Depuis 1988, le soleil ne se couche pas porte des Lilas. On veut parler de l’astre délavé qui surplombe la devanture criarde du Relais Tropical, cabane créole campée sur le bitume depuis presque 40 piges. A la manœuvre, Victor Louis envoie là des petits plats de Guyane et de Guadeloupe faits maison avec une vue impériale sur les Maréchaux.
Au menu, des barquettes pour affamés qui (tropi)calent bien. L’autre jour, ce fut un satisfaisant colombo de poulet à la sauce épaisse, épicé à la demande et augmenté de riz blanc (7 € la « petite » barquette) qu’on dégomma sur un bout de comptoir à côté d'un employé de la RATP (ou un espion sous légende ?). En cas de faim ambulante, la maison sort le bokit (de survie), sandwich antillais au pain frit et garni de poulet fumé, bœuf fricassé ou thon façon créole. Et histoire d’en finir avec les calories pour la semaine, on peut craquer pour les accras – de morue, crevette ou aubergine selon les jours (4 € les six) – ou pour une barquette de plantain frite qui semble contenir toute la bananeraie (5 €). Vous ne saviez pas qu’on pouvait encore manger autant avec un billet rouge.
Pour pousser, pas de ti punch mais des canettes comme cette ginger beer industrielle (2 €). A l’heure où la street food s’embourgeoise comme Biarritz en été, ce genre de taule irréductible fait du bien et prouve qu’on peut encore bien grailler pour pas cher et sans façon dans l’espace public. Mieux que la cuisine de rue : la cuisine de boulevard ?