalyptique. Une forêt toxique constitue l’autre menace. Princesse de sa vallée, Nausicaä tente de redresser l’équilibre du monde. Comme la saga Star Wars, le film montre de quelle façon la perception singulière d’une personne peut influer sur les événements. Dans cette profession de foi féminine et progressiste, Miyazaki plaide pour les efforts collectifs de l’humanité contre la tentation de la destruction. Une saga compassionnelle à découvrir absolument.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Thriller
  • Recommandé

Adaptation plutôt fidèle du roman d’Elmore Leonard Rum Punch, ce film planant est l’un des plus convaincants et les plus matures de Tarantino. Quand une hôtesse de l’air (Pam Grier, icône de la blaxploitation des années 70) est arrêtée avec du cash et de la drogue à l’aéroport de Los Angeles, un double jeu s’enclenche. Elle tente de sauver sa peau pour échapper à la fois à la prison et à la vengeance d’un trafiquant, mais le film surprend et captive pour d’autres raisons. Dans Jackie Brown, le style habituellement très tape-à-l’œil de Tarantino s’épure pour se concentrer sur des sentiments et des sensations, créer une atmosphère centrée sur cette femme noire de 50 ans assaillie par la peur de vieillir et de ne plus servir à rien. Face à elle, l’inestimable Robert Forster lui emboîte le pas de la mélancolie. Un film précieux sur des vies souvent peu considérées au cinéma.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Y a pas à dire : le dernier film en date de Martin Scorsese est souvent électrisant, même quand la caméra décide d’explorer les maisons de retraite pour gangsters – là où les moins chanceux finissent, apparemment. Déplié sur plusieurs décennies alors que les acteurs sont rajeunis à coups d’effets numériques (le « de-aging », plutôt une réussite), le pharaonique The Irishman porte sur la fascination du réalisateur pour les derniers instants de lumière et sur la destination finale de quelques vies au moment où les mafieux ressentent (parfois si peu) le poids de la culpabilité… Le tout en désacralisant avec brio la pègre. De Niro se glisse dans la peau de Frank Sheeran, un conducteur de camion devenu tueur à gages pour la mafia qui revient sur sa vie, tandis qu’Al Pacino joue le puissant syndicaliste Jimmy Hoffa. On croise également Joe Pesci pour compléter la dynastie… Les insultes fusent, la violence et la mélancolie ne sont jamais loin dans cette longue saga tardive d’un cinéaste mythique qui regarde la mort en face. Et les ravages du temps.

Publicité
Un Amour de jeunesse
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé

Mia Hansen-Løve a réalisé son troisième long-métrage alors qu’elle n’avait pas encore 30 piges. Mais paradoxalement, la réalisatrice semblait déjà très expérimentée, comme le prouve le ton à la fois à vif et plein de hauteur de ce film sur les affres d’un amour post-adolescent. Où comment Camille, folle de Sullivan, le perd lorsqu’il part étudier à l’étranger, s’effondre totalement, puis renaît dans les bras de son prof d’architecture plus âgé… avant que Sullivan ne revienne en France des années plus tard. Avec un souffle romanesque discret mais tenace, Un Amour de jeunesse s’affiche comme un conte cruel et amer sur les illusions des sentiments. Mia Hansen-Løve fait preuve d’une grande force pour capter un spleen existentiel profond mais aussi la férocité du désir. La glace et le feu. Jamais ennuyeux, son cinéma esquisse les personnages sans les brutaliser, comme si la caméra cherchait toujours à préserver leur part de mystère.

