Irwin Durand, jeune virtuose formé chez les étoilés et déjà habitué des macarons (décrochés chez Alan Geaam et au Chiberta de Guy Savoy), a ouvert au printemps 2025 et à 35 ans son premier restaurant. Ici, pas de bistroterie canaille ni de fusion conceptuelle, Irwin assume son rang de table gastronomique sérieuse limite hiératique, totalement à son aise dans le biome chic bon genre du Triangle d’or.
Le décor signé JOD Architecture joue l’épure moderniste : banquette en velours bronze, tables bien espacées, bois brûlé au mur. La carte ne décline que des menus à l’aveugle en cinq ou sept levées, comme autant d’étapes de la vie du chef : Conti (période sous-chef de Guy Savoy) ou rue du Bac (ses années Robuchon).
En ce soir de début d’été, on opte pour les sept étapes : les langoustines en gravlax léchées à la flamme et les haricots verts misent sur une belle vivacité, un peu engourdie par une crème à la bisque et à la tagète. Ça s’améliore nettement avec le turbot nacré, chips de peau et huile de ciboulette accompagnés d’une simple mais éclatante salade de fenouil.
Même engouement pour l’agneau en deux services, magnifié par un jus d’anthologie et un sobre ramequin de pois chiches au paprika. Si le chef aime déployer sa technique, ses assiettes prennent toute leur ampleur avec ces petites touches de rusticité.
Les desserts, signés de la jeune pâtissière Tessa Ponzo (passée chez Marsan), tutoient les sommets : le monochrome blanc amande et lait, et surtout le médaillon autour de différents crus de vanille et du miso. Au final, une belle cuisine personnelle et séduisante escortée par une carte des vins ramassée et cohérente : brouilly de Georges Descombes (54 €), montlouis de Jacky Blot (63 €) ou loire Silex de Didier Dagueneau (375 €).