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C’est à l’angle de la rue de la Fontaine-au-Roi, à un jet de pierre du pizzaïolo Sonny’s (à qui il commande ses pâtes à man’ouché dominicales), que Kamal Mouzawak, restaurateur-star ayant ouvert de nombreuses tables et maisons d’hôtes au Liban, vient d’ouvrir sa cantine déjà bookée au kilomètre. Et pour cause : cela faisait belle lurette que l’on attendait avec espoir la manifestation divine d’une adresse libanaise digne de ce nom à Paris, au-delà des snacks de Beaubourg et du hold-up de Liza et compagnie.
Dans une salle en duplex où se déploient sols et murs en béton armé – une partie épicerie et un étage arty aux luminaires vintage –, on se régale midi et soir d’un roboratif buffet où se déploie la crème de la gastronomie libanaise, concoctée en cuisine par une joyeuse bande d’exilés qui ne manquent pas d’enthousiasme. Première tournée d’entrées au rythme de soupe aux légumes du jour, taboulé craquant sous la dent, loubieh bi’zeit (haricots à l’huile), houmous et autres chaussons aux épinards. S’ensuit une mujadara safra, cette sacrée purée de lentilles corail injustement considérée comme un plat de prolo, puis une on ne peut plus émouvante kebbeh arnabiyyeh à la sauce tahiné et riz aux vermicelles. En desserts insolents ? On se laisse bassement séduire par une knafeh ultra-fondante aux cheveux d’ange qui nous a rappelé un road trip en Syrie – le risque en moins, la délicatesse en plus.
Pour faire passer le tout, une sélection ultra-propre de vins 100% libanouches, une bière locale et un superbe arak artisanal – que l’on pourra aussi emporter chez soi, comme toute une myriade de produits proche-orientaux souvent introuvables dans nos contrées, sagement alignés sur les étagères du coin épicerie.