Kill Bill : Volume I
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

Un mariage réduit en cendres. Une femme qui perd son enfant. Et qui se réveille d'un coma profond avec un seul objectif : buter Bill. Son ex, ce salaud en bande qui n'a guère supporté que sa meurtrière préférée s'en aille avec un autre et fasse une croix sur une vie de forfaits. « La mariée » éliminera alors, un à un, ceux qui ont voulu sa perte… Nous sommes bientôt en 2016, et à l’époque il était difficile de se rendre compte de ce que représentait le retour de Quentin Tarantino derrière la caméra. Et de cette chère Uma Thurman. Deux chapitres, deux esprits. Kill Bill reste plus de quinze ans après sa sortie une réussite totale, et de loin. Tarantino a dessiné et orchestré une symphonie de violence, un ballet de sang menés par une héroïne grandiose (quelque part entre celles de La mariée était en noir de Truffaut et de Lady Snowblood de Toshiya Fujita), damnée par tous et aux sens aiguisés comme une lame. Au rythme d’une bande originale animale, hétérogène et résolument dansante, Quentin Tarantino a réussi à transformer une mise à mort méthodique en un spectacle ultra divertissant.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Comédie
  • Recommandé

Présent une nouvelle fois devant et derrière la caméra, François Truffaut livre avec La Nuit américaine son film le plus « méta ». Dans cette mise en abyme où il interprète un réalisateur sur un tournage, Truffaut développe un plaidoyer pour le cinéma comme catharsis et remède aux turpitudes de la vie. En témoigne cette scène où son éternel Jean-Pierre Léaud se prend une véritable leçon nocturne, après avoir demandé à la cantonade : « Personne veut me passer 10 000 balles pour aller au bordel ? » Surtout, Truffaut s'y montre comme un artisan, un travailleur plutôt qu’un artiste, et en profite pour rendre hommage à toutes les « petites mains » du septième art. Et finalement, démystifier l’art, n’est-ce pas le premier pas pour le faire coïncider avec la vie ?

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Epouvante-horreur
  • Recommandé

Un couple mixte (lui noir, elle blanche) vit une relation amoureuse qui semble parfaitement rouler. Il est donc temps pour le jeune photographe de rencontrer les riches parents de Rose dans leur manoir isolé en pleine campagne. Suffisant pour foutre la trouille à Chris – il faut dire que le chevreuil qu'ils percutent sur la route n’aide pas franchement à faire redescendre la pression, d’autant plus que la façon dont l'animal le fixe ressemble fort à un avertissement… On n’en dira pas plus pour éviter le spoiler : sachez juste que le film penche progressivement vers le cinéma de genre, d’horreur, empruntant tantôt à Carpenter et à Romero (et sa Nuit des morts-vivants), tantôt à la blaxploitation. Mais si le thriller fait peu à peu plonger le héros dans l’horreur, le film reste avant tout une délicieuse critique des problèmes raciaux qui subsistent aux Etats-Unis. Le tout avec un sens ultra-maîtrisé du rythme et une pointe d'humour et de grotesque que Jordan Peele a su conserver de son passé de comique. A voir absolument ! 

Publicité
Nocturama
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé

Une vraie bombe : certes, le jeu de mots est un peu facile pour qualifier le nouveau long métrage de Bertrand Bonello, Nocturama, mystérieuse histoire de jeunes gens qui font littéralement sauter Paris. C’est à travers son thème que le film dynamite clairement les attentes, jusqu’à créer chez le spectateur un suspense, une tension, une excitation parfois incroyables. Pour le dire simplement, Bonello s’attaque ici au sujet le plus casse-gueule qu’on pourrait imaginer. Le terrorisme. Un vrai travail d’équilibriste, dont il se tire avec une virtuosité à la fois laconique et implacable. Car, laissant en suspens les motivations de ses protagonistes, le film paraît peu à peu lorgner vers un absurde assez camusien, qui pourrait trouver son origine dans certains textes de Dostoïevski. C’est-à-dire qu’il ne situe absolument pas l’insurrection à un niveau militant, mais plutôt symbolique, profondément humain, peut-être même métaphysique ; tout en lui donnant pour cadre le Paris d’aujourd’hui, entre la Samaritaine, la Statue de Jeanne d’Art (Place des Pyramides) et les couloirs de la RATP.

