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Pour qui ? Les cols blancs du quartier, venus recharger les batteries dans cette cantine qui sort de l’ordinaire
Plat culte ? Le mougrabieh, sorte de ragoût de teta (grand-mère libanaise), régressif à mort
Quand d’autres pondent une adresse tous les deux ans, Alan Geaam aura attendu 21 piges après son gastronomique éponyme (une étoile au guide Michelin) pour doubler la mise. Résultat ? Un spot lumineux longuement pensé, tout en longueur et grandes baies vitrées, avec fresque graphique bleu Matisse et comptoir en Cèdre du Liban… Qasti (« mon histoire » en arabe) voyage entre le Liban, son pays d’origine, et la France, où cette toque autodidacte qui dormait sur les bancs a trouvé refuge il y a plus de deux décennies.
A l’ardoise ? Un menu pas donné à 37 € composé d’un mezzé, un plat et un assortiment de dessert. L’entrée se mastique et se slurpe : un bloc de halloumi (fromage fondu) nageant dans un velouté de potiron boosté à l’orange. S’ensuit un moughrabieh, sorte de ragoût de poulet (fermier) régressif à mort : une casserolette recouverte de pâte feuilletée, à crever au couteau. On y va à la cuillère pour récupérer la sauce, des petites billes de pâtes façon fregola sarde et les pois chiches… C’est généreux, plein de goût et divinement parfumé. Bien vu : le bouillon de volaille (extra) servi à part comme un couscous. Sans faute jusqu’au finish, un knafeh miel et fleur d’oranger.
Avec ça, on boit le chinon glouglou de Nicolas Grosbois (35 €), ou ce joli blanc Les Bretèches 2018 du Château Kefraya (6 € le verre), bien sec, filant droit avec sa finale saline. Big up aussi pour le menu dégustation à 45 € (un mezze, un plat, une farandole de desserts) dans la veine du kaiseki japonais – la vaisselle change à chaque plat : couleur, taille, forme, matériau… Bon à savoir : pas de taboulé ici, car Alan Geaam ne travaille qu’avec des produits de saison (et qu’en février, rappel, il n’y a pas de tomates !) ; le dimanche, brunch avec buffet à volonté (37 €).