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Refugee Food Festival revient en juin et s’agrandit : rencontre avec sa créatrice

Écrit par
Zazie Tavitian
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20 juin 2016, Journée mondiale des réfugiés. Ce jour-là, pour la première fois, des chefs réfugiés prenaient les manettes de restaurants parisiens pour cuisiner leurs spécialités devant un public curieux venu nombreux… Rencontre avec Marine Mandrila, à l’origine du Refugee Food Festival.

Depuis toujours passionnés par la cuisine, Marine et son ami Louis partent juste après leurs études faire un tour du monde à la découverte des différentes cuisines traditionnelles. Leur idée ? Se faire inviter à manger chez l’habitant. « La cuisine, c’est universel et partageable par tous, ça raconte plein de choses d’un pays », explique Marine. Liban, Inde, Népal, Chine, Vietnam, Thaïlande, Japon, Mexique, Pérou et Brésil : de ce périple ultra-enrichissant sortiront un livre de cuisine, des vidéos aussi qui donneront lieu à une série documentaire ("Very Food Trip") diffusée sur la chaîne Planète +.

Egalement engagé dans l’accueil des réfugiés, notamment auprès de l’association Réfugiés Bienvenue, le couple se demande l’année dernière comment les aider concrètement. « On s’est demandé : qu’est-ce qu’on sait faire ? Qu’est-ce qu’on aime faire ? Une image hyper négative est souvent véhiculée autour de l'arrivée de réfugiés, alors on voulait valoriser leur talent. » Que savent-ils faire ? Utiliser la nourriture comme vecteur de rencontres et d’échanges, pardi.

©Vassili Feodoroff

C’est donc comme ça que naît le Refugee Food Festival : « On a d’abord sondé quelques chefs pour savoir s’ils acceptaient de prêter leurs cuisines à des réfugiés le temps d’un dîner : tous étaient partants. Puis on a contacté le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés) qui nous a beaucoup aidés, notamment à trouver les cuisiniers. L’idée était vraiment de choisir des vrais chefs, comme Mohammad qui avait fait des émissions de télé sur la cuisine en Syrie. »

A part faire découvrir aux clients une cuisine qu’ils ne connaissent pas, quels étaient les objectifs du festival ? « On voulait aussi que cela serve de tremplin professionnel aux chefs. Pour certains, c’est la première fois qu’ils travaillent en France, ce n’est pas facile d’avoir accès au milieu de la gastronomie quand on n'a pas de recommandations. »

Le festival se monte en un mois et demi, affiche très vite complet et rencontre un grand succès. Des adresses aussi différentes que l’Ami Jean, Bespoke, Freegan Pony ou la Mano accueillent des cuisiniers syriens, iraniens, ivoiriens, indiens et tchétchènes : « Il y a eu des standing ovations à la fin de certains repas, c’était super émouvant. » Et que sont devenus ces chefs ? « Tous ont eu plusieurs opportunités de travail, certains même des formations payées. »

©vassilifeodoroff

Le festival est ensuite monté à Strasbourg lors du marché de Noël. « Là aussi, ça s’est très bien passé. Maintenant, Ahmadzai travaille pour une grande chaîne de restaurants à Strasbourg, alors qu’Hussam est en essai dans l'un des restaurants du Festival, et Dorjee, le chef tibétain, vient d’ouvrir son restaurant ! On veut vraiment renforcer cet aspect-là lors des prochains festivals, il faut que les chefs participants puissent accompagner les réfugiés avec qui ils travaillent ! »

L’initiative a tellement plu que les deux créateurs ont reçu des centaines de mails après l’édition parisienne. En juin de cette année, ce seront donc cinq villes en France qui participeront (Paris, Lille, Marseille, Bordeaux et Lyon) et a priori cinq villes européennes (Madrid, Rome, Bruxelles, Amsterdam et Athènes encore en attente de confirmation pour cette dernière). « Pour le moment, on suit ce qui se passe partout, et on a même créé un guide méthodologique pour les porteurs de projets locaux (consultable ici) qui veulent décliner ce festival chez eux. » On attend, nous, avec impatience le programme parisien de juin, ainsi que le livre qui réunira les recettes de tous ces chefs réfugiés.

 

Plus d'infos sur le site de Refugee Food Festival ou sur leur page Facebook.

  

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