Django Unchained
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Action & aventure
  • Recommandé

Disons-le : ce Tarantino trop sûr de lui finit par nous paraître parfois redondant, et presque vain malgré la sympathie qu’on éprouve pour sa maîtrise visuelle et son évident sens du cool. Sans doute, à force, ses pirouettes de petit malin nous auront lassés. Ceci dit, les inconditionnels du réalisateur prognathe en auront pour leur argent, et se réjouiront de retrouver dialogues décalés et effusions d’hémoglobine dans ce Django Unchained attendu à l'époque comme le messie. D’ailleurs, ne soyons pas bégueules, et reconnaissons qu’après avoir brillamment incarné le nazi polyglotte d’Inglourious Basterds, Christoph Waltz y est à nouveau impeccablement classe (et à mourir de rire), que Jamie Foxx campe un cow-boy rebelle vraiment fringuant, et que DiCaprio excelle dans son rôle d’ordure esclavagiste. C’est donc entendu : ce western spaghetti au second degré reste tranquillement au-dessus de la mêlée des blockbusters indigents ou donneurs de leçon qui squattent bon nombre d’écrans…

Publicité
Interstellar
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Inutile de tourner autour du pot, Interstellar est bien ce qu’il paraît être : un film qui vous en met plein la gueule – mais avec une certaine classe – pendant près de trois heures. D’ailleurs, si vous vous souvenez du délire visuel intergalactico-psychédélique à la fin de 2001, l’Odyssée de l’espace, sachez que Christopher Nolan s’en souvient fort bien lui aussi. Bref, Interstellar a le mérite de rester un film de SF assez old school d’un point de vue formel (refus de la 3D et des fonds verts, abondance de décors naturels…) : du grand spectacle à l’ancienne, comme on n’en voit finalement qu’assez rarement. Niveau scénario, c’est plus compliqué. Plusieurs arcs narratifs et niveaux d’écriture se mêlent dans Interstellar, dont le traitement se révèle, au fur et à mesure, assez inégal. Parfois obscurément brillant, parfois clairement je-m’en-foutiste. Dans un futur proche, la Terre est sur le point d’être définitivement ruinée pour (et par) les hommes. Entre famine et asphyxie à venir, la fin du monde est proche. Heureusement, Matthew McConaughey (ta-da !) va traverser l’espace, aidé par Anne Hathaway et ce qui reste de la NASA, pour trouver un écosystème viable pour la survie de l’humanité. Oui, c’est assez gros, mais ça passe comme dans du beurre.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Film assez méconnu de François Truffaut, La Peau douce, histoire d'adultère qui vire au désir de meurtre, fut tourné en à peine trois mois, selon le souhait du cinéaste de réaliser un film « indécent, complètement impudique, assez triste, mais très simple », ainsi que le rappelle l'excellente biographie du cinéaste par Antoine de Baecque et Serge Toubiana. A noter pour l'anecdote que Truffaut retrouve ici Jean-Pierre Léaud, son double des Quatre Cents Coups, non plus devant la caméra, mais derrière, en tant qu'assistant réalisateur. C’est aussi l’occasion d’admirer Françoise Dorléac dans son meilleur rôle.

Publicité
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Comédie
  • Recommandé

Le dernier film de Chaplin avant son exil en Europe est de loin son plus personnel : il recrée le Londres de son enfance (un monde de pauvreté abjecte, d'alcoolisme, de logements miteux, de pubs et de music-halls), et contemple avec un narcissisme suprême l'arrivée de la vieillesse et le déclin de son instinct comique. C'est aussi le film le moins drôle de Chaplin : les larmes dépassent largement les rires, et la personne qui fait le plus rire n'est d’ailleurs pas Chaplin mais Keaton (son rival), qui apparaît brièvement comme partenaire dans un numéro de violon et de piano. Film bouleversant (et gai à la fois), il convoque avec brio et simplicité les émotions profondes de Chaplin tout en signant la fin de Charlot : une page se tourne, place désormais à la jeunesse !

