La campagne à Paris, voilà une expression que les agents immobiliers appliquent à n’importe quelle boîte à chaussures avec vue sur du lierre. Mais ici, elle prend vraiment tout son sens. Le Petit Bal perdu, posté en plein 5e, bénéficie – sans exagérer – d’un des plus beaux emplacements de restaurant de la ville : perché au-dessus des pavés, perdu au milieu des arbres avec une terrasse en or dominant la placette Lucien-Herr (où passent moins de voitures que dans le maquis corse), sonorisé par une fontaine et la cour de récré de l’école voisine… Un havre bucolique à deux pas de la rue Mouffetard !
Reprenant une adresse tenue par la famille Noyer depuis le siècle dernier, Jean-François Roux (qui a déjà Chez Janou dans le Marais) associé à Tiffany Mas l’a remplacée par un lumineux bistrot plus français qu’un camembert accordéoniste avec chaises Thonet, nom en écho à la chanson de Bourvil et collection d’affiches anciennes.
On y mange une honnête cuisine de brasserie d’inspiration sudiste, comme cette peu commune assiette de moules gratinées (qui baignent un peu dans l’huile, le gaspacho de petit pois avait l’air plus léger), suivie d’un bon demi-coquelet et ses pommes de terre sautées, escorté d’un beau jus à l’estragon.
A faire couler avec une ardoise de vins plus ou moins bio à tarifs tempérés : loire Les Athlètes du Vin ; rhône Petite Selve, alsace Laurent Vogt (entre 24 et 48 €). On se sucre le palais avec une fraîcheur d’ananas poché chapeauté de mascarpone avant de revenir dans la ville et dans la vie. Une adresse qui impressionne certes plus par son emplacement que par sa cuisine, mais vous en connaissez beaucoup des restos qui vous emmènent en pause méridienne dans un village de Provence ?