Si vous mesurez deux mètres ou si vous avez de sérieux problèmes d’articulations, passez votre chemin. Car pour pénétrer chez Shu, il faut d’abord rentrer par cette ancienne porte de cave rustique qui donne sur la rue, se baisser et descendre les premières marches en même temps… Mais une fois entré dans cette caverne d’Ali Baba, le décor se transforme soudain en un savant mélange de chic contemporain, de vieilles poutres énormes tout à fait caractéristiques du centre de Paris et d’effets japonisants dont l’exemple le plus flagrant est la disposition en comptoir, autour desquels l’on s’assoit sur d’épais coussins assez bas.
L’établissement est spécialisé dans le kushi-agué – ou l’art des brochettes panées. Si chaque brochette est différente et servie avec beaucoup de soin et trois assaisonnements – citron, sel ou sauce tonkatsu (une sauce inspirée de la sauce anglaise Worcestershire, plus sucrée et plus épaisse disponible partout au Japon) –, elles sont malheureusement assez quelconques. Mais là où Shu est vraiment remarquable, c’est dans les petites entrées, souvent aussi raffinées que dans le plus pur kaïseki, tout en étant généralement très bonnes et originales. C’est pour cela qu’il faut, malgré le coût, privilégier le menu le plus cher, qui représente aussi le meilleur rapport qualité/prix : 58 euros pour un amuse-bouche, un assortiment de sashimi toujours délicieux et d’une fraicheur incroyable, trois plats de saison, neuf kushiagué et, au choix, un ochazuké (riz sur lequel on a versé du thé vert et des condiments) ou des nouilles inaniwa (nouilles udon fines) froides, servies avec leur bouillon de trempage.
Les entrées sont tellement bonnes que l’on est toujours un peu déçu lorsqu’arrivent les kushiagué… Bien que celles-ci soient livrées pimpantes, tout chaudes et directement sorties de la friture. Selon la saison : crevette, champignon shiitaké farci, poisson blanc recouvert d’un condiment avant d’être pané… Quant au dessert, il est toujours surprenant et d’une élégante simplicité. A la carte des vins, quelques très bons sakés qu’on ne voit pas souvent en France, notamment le Denshu que nous avons beaucoup aimé ! Le service est impeccable et 100 % japonais. Jusqu’en 2012, Shu n’était ouvert que le soir, mais depuis peu le restaurant propose des bentos le midi, certains jours de la semaine.
Trois menus : Kazé (le vent), 38 euros : amuse-gueule, 15 kushiagué, ochazuké ou nouilles, dessert ; Suzu (la clochette), 48 euros : amuse-gueule, sashimi de saison, 15 kushiagué, intermède, ochazuké ou nouilles, dessert ; Kyôu (l’écho), 56 euros : amuse-gueule, sashimi de saison, 3 plats de saison, 9 kushiagué, ochazuké ou nouilles, dessert.