Kiki, la petite sorcière
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Quand la série de livres Harry Potter est sortie, un sentiment immédiat de familiarité s’est emparé du public, J. K. Rowling s’inspirant de sources reconnaissables comme les romans d’Anthony Buckeridge. La romancière n’est pas la première à s’être inspirée du passé pour recréer, comme le prouve Kiki la petite sorcière, adapté par Hayao Miyazaki de l’œuvre pour enfants d’Eiko Kadono. L’histoire d’une sorcière ado, de son chat toujours de mauvaise humeur et d’une petite ville endormie au bord de la mer où la jeune femme lance un service de livraison par les airs. Au fond, la vraie histoire se situe ailleurs. Elle est presque impossible à décrire, cachée dans les interstices des scènes et dans les regards. C’est le génie de Miyazaki : dans les mains d’un grand réalisateur, ce récit d’apprentissage tranquille devient tout autre chose que ce qu’on pourrait en attendre, tel un conte à la fois étrange, beau et bouleversant.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Fantastique
  • Recommandé

Conte surréaliste et premier long-métrage du cinéaste, le film est une succession de séquences plus ou moins dérangeantes, génialement métaphysiques et brillantes (comme toujours avec Lynch). Un exemple ? Celle du dîner. Son héros, incarné par Jack Nance, se retrouve à devoir découper avec un couteau de cuisine presque hitchcockien un minuscule poulet qui se met bientôt à bouger les pattes en suintant un liquide noir, ce qui semble amener la mère de sa copine au bord de l'orgasme… Sympa, quoi. Ayant initialement reçu une aide à la production de l'American Film Institute, David Lynch présenta cette scène à ses producteurs… Comme on pouvait s'y attendre, ceux-ci ne tardèrent pas à lui retirer sa bourse : le réalisateur dut donc produire lui-même son film, ce qui lui prit cinq ans. Avec le résultat plastique et psychanalytique (peur du sexe et de la paternité) qu’on lui connaît.

Le Conte de la princesse Kaguya
  • 5 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Cette splendeur est le chant du cygne du grand réalisateur d’animation Isao Takahata, décédé en 2018. Le cofondateur du Studio Ghibli n’a jamais atteint la renommée internationale de son partenaire plus prolifique, et peut-être plus accessible, Hayao Miyazaki. Il n’en reste pas moins grand. Le Conte de la princesse Kaguya est un film délicat ancré dans le folklore japonais. On y découvre une fille de paysans qui devient princesse et se construit une vie au palais impérial. Malgré ses sources mythologiques, le film ne s’appuie pas sur un univers de fantasy, préférant un récit simple aux couleurs pastel élégantes, où s’invente une histoire d’amour saupoudrée de satire sociale. Le récit décolle à mi-parcours avec l’une des plus belles scènes de tout le catalogue Ghibli. Nous ne sommes pas vraiment devant un film pour enfants. Le Conte de la princesse Kaguya demande patience et ouverture d’esprit, offrant en retour une méditation douloureuse sur l’amour, le grand âge et la dignité au moment de quitter ce monde. Des adieux émouvants.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Passé la « polémique » et les problèmes de communication (le film était d’abord annoncé comme une série), la dernière pépite des frères Coen est un pur bijou découpé en six sketchs d’une durée variable (2h12 au total), et tourné dans des confins poussiéreux du Far West (comme pour le génial True Grit). Prix du scénario à la Mostra de Venise (mérité), et hommage passionné au western et à tous ses sous-genres, le film présente six anthologies à qualité variable (ça va du bon à l’excellent), déployant un à un la patte inimitable des frères Cohen : l’humour noir, l’art de raconter des histoires et la finesse des dialogues, toujours teintés d’esprit et de bizarreries – bien aidés par la photographie de Bruno Delbonnel, qui remplit le film de paysages façon carte postale. Les meilleurs morceaux ? Le premier et le dernier (ça vous obligera à voir tout le film), avec Brendan Gleeson dans le rôle d'un chasseur de primes à bord d'un carrosse, et qui se termine sur une note étrangement discrète. Une œuvre obsédée par la mort et la recherche du temps perdu, comme No Country for Old Men.

