Quelque part entre le faubourg Saint-Antoine et la gare de Lyon, le marché d'Aligre, l'un des plus anciens de Paris, respire encore l'atmosphère joyeuse des marchés populaires. Un temps appelée « le second ventre de Paris », en concurrence aux Halles, la place fut pourtant le théâtre sanglant des barricades de 1789, puis de celles non moins violentes de la Commune de Paris. « Chaque pierre a sa légende dans cet estuaire de la révolution » écrit Prosper-Olivier Lissagaray dans 'L’Histoire de la Commune de 1871'.
Dès ses débuts, la friperie et la brocante s’implanteront au côté des autres forains et corps de métier. Devenu marché populaire et bienveillant au fil des siècles, il continue d'en perpétuer les valeurs. On peut y faire ses courses dans une ambiance pittoresque et à moindre coût. Le matin, la place et la rue d’Aligre s’animent au fur et à mesure que les marchands s’étalent. Sur le trottoir, auprès des fleuristes, chantant à qui mieux mieux leurs bonnes affaires, primeurs et maraîchers, bio pour certains, occupent le haut du pavé. Il y a ici de quoi remplir un panier digne de ce nom : au kilo, les légumes de saison oscillent entre 50 centimes et 2,50 euros, les fruits entre 1 et 3. Dans la halle Beauveau adjacente, poissonniers, bouchers et épiciers restent ouverts toute la journée mais affichent des tarifs un peu plus élevés. Le terre-plein central, lui, reste l’emplacement traditionnel des brocanteurs. Bibelots, peintures, artisanat, livres et divers outils anciens se mélangent aux fripes, aux sculptures et masques africains et amérindiens. Les commerces et bars de bons vivants attenants, comme le Grill Bar, participent de concert à l'ambiance détendue du quartier.