Laurence Anyways
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

S’il vaut le détour, Laurence Anyways finit tout de même par laisser une impression assez mitigée. Mais l'histoire a le mérite d'être à la fois simple et dense : Laurence (Melvil Poupaud), trentenaire et prof de lettres, avoue à sa compagne, Fred (Suzanne Clément), qu'il veut devenir une femme. De 1989 à 1999, le film suit la lente évolution de Laurence, et de ce couple vers une singularité hybride. Passion, rupture, retrouvailles : la grande force de Laurence Anyways n'est pas tant de traiter de transsexualité que de l'amour hors cadre qui lie ses deux protagonistes. En un mot, le sujet est audacieux ; et certaines scènes, qui prennent le parti de la métaphore quasi-surréaliste (avec, par exemple, une très belle séquence où Suzanne Clément se retrouve émotionnellement submergée de façon tout à fait littérale), témoignent d'une impressionnante inventivité visuelle.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Le film qui a consacré Hayao Miyazaki sur la scène du cinéma mondial à la fin des années 80 reste un joyau du cinéma d’animation. La première moitié capte le mystère et le calme de la campagne japonaise, quand deux petites filles arrivent avec leur père dans une maison de village, alors que leur maman séjourne à l’hôpital, atteinte d’une maladie qui n’est jamais nommée. Peu à peu, elles se rendent compte que quelque chose agite les arbres. Une créature magique ? Alors que les enfants s’émerveilleront sur les petites bestioles et leur fourrure, sur l’immense Totoro haut comme deux immeubles ou sur le chat à douze pattes, les adultes apprécient le rendu si délicat des atmosphères et la mise en scène des anxiétés et des rêveries des plus petits. L’absence de sentimentalité dans ce film pourtant si délicat plaira à toutes celles et ceux qui ont décidé de s’abstenir de Disney pendant un temps, lui préférant poésie et complexité psychologique.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Avec Mon oncle d'Amérique, Resnais continue d'explorer le morcellement cellulaire de la vie humaine, se faisant non pas entomologiste mais « eutonologue ». Le mot a été inventé par Henri Laborit, médecin, neurobiologiste, éthologue et philosophe, pour décrire son propre travail. L'eutonologie est la science qui étudie le comportement humain. Le film de Resnais est d'ailleurs conçu comme la mise en images des théories passionnantes de Laborit, qui intervient lui-même dans certaines séquences du film. A travers différentes biographies dont la narration s'imbrique les unes dans les autres, Resnais dévoile donc les règles tacites, secrètes, comportementales, qui se cachent derrière les trajectoires de chacun. En dépit de sa qualité de film expérimental, Mon oncle d'Amérique dégage aussi une grande poésie et un message d'humanisme très fort qui est résumé par la phrase de Laborit : « Nous ne sommes que les autres. Quand nous mourons, c'est les autres que nous avons intériorisés dans notre système nerveux, qui nous ont construit, qui ont construit notre cerveau, qui l'ont rempli, qui vont mourir. »

Publicité
Inception
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Fantastique
  • Recommandé

S’il vous a donné la migraine au ciné, on ne peut que vous conseiller de le revoir chez vous, confortablement installé. Vous pourrez même faire une pause – pipi ou autre – sans (trop) perdre le fil. Car Inception demande une attention soutenue durant 2h30 pour pleinement apprécier la complexité et la profondeur de son scénario labyrinthique, parfois confus. D’autant que Christopher Nolan n’hésite pas à imbriquer les codes de plusieurs genres cinématographiques (film d’action, thriller, drame et surtout… SF), histoire d’épaissir un propos déjà dense : une équipe de hackers mercenaires, dirigée par DiCaprio himself, est employée par un homme d’affaires pour influencer un concurrent via ses rêves. Une mise en abyme du principe de rêve lucide tenant largement ses promesses, malgré un didactisme parfois répétitif – les personnages sont eux-mêmes amenés à expliquer les procédés qu’ils utilisent pour remplir leur mission, s’adressant à travers d’autres personnages au spectateur lui-même. Une lourdeur que le rythme soutenu et le casting impeccable nous font vite oublier : Ellen Page, Joseph Gordon-Levitt, Ken Watanabe et Tom Hardy sont notamment de la partie. Au final, rarement un film grand public aura été aussi exigeant avec ses spectateurs, et on en vient même à se demander comment Nolan est parvenu à obtenir de Warner quelque 160 millions de dollars pour le réaliser – la réputation bankable de l’Anglais ayant certainement plus joué que la lecture du scénario. Un projet fou mûri

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Comédie
  • Recommandé

Le premier film de Steven Soderbergh à rafler la Palme d’or du Festival de Cannes alors que son auteur n’avait que 26 ans… Un coup de force écrit en huit jours et tourné en un mois dans sa ville natale de Bâton-Rouge en Louisiane. L’histoire d’un mariage malheureux dont les impasses sont révélées par l’arrivée d’un ami du mari (James Spader) qui réalise en secret des vidéos dans lesquelles des femmes évoquent leurs expériences sexuelles. Son seul moyen d’échapper à l’impuissance… Ann (Andie MacDowell) finira par se prêter au jeu pour débloquer aussi sa sexualité. Parler plus que montrer, tel est le principe de Sexe, mensonges et vidéo, qui gratte les zones de malaise psychologique de personnages le plus souvent incapables d’aller au bout de leur introspection. Comment percer le bouchon mental ? Le film y répond avec délicatesse et humour. Une comédie stimulante intellectuellement et émotionnellement, en ouverture d’une carrière éclectique déployée par Steven Soderbergh depuis plus de trente ans.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé

Les poils se dressent au bout de 30 secondes, alors que nous plongeons sous les vagues pour pénétrer une enclave de vie subaquatique. Miyazaki revisite La Petite Sirène d’Andersen pour mieux retrouver le thème central de ses films : l’imprévisibilité psychologique des enfants séparés de leurs parents. Le film raconte l’amitié entre un petit garçon agité qui vit en haut d’une falaise, Sosuke, et un poisson rouge devenant une petite fille, Ponyo, emportée loin de chez elle après le passage d’un chalutier. Cette dernière est la progéniture d’un sorcier qui tente de restaurer l’équilibre de l’océan attaqué par la pollution. A la fois ode écologique, fresque d’aventures et exploration du merveilleux enfantin, Ponyo sur la falaise se démarque aussi par une vision sensible de tous les âges de la vie, vieillesse incluse. Un cinéma généreux et pertinent.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Après le moyen-métrage Antoine et Colette en 1962, Truffaut renoue ici avec son personnage fétiche, Antoine Doinel (toujours interprété par Léaud), près de dix ans après les Quatre Cents Coups. Désormais jeune homme, Antoine y apparaît en amoureux hésitant entre une jeune fille de son âge, Christine (Claude Jade), et une femme plus âgée, Fabienne Tabard (Delphine Seyrig), l'épouse de son patron. Plein de fantaisie, Baisers volés confirme le personnage d'Antoine comme alter ego de Truffaut, mêlé à des références littéraires – en l'occurrence, celles du Lys dans la vallée d'Honoré de Balzac. Mais ce film est aussi l'occasion pour Jean-Pierre Léaud de montrer l'étendue de son talent oratoire, comme lors de cette inoubliable scène où Antoine psalmodie devant un miroir les noms des deux femmes qu'il aime.

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Fantastique
  • Recommandé

De Delicatessen, le souvenir retient avant tout un univers aux teintes lourdes, dégoulinant, grotesque et loufoque... Sorti au tout début des années 1990, ce premier grand film de Caro et Jeunet découvre un monde sale à travers le regard de deux enfants de sept ans : regard farceur sur les comportements inquiétants, absurdes et cruels des adultes. Le père des gamins est chômeur, la mère passe son temps devant la télé. Esthétiquement, l'ambiance est au rétro-futurisme glauque, évoquant parfois un film des années 1930 (avec le genre d’atmosphère de suspicion, de délation qu'on retrouve dans Le Corbeau de Clouzot), en même temps qu'il évoque Zéro de conduite de Vigo pour son regard sur l’enfance, ou Fellini pour son outrance et son goût de la chair. A ce propos, Jean-Claude Dreyfus est largement resté dans les mémoires pour sa géniale composition de boucher sanguinaire et hurleur. Cela dit, dans ce fantastique récit à tiroirs, on croise également Karine Viard, Dominique Pinon et Ticky Holgado… Tout un carnaval de visages pour un récit à dormir debout, et truffé d’humour noir.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Cette « bromance » d’un nouveau genre, tirée d’une pièce de théâtre d’Anthony McCarten, met en scène deux rivaux au sein du Vatican, Benoît XVI et Jorge Mario Bergoglio, avant que ce dernier ne devienne l’actuel pape François. Le film est à son meilleur quand les deux comédiens, Anthony Hopkins et Jonathan Pryce, se retrouvent seuls pour échanger de longs tunnels de dialogues telles deux icônes du tennis vintage, devisant sur Dieu, la vieillesse, la solitude, le célibat et les abus au sein de l’Eglise. Les Deux Papes s’ouvre en 2005, à la mort de Jean-Paul II, et parvient à maintenir un équilibre entre joutes liturgiques et moments plus légers, à base de verres de vin devant un match de foot et d’amour du Fanta. Entre le réformateur (Bergoglio) et le conservateur (Benoît XVI), un rapprochement s’exerce malgré la rivalité, que le réalisateur brésilien Fernando Meirelles parvient à énergiser, nous rappelant qu’il a un jour réalisé La Cité de Dieu.

Publicité
Le Vent se lève
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Le vent se lève couronne la carrière de Miyazaki avec la plus belle animation produite jusqu’à présent par le Studio Ghibli. On pourrait baisser le son et simplement apprécier le film comme une longue séquence de tableaux, exquis, du Japon d’avant-guerre. On pourrait également passer les deux heures du film à détecter les nombreux clins d’œil au catalogue Ghibli : les avions fantômes de Porco Rosso, les idylles pastorales de Mon voisin Totoro, le vent qu’on retrouve partout dans l’œuvre du réalisateur. En défendant son travail, le vrai Horikoshi a déclaré : « Tout ce que je voulais, c’était faire quelque chose de beau. » Avec ce film, Miyazaki paraît vouloir lui rendre justice. Et c’est tant mieux, car les aficionados de Miyazaki se trouveraient sinon en terre inconnue : une histoire « adulte », peu de fantaisie, un protagoniste masculin – le tout déroulé sur un ton sobre et introspectif, qui s’assombrit au fur et à mesure que Horikoshi perd ses illusions.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

En adaptant les mémoires du pianiste Wladyslaw Szpilman consacrées à ses expériences dans Varsovie occupée par les nazis, Roman Polanski replonge par les moyens du cinéma au cœur de son enfance ravagée dans le ghetto, durant la Seconde Guerre mondiale. Le climax du film survient quand, après de multiples discriminations et violences, le héros se retrouve isolé sans sa famille, forcé de se cacher au fond d’appartements délabrés dans une ville devenue méconnaissable. Sa lutte pour la survie est rendue avec une subtilité toujours plus forte. Et Adrien Brody trouve ici le rôle de sa vie. Le Pianiste est sans doute un film à l’ancienne dans ses effets visuels et narratifs, mais plein de vérité car il raconte en creux l’histoire du réalisateur lui-même, exprimée avec frontalité et profondeur. Le Festival de Cannes lui a accordé sa Palme d’or en 2002.

Publicité
Tom à la ferme
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Pour son quatrième long métrage, Xavier Dolan, 25 ans, change assez fortement la donne. Exit donc les séquences clipesques, les métaphores surréalisantes ou les références godardiennes de ses premiers films : Tom à la ferme s’affirme clairement comme son œuvre la plus sobre en termes de réalisation, lorgnant parfois vers l’étude de mœurs chabrolienne, voire vers le suspense trouble, mâtiné de sexualité latente à la Hitchcock. Les aficionados du lyrisme coloré de J’ai tué ma mère ou Laurence Anyways risquent donc d’être pris au dépourvu ou de ne pas tout à fait y trouver leur compte. Pas encore tout à fait le chef-d’œuvre qu’on pourrait attendre d’un réalisateur aussi précoce, donc, mais l’assurance, en tout cas, qu’il en prend bien la voie.

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Film d'animation
  • Recommandé

Œuvre méconnue du Studio Ghibli et échec commercial à sa sortie, Mes Voisins les Yamada est l’adaptation d’un manga de Hisaichi Ishii publié sous la forme de vignettes humoristiques dans un quotidien de 1991 à 1993. Le film de Takahata en reprend l’énergie : les scènes courtes, l’humour immédiat et l’aspect super deformed crayonné. La plupart du temps, pas de décor ou de paysage détaillé, juste des personnages et quelques objets. Une performance technique faussement minimaliste qui préfigure son travail sur Le Conte de la princesse Kaguya, son dernier chef-d’œuvre. Les dessins racontent ici les petites folies du quotidien, celles qui sont au centre des mythologies familiales. Un film plus essentiel qu’il n’y paraît. 

Publicité
  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Epouvante-horreur
  • Recommandé

En plein essor depuis le début des années 2000, la production cinématographique sud-coréenne ne cesse d’étonner en se réappropriant les codes du film de genre. Pour son premier long métrage en prises de vue réelles, le réalisateur Yeon Sang-Ho décide de s’attaquer au genre fatigué du film de morts-vivants. Alors qu’une épidémie mystérieuse se déclare en Corée du Sud, les passagers d’un train KTX à destination de Busan vont devoir survivre jusqu’à leur arrivée dans la dernière ville sûre du pays. Ce pitch à la fois simple et plein de promesses donne l’occasion au cinéaste de redynamiser une formule qui avait tendance à tourner en rond ces dernières années...

  • 4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Drame
  • Recommandé

Après l’échec public de L'Opinion publique, Chaplin remet son costume de vagabond et signe une fresque brillante sur la misère, la faim et la solitude. Dans son nouveau film, on est plongé dans le froid glacial de l’Alaska, où Charlot, prospecteur solitaire, frappé par la pauvreté et épris de Georgia, est menacé par les voyous et le blizzard pendant la ruée vers l'or du Klondike en 1898. Pour éviter le froid (et la faim), l’homme se planque dans la cabane du gangster Black Larsen, très vite rejoint par l’orpailleur Big Jim pour une coloc pour le moins inconfortable. Satire de l’Amérique et de ses nouveaux riches, La Ruée vers l’or est un grand pas en avant pour Charlin, qui épure son style et perfectionne ses ressorts comiques. C’est l’occasion de (re)découvrir de nombreuses séquences imaginatives qui ont marqué l’histoire du genre. Comme lorsque Charlie mange pour Thanksgiving un repas composé d’une botte et de lacets. Mythique !

Recommandé
    Vous aimerez aussi
    Vous aimerez aussi
    